échapper
Étymologie
modifier- (Date à préciser) Du bas latin *excappare → voir escapar en catalan, espagnol, portugais, scappare en italien, scăpa en roumain, êchappar en francoprovençal, eschaper (« cacher ») lui-même issu de cappa (« sorte de coiffure, chape ») avec le préfixe ex- (« hors de »).
Verbe
modifieréchapper \e.ʃa.pe\ intransitif ou pronominal 1er groupe (voir la conjugaison)
- Se sauver des mains de quelqu’un, d’une prison, de quelque péril, etc.
La partie basse de New York ne fut bientôt plus qu’une fournaise d’où nul n’avait chance d’échapper.
— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 243 de l’édition de 1921)En pleine mer, des bâtiments sombrèrent, ou, désemparés par la tempête, n’échappèrent au naufrage que par des efforts inouïs.
— (Frédéric {Zurcher et Élie-Philippe Margollé, Les Naufrages célèbres, chap. 19, Hachette, Paris, 1873, 3e édition, 1877, page 185)
- Ne pas saisir ; laisser sortir.
Votre observation m’avait d’abord échappé.
- La patience lui échappe : Il commence à perdre patience, il a témoigné de l’impatience ; il s’emporte, il s’est emporté, après s’être longtemps contenu.
- (Absolument) Se dérobe à la discussion.
Il est fuyant, il échappe.
- Cesser, par la force ou par la fuite, par un mouvement violent ou adroit, d’être où l’on était, où l’on était retenu.
Échapper des mains des ennemis.
Échapper du naufrage, du feu.
- Échapper de la mémoire : Se dit des choses dont on perd le souvenir, que l’on oublie.
Cela m’avait, m’était échappé de la mémoire.
- Se soustraire ou se dérober par la fuite à ; être préservé de.
S'échapper à toutes jambes
— (Dictionnaire de l'Académie française, Firmin Didot, 1843)Pendant ce temps, dans la cité géante, le mouvement insurrectionnel échappait à tout contrôle.
— (H. G. Wells, La Guerre dans les airs, 1908, traduction d’Henry-D. Davray et B. Kozakiewicz, Mercure de France, Paris, 1910, page 233 de l’édition de 1921)S’ils se sont répandus, nombreux, à travers d’autres pays, c’est soit pour fuir des catastrophes (guerres, révolutions, massacres,) soit pour échapper aux inconvénients de la surpopulation.
— (Léon Berman, Histoire des Juifs de France des origines à nos jours, 1937)
- (En particulier) N’être pas saisi, aperçu, découvert, ou seulement remarqué. — Note : Il se dit tant au sens physique qu’au sens moral, et se conjugue alors avec l’auxiliaire avoir.
Nous avons enfin à examiner des valeurs qui échappent à la classification de Nietzsche et qui ont trait aux rapports civils.
— (Georges Sorel, Réflexions sur la violence, chapitre VII, La Morale des producteurs, 1908, page 342)Tout au sommet de la dune, une vigie recouvre, très au loin, le pays ; rien ne peut lui échapper.
— (Louis Frèrejean, Mauritanie, 1903-1911 : mémoires de randonnées et de guerre au pays des Beidanes, Karthala, 1995, page 210)La cause de ce phénomène échappe à toutes les recherches.
Le véritable sens avait échappé à tous les traducteurs.
- Ne pas saisir ; laisser sortir.
- Laisser échapper un cri, un soupir : Pousser involontairement un cri, un soupir.
Et, laissant échapper le rideau, il s’approcha du lit. Flossie continuait de ronfler, la bouche ouverte.
— (Francis Carco, Brumes, Éditions Albin Michel, Paris, 1935, page 57)[…] mais lorsque la petite pièce décoincée avait échappé à sa main tremblotante, en manque d'alcool, il s'était répandu dans un flot d’insultes schleues que seul Jean-Marie, l’ouvrier alsacien, avait compris.
— (Julie Cuvillier-Courtot, « Portraits de famille », dans La femme cardinale, Ciboure : Éditions La Cheminante, 2015)
- (En particulier) Se faire par imprudence, par indiscrétion, par mégarde, par négligence, etc.
Un cri, un soupir lui échappa.
À peine cette parole me fut-elle échappée, que je sentis mon imprudence.
Son secret lui échappa.
Il est impossible qu’une pareille bévue lui soit échappée.
Quelques fautes, quelques négligences vous sont échappées par-ci par-là.
- (Vieilli) Éviter.
- Échapper la potence. : On dit plutôt désormais échapper à la potence.
Il ne l’échappera pas.
Ouf ! fit le Persan… nous l’avons échappé belle… Cette ombre me connaît et m’a déjà ramené deux fois dans le bureau directorial.
— (Gaston Leroux, Le Fantôme de l’Opéra, chapitre XXI, 1910)
- (Sens figuré) Se dit encore des choses dont on est frustré, ou que l’on ne saurait conserver, fixer, qui se perdent, s’évanouissent, se dissipent, s'oublient.
Cet emploi, cet héritage lui échappe au moment où il croyait le tenir.
Laisser échapper une place.
Laisser échapper l’occasion, une bonne occasion.
Cet avantage pourrait bien lui échapper.
Son autorité lui échappe.
La vie, le temps nous échappe.
Ce dernier espoir allait aussi lui échapper.
Je ne sais plus comment elle s'appelle, son nom m'échappe.
- (Centre et ouest de la France, Canada) Lâcher maladroitement, laisser échapper.
Bientôt ils se remirent à courir de côté et d’autre en grognant, et j’eus bien de la peine à ne pas les échapper.
— (Émile Guillaumin, La Vie d’un simple, 1904, page 31)
- (Informatique) Faire perdre la propriété de caractère syntaxique spécial par rapport à une chaîne de caractères, c’est-à-dire transformer en caractère commun en préfixant par un caractère d’échappement (habituellement la barre oblique inverse, convention venant d’UNIX).
Pour pallier ce problème, il faut échapper les apostrophes se trouvant au cœur de la chaîne.
— (Apprenez à programmer en Python, « Le monde merveilleux des variables », OpenClassrooms)
- (Pronominal) Prendre la fuite ; se sauver ; s’évader.
- Recule vite, cherche le dur, le sec, ou tu es perdu. Tu croiras t’échapper en avançant […] Tu t’enfonce davantage […] — (Jean Rogissart, Passantes d’Octobre, Librairie Arthème Fayard, Paris, 1958)
D’un coup de rasoir, je lui coupai la tête, et le tronc, d’où un flot de sang s’échappait, gigota quelques secondes sur le parquet.
— (Octave Mirbeau, Lettres de ma chaumière : La Tête coupée, A. Laurent, 1886)S’échapper de prison, des mains de quelqu’un.
S’échapper de cet endroit à toutes jambes.
L’oiseau que j’avais pris s’est échappé.
L’animal rompit son lien et s’échappa.
Il vit s’échapper le dernier espoir qui lui restait.
Toutes ses illusions se sont échappées l’une après l’autre.
- (Par extension) En parlant d’une chose, sortir d’un lieu, d’un endroit, d’une autre chose où elle était retenue, enfermée ou contenue.
Et, au moment où je sors, j’entends un refrain d’opérette s’échapper de la bouche en cœur de M. Caterna.
— (Jules Verne, Claudius Bombarnac, chapitre VI, J. Hetzel et Cie, Paris, 1892)Parfois les rênes s'échappent de nos doigts engourdis, et nos montures aveuglées, tournant le dos à la tempête, refusent d'avancer.
— (Frédéric Weisgerber, Trois mois de campagne au Maroc : étude géographique de la région parcourue, Paris : Ernest Leroux, 1904, page 36)Jetés sur une chaise, un pare-poussière, un faisceau de cannes et de parapluies, révèlent un retour de voyage, ainsi qu'un appareil photographique muni de sa gaine, un carton à chapeau renversé, d'où s’échappe un casque colonial.
— (Paul Hyacinthe Loyson , Les âmes ennemies : drame en quatre actes, acte 1, représenté pour la première fois au Théâtre-Antoine le 15 mai 1907, Paris : Éditions de la Revue bleue, 1907, p. 7)Une petite pluie froide faisait furtivement briller la couverture d’un appentis et tinter sur le zinc, à de rares intervalles, de pesantes gouttes d’eau qui s’échappaient d’une chanlatte percée.
— (Francis Carco, L’Homme de minuit, Éditions Albin Michel, Paris, 1938)
- (Pronominal) (Sport) (Familier) Distancer les autres compétiteurs dans une course sportive.
Un groupe de baroudeurs, sans tricolore, s’est échappé par l'avant. Mais le peloton des meilleurs a décidé de chasser les courageux. Sans pitié.
— (Jean Emmanuel Ducoin, Go Lance, Librairie A. Fayard, 2013, chap. 65)
- S’emporter inconsidérément à dire ou à faire quelque chose contre la raison ou la bienséance.
Il est sujet à s’échapper.
Il s’échappe souvent.
Il s’est échappé jusqu’à injurier ce vieillard.
Dérivés
modifierApparentés étymologiques
modifierTraductions
modifierSe sauver, fuir (1)
- Afrikaans : ontkom aan (af), ontsnap (af)
- Allemand : entkommen (de), entrinnen (de), entwischen (de), entfliehen (de), fliehen (de), entgehen (de), ausweichen (de)
- Anglais : escape (en), flee (en)
- Catalan : defugir (ca), eludir (ca), evadir (ca), escapar (ca)
- Danois : undfly (da), undkomme (da), undslippe (da), flygte (da)
- Espagnol : escapar (es), huir (es)
- Espéranto : eskapi (eo)
- Féroïen : sleppa (fo)
- Finnois : karata (fi)
- Flamand occidental : sjapairn (*)
- Grec ancien : ἐκφεύγω (*) ékpheugô
- Ido : eskapar (io)
- Indonésien : luput (id)
- Kotava : bubé (*)
- Maya yucatèque : luk’ul (*), puuts’ul (*)
- Néerlandais : ontgaan (nl), ontkomen (nl), ontsnappen (nl)
- Papiamento : hui (*)
- Plautdietsch : utkjniepen (*)
- Portugais : escapar (pt), fugir (pt), evadir-se (pt)
- Roumain : evada (ro), fugi (ro)
- Same du Nord : beassat (*)
- Shimaoré : utralia (*)
- Suédois : rymma (sv), undkomma (sv)
- Tchèque : uniknout (cs), uprchnout (cs)
- Tourangeau : écachair (*), escachair (*)
- Ukrainien : втікати (uk) vtikatu
- Wallon : skivter (wa), skivter evoye (wa), såperter (wa)
Prononciation
modifier- \e.ʃa.pe\
- France (Paris) : écouter « échapper [e.ʃa.pe] »
- France (Muntzenheim) : écouter « échapper [e.ʃa.pe] »
- France (Lyon) : écouter « échapper [e.ʃa.pe] »
- Mulhouse (France) : écouter « échapper [Prononciation ?] »
- Vosges (France) : écouter « échapper [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « échapper [Prononciation ?] »
Anagrammes
modifier→ Modifier la liste d’anagrammes
Références
modifier- « échapper », dans TLFi, Le Trésor de la langue française informatisé, 1971–1994 → consulter cet ouvrage
- Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (échapper)
- « échapper », dans Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, 1872–1877 → consulter cet ouvrage
- échapper sur lerobert.com, Éditions Le Robert. Consulté le 30 juillet 2021.
- « échapper », Larousse.fr, Éditions Larousse
- Hélène Cajolet-Laganière, Pierre Martel et Chantal‑Édith Masson, Louis Mercier, Dictionnaire Usito, Université de Sherbrooke ©, 2019 → consulter cet ouvrage
- Mathieu Avanzi, Alain Rey, Aurore Vicenti, Comme on dit chez nous : Le grand livre du français de nos régions, Le Robert, Paris, octobre 2020, 1re édition, broché, 239 pages, ISBN 978-2-32101-477-5 (OCLC 1233265567), page 207