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Solon

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Solon
Fonction
Archonte éponyme
- av. J.-C.
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
Σόλων ο ΑθηναίοςVoir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Période d'activité
VIIe siècle av. J.-C.-VIe siècle av. J.-C.Voir et modifier les données sur Wikidata av. J.-C.
Parentèle
Pisistrate (cousin au deuxième degré)Voir et modifier les données sur Wikidata

Solon (en grec ancien Σόλων), né à Athènes vers 640 av. J.-C. et mort sur l'île de Chypre vers 558 av. J.-C., est un homme d'État, législateur et poète athénien.

Souvent considéré comme ayant instauré les prémices de la démocratie à Athènes en créant les conditions qui allaient permettre son émergence, il a tout d'abord été représentant de l'aristocratie. Il fait partie des Sept Sages de la Grèce. Solon a joué un rôle politique important, étant à l'origine d'une série de réformes qui accrurent considérablement le rôle de la classe populaire dans la politique athénienne.

Solon naît à Athènes dans une famille eupatride. Il est d’abord négociant, commerçant, ce qui l'amène à beaucoup voyager. Sa fortune et son savoir le placent au rang des premiers citoyens de la ville. En son absence, la cité voisine de Mégare reprend Salamine aux Athéniens. À Athènes, on vote un décret qui interdit, sous peine de mort, que l’on en reparle[1].

Dans le milieu des années -590, il milite pourtant pour une nouvelle guerre contre Mégare, au cours de laquelle il conseille de s’emparer de l’île de Salamine. Le jeune Pisistrate le soutient, et ils obtiennent l'abrogation du décret, et le déclenchement de la guerre pour Salamine[1]. Solon est nommé chef de l'expédition, qui est un succès : Salamine est reprise[2]. C'était sur ses conseils que la guerre avait été gagnée et il devint très populaire, si l'on en juge par les événements ultérieurs. Signalons que l’historien Déimaque de Platées dément la participation de Solon à cette expédition tandis que Diogène Laërce l'affirme.

Pour les historiens grecs postérieurs, ses poèmes étaient la principale source d'informations sur la crise économique et sociale à laquelle il tenta de remédier. Alors que l’écart entre les riches aristocrates et la classe populaire se creusait, Athènes sombrait dans une crise sociale. En effet, la ville était dominée par les « eupatrides » ou communément appelés les aristocrates qui détenaient alors les meilleures terres et contrôlaient le gouvernement. Les plus pauvres quant à eux, tombaient facilement dans l’endettement voire dans l’esclavage faute de moyens. Toutes les classes sociales se tournèrent alors vers Solon pour remédier à la situation qui pouvait déboucher sur la tyrannie. Il est élu archonte pour -594/-593 et l'on attend de lui qu'il remédie aux conflits dans la cité d'Athènes[3]. L’esclavage pour dettes réduisait fortement le nombre d’hommes libres, et alimentait les conflits.

Ainsi, avec le seisachtheia, il abolit l'esclavage pour dettes[4], et affranchit ceux qui étaient tombés en servitude pour cette raison[5]. Il fit une réduction de dettes privées et publiques[6], et affranchit de redevances les terres des hectémores [7]. Cependant, il ne fit pas de réforme agraire[8], autrement dit, il ne redistribua pas la propriété des terres, bien que les pauvres l'aient attendue[9].

Concernant les réformes politiques, il mit en place le tribunal du peuple, l'Héliée[10]. Tous les citoyens eurent accès aux jurys[11],[N 1], ce qui est à noter. Les jurys étaient constitués par tirage au sort[12]. Les sources ne disent pas si l'on tirait au sort parmi les volontaires, mais on peut le supposer. Le tribunal est principalement une cour d'appel[13]. Aristote considère qu'il était déjà le lieu du contrôle des magistrats par le peuple[14]. Solon fit une autre réforme d'importance : il étendit le droit de défense et d'accusation[15] à n'importe quel citoyen. Solon a aussi écrit un nouveau code de lois, qui concernent ce que les catégories modernes nomment droit privé, droit criminel et procédure légale[16]. Les lois de Dracon sont abandonnées, à l'exception de celle sur le meurtre[17]. Les lois de Solon ont été gravées sur des kybris (?), qui auraient été placés au Portique royal[18].

Ce qu'on appelle généralement les « classes soloniennes » existaient avant Solon[19] : selon M. Hansen, Solon aurait peut-être ajouté les pentacosiomédimnes aux thètes, zeugites, cavaliers, la classe de cens la plus élevée[20]. Mais ces classes sont maintenant définies par un critère de richesse[21] :

  • les Pentacosiomédimnes[22] sont ceux qui peuvent tirer de leur richesse plus de 500 (πεντακόσια / pentakósia) mesures (μέτρα / métra) de produits secs ou liquides (blé, vin ou olive) par an[23] ;
  • les hippeis, ou cavaliers, sont ceux qui pouvaient tirer de leur richesse plus de 300 mesures par an. Aristote discute du nom de cette classe : pour être membre de cette classe, il aurait peut-être fallu être en mesure d'élever des chevaux. Il estime cependant qu'à l'instar des autres classes, le critère devait bien être un critère de richesse[24] ;
  • les Zeugites[25] sont ceux qui pouvaient tirer de leur richesse plus de 200 mesures par an ; les zeugites forment une sorte de classe moyenne chez qui l'on recrutait les hoplites ;
  • les thètes sont ceux qui ne pouvaient pas tirer de leur richesse plus de 200 mesures par an ; leur nom signifiait un employé sans propriété, ou un journalier.

Le critère pour être éligible est maintenant fondé sur la fortune produite (et non pas directement sur le capital), et non plus sur la naissance[19]. Seules les trois premières classes, autrement dit les plus riches, peuvent accéder aux magistratures[26]. Par contre, toutes les classes ont accès à l'assemblée du peuple et au tribunal[27]. L'élection des magistrats ayant probablement lieu à l'Assemblée du Peuple[28], on peut considérer que, à partir de Solon, le suffrage était diffusé parmi les citoyens, ce qui est un point important pour comprendre la genèse de la démocratie à Athènes. La procédure d'accès à l'archontat semble combiner élection préalable, puis tirage au sort[29]. Mais pour l'ensemble des magistratures, c'est bien l'élection qui semble avoir la prépondérance[30].

Par ailleurs, Solon aurait institué le conseil des 400[31]. Son existence est controversée : voir ce qu'en dit M. Hansen[20]. E. Will pour sa part ne croit pas à l'existence de ce conseil[32]. Dans l’Athenaion politeia, rédigé entre 335 et 322[33], Aristote ne fait que le mentionner, ne disant rien de sa procédure de formation ni de ses attributions. En outre, l’Athenaion Politeia cite au 31.1, un texte décrivant le régime oligarchique des « Quatre Cents », en -411. Les oligarques ont pu être tentés, pour légitimer leurs réformes, d'inventer un passé : ils réalisaient ainsi le retour à la « constitution des anciens ». Il faut attendre Plutarque pour avoir des renseignements sur ses attributions[34]. Ce conseil aurait eu des fonctions probouleumatiques, autrement dit, il aurait été chargé d'introduire les débats à l'assemblée du peuple, tout comme le conseil des Cinq Cents (la Boulè) institué par les réformes de Clisthène en 508 av. J.-C.

Concernant l'Aréopage, Plutarque attribue sa création à Solon[35], tout en nuançant lui-même son propos. Quant à Aristote, il pense que l'Aréopage existait avant Solon[36].

Voici deux jugements d'Aristote sur les réformes de Solon :

« Solon, semble-t-il, tout en se gardant d'abolir les institutions qui existaient auparavant, telles que le Conseil [de l'Aréopage] et l'élection des magistrats, a réellement fondé la démocratie en composant les tribunaux de juges pris parmi tous les citoyens. Aussi lui adresse-t-on parfois de vives critiques, comme ayant détruit l'élément non démocratique du gouvernement, en attribuant l'autorité suprême aux tribunaux dont les membres sont tirés au sort »

— Aristote, Politique, 1274 a.

et plus loin,

« Solon lui-même n'a vraisemblablement attribué au peuple que le pouvoir strictement nécessaire, celui d'élire les magistrats et de vérifier leur gestion (car si le peuple ne possède même pas sur ce point un contrôle absolu, il ne peut être qu'esclave et ennemi de la chose publique) »

— Aristote, Politique, 1274 a 15.

Il modifie aussi le calendrier[37] et le système des poids et mesures[38].

Selon Phanias, auteur d'un traité sur la tyrannie, cité par Plutarque dans sa Vie de Solon[39], Solon meurt moins de deux ans après l'usurpation de la tyrannie par Pisistrate.

Après avoir fait ces réformes, Solon quitte Athènes. Selon les écrivains grecs postérieurs, il voyage dix ans à Chypre, où il vit à la cour du roi de l'endroit, Philocyre, en Égypte chez Amasis, en Lydie chez Crésus[40].

Âgé de plus de quatre-vingts ans, il revint à Athènes vers 560. À la suite de ce retour, il s'opposa à Pisistrate, qu’Aristote décrit comme « très favorable au peuple »[41], lors de sa prise de pouvoir[42]. Lorsque Pisistrate instaura une tyrannie à Athènes, Solon aurait quitté à nouveau sa cité, parcouru la Méditerranée et l'Asie. Il revint lors de la deuxième tyrannie de Pisistrate, retrouva son exil chez Philocyre et mourut peu après son retour[43].

Postérité

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Solon était un législateur vénéré, présenté dans Xénophon, Platon et Aristote. Platon parle de lui ou le cite dans le Lysis[44], Le Banquet[45], le Critias[46], l’Hippias majeur[47], le Charmide[48], le Livre VII de la République[49], le livre IX des Lois[50], le Timée[51], le Phèdre[52], Protagoras[53] et le Lachès[54].

Solon dans l'Art

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Notes et références

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  1. D'après Plutarque, Vie de Solon, XVIII : « En second lieu, Solon voulut laisser toutes les magistratures, comme auparavant, entre les mains des riches, mais faire participer le peuple au reste de la vie politique, dont il était exclu. […] Solon ne leur donna pas le droit d’exercer la moindre magistrature ; ils ne participaient à la vie politique qu’en tant que membres de l’assemblée et des tribunaux. Ce droit sembla d’abord n’être rien, mais s’avéra très important par la suite, car la plupart des différends finissaient par être portés devant les tribunaux. […] On dit d’ailleurs que s’il avait rédigé ses lois d’une manière assez obscure et avec bien des contradictions, c’était pour renforcer le pouvoir des tribunaux. Comme on ne pouvait trancher les différends en s’appuyant sur les lois, il en résultait qu’on avait toujours besoin des juges ; on portait devant eux tous les litiges, et ils étaient, d’une certaine manière, les maîtres des lois. »

Références

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Ar : Aristote - Ath. : Athenaion Politeia / Constitution des Athéniens - Plut. : Plutarque - Pol : Politique

  1. a et b Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] Solon IX.
  2. Plut. Solon X, XI ; D.L. Solon 46.
  3. Ar. Ath. 5.1
  4. Ar. Ath 6.1, 9.1
  5. Ar. Ath 6.1, 12.4.
  6. Ar. Ath 6.1, 10.1, 12.4.
  7. M.Hansen p. 54.
  8. Ar. Ath. 11.1, 12.3.
  9. Ar. Ath. 11.2.
  10. Ar. Ath.7.3, 9.1.
  11. Ar. Ath. 9.1, Ar. Politique 1274 a.
  12. Ar. Pol. 1273 b 40 : c'est ce que signifie Aristote quand il dit que les tribunaux étaient organisés démocratiquement ; mention plus explicite en 1274 a.
  13. Ar. Ath. 9.1.
  14. Ar. Politique 1274 a 15.
  15. Ar. Ath. 9.1 ; Plut. Solon 204.
  16. Plut. Solon 205-209 ; M. Hansen p. 55.
  17. Ar. Ath. 6.1, 7.1, 9.2 ; Hansen p. 55.
  18. Ar. Ath. 7.1. Voir la note 2 p. 70, dans la traduction de M. Sève.
  19. a et b Ar. Ath. 7.3.
  20. a et b M. Hansen p. 55.
  21. Ar. Ath. 7.4-7.5 ; voir aussi M. Hansen pp. 67-70.
  22. Pentakosiomedimnoi
  23. M. Hansen p. 67.
  24. Ar. Ath. 7.4 - 7.5.
  25. zeugitai
  26. Ar. Ath. 7.3, 7.4 ; Ar. Pol. 1274 a 15.
  27. Ar. Ath. 7.3, 9.1 pour le tribunal ; Ar. Pol. 1274 a.
  28. M. Hansen p. 54.
  29. Ar. Ath. 8.1.
  30. Ar. Pol. 1273 b 40.
  31. Ar. Ath. 8.4, Plut. Solon, XXIV.
  32. E. Will Le monde grec et l'Orient, le Ve siècle, p. 66-67.
  33. M. Sève, dans son introduction à Aristote, Constitution d'Athènes, p. 15.
  34. Plut. Solon XXIV.
  35. Plut. Solon 204.
  36. Ar. Pol. 1274 a.
  37. Plut. Solon XXXV.
  38. Ar. Ath. 10, 1-2.
  39. Plutarque, Vies parallèles [détail des éditions] [lire en ligne] Solon XXXII.
  40. Plut. Solon XXXVI-XXXVIII.
  41. Ar. Ath. 13, 4.
  42. Ar. Ath. 14, 2-3.
  43. Plut. Solon XXXIX-XLIII.
  44. 212e
  45. 209d
  46. 108d et passim ; 113a et passim
  47. 285b ; 278c
  48. 155a, 158a
  49. 536d
  50. 858e
  51. 20e et passim
  52. 258b
  53. 343a
  54. 188b
  55. https://www.gallerieaccademia.it/solone

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Articles connexes

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Bibliographie

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  • Werner Jaeger (trad. André et Simonne Devyver), Paideia : La formation de l'homme grec, Éditions Gallimard, , 586 p. (ISBN 978-2-07-071231-1), p. 173 à 187 : « Solon, créateur de la culture politique athénienne »
  • Jacques Dufresne, La démocratie athénienne, miroir de la nôtre., La bibliothèque de l'Agora, 1994 (ISBN 2980078921).
  • Yvon Garlan, Les Esclaves en Grèce ancienne, La Découverte, coll. « Textes à l'appui », 1989 (ISBN 2-7071-2475-3).
  • Louis Gernet, « La loi de Solon sur le testament », Droit et société en Grèce ancienne, Publications de l'Institut de Droit romain de l'Université de Paris, 13, 1964 (2e édition).
  • Moses Finley :
    • « La servitude pour dette », Revue historique de droit français et étranger, série 4, XLIII (1965), p. 159–184 ;
    • « La terre, les dettes et le propriétaire foncier dans l'Athènes classique », Économie et société en Grèce ancienne, Seuil, coll. « Points », 1997 (ISBN 2-02-014644-4).
  • Mogens Herman Hansen (trad. de l'anglais par Serge Bardet avec le concours de Ph. Gauthier), La Démocratie athénienne à l'époque de Démosthène : structure, principes et idéologie [« The Athenian democracy in the age of Demosthenes : structures, principles and ideology »] (1re éd. 1993) [détail des éditions] (présentation en ligne)
  • Claude Mossé, « Comment s'élabore un mythe politique : Solon, “Père fondateur de la démocratie athénienne” », Annales, 54 (1979), p. 425–437.
  • Claude Orieux, Pauline Schimitt Pantel, Histoire grecque, Puf, 2005.
  • Pauline Schmitt-Pantel, La Cité au banquet : histoire des repas publics dans les cités grecques, École française de Rome, 2000.
  • Pierre Vidal-Naquet :
    • « Athènes et l'Atlantide », Le Chasseur noir. Formes de pensées et formes de société dans le monde grec, La Découverte, 2005 (ISBN 2-7071-4500-9),
    • L'Atlantide : Petite histoire d'un mythe platonicien, Belles Lettres, 2005 (ISBN 225138071X).
  • Édouard Will, Le monde grec et l'Orient. Le Ve siècle, P.U.F, 1972.
  • Frammenti dell'opera poetica. Testo greco a fronte, BUR, 2001

Liens externes

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