Mallaha
Mallaha (ou Eynan) est un site archéologique de la période épipaléolithique (Natoufien) peuplé aux environs de 12000-10000 av. J.-C., localisé actuellement dans le nord d'Israël, à 25 kilomètres de la mer de Galilée.
Fouilles
modifierIl a fait l'objet de fouilles dans les années 1955-1975 sous la direction de l'archéologue français Jean Perrot, puis jusqu'en 1981 et après de 1996 à 2005 sous celle de François Valla[1]. Depuis 2022[2], le site est fouillé par Fanny Bocquentin et Lior Weissbrod.
Découvertes archéologiques
modifierLe site de Mallaha est caractéristique de la période natoufienne (c. 12000-10000 av. J.-C.), qui voit la transition entre la fin du paléolithique et le début du néolithique (les Natoufiens, ne pratiquant pas encore l'agriculture, vivent de chasse, de pêche et de cueillette), en particulier le début de la sédentarisation : les trois niveaux dégagés comprennent ainsi des constructions circulaires et semi-circulaires à demi-enterrées, qui font partie des plus anciens bâtiments permanents connus. Elles sont construites en terre avec un parement en pierre et avaient sans doute une toiture en peaux d'animaux ou en petit bois soutenue par des poteaux dont il reste des traces. Leur fonction n'est pas toujours claire et elles n'étaient probablement pas toutes destinées à être des espaces résidentiels. Elles disposaient souvent d'un foyer central (un foyer au milieu de la maison).
De nombreuses sépultures ont été dégagées, dont une qui a la particularité de présenter un chien inhumé auprès d'une femme[3], ce qui est tenu pour être une des plus anciennes traces de la domestication de cet animal.
Les habitants de Mallaha vivaient de la chasse (gazelle, cervidés, sanglier, bouquetin, etc.), de la pêche et de la cueillette (amandes, noix, céréales sauvages), les ressources locales semblant suffire à leur subsistance pour un établissement permanent. Ils disposaient d'un matériel microlithique caractéristique de la période, et de divers autres objets et du matériel plus lourd servant pour le broyage (meules, pilons, mortiers).
C'est à Eynan-Mallaha qu'ont été découverts les premiers instruments sonores connus dans toute la Préhistoire du Proche Orient[4]. Les instruments découverts sur les sols des maisons et dans leurs environs prennent la forme de sept flûtes en os de poules d’eau perforés. Pour les rapporter à des instruments que l’on connaît aujourd’hui, on pourrait qualifier les flûtes natoufiennes comme des flûtes à encoche (type quena des Andes). Les analyses expérimentales et acoustiques ont permis de mettre en évidence que ces instruments préhistoriques avaient été fabriqués il y a 12000 ans pour imiter le chant de rapaces (l’Épervier d'Europe et le Faucon crécerelle) et dont les objectifs pourraient être à la croisée de la communication, de l'attraction des proies et de la musique. Il existait sans doute une relation particulière entre les habitants de Eynan-Mallaha et ces rapaces étant donné que ces derniers étaient chassés spécifiquement pour utiliser leurs serres dans la parure.
Bibliographie
modifier- François Valla, L'homme et l'habitat : L’invention de la maison durant la Préhistoire, CNRS Éditions, coll. « Le passé recomposé »,
- (en) François Valla, Hamudi Khalaily, Nicolas Samuelian, Fanny Bocquentin, Anne Bridault, et al., « Eynan (Ain Mallaha) », dans Yehouda Enzel et Ofer Bar-Yosef (dir.), Quaternary of the Levant. Environments, climate change, and humans, Cambridge, Cambridge University Press, (DOI 10.1017/9781316106754.034, lire en ligne), p. 295-302
- (en) Laurent Davin, José-Miguel Tejero, Tal Simmons, Dana Shaham, Aurélia Borvon, Olivier Tourny, Anne Bridault, Rivka Rabinovich, Marion Sindel, Hamudi Khalaily et François Valla, « Bone aerophones from Eynan-Mallaha (Israel) indicate imitation of raptor calls by the last hunter-gatherers in the Levant », Scientific Reports, , p. 8709 (DOI 10.1038/s41598-023-35700-9, lire en ligne)
Notes et références
modifier- Centre de recherche français à Jérusalem, « Mallaha », sur CRFJ.org, (consulté le )
- WEBadmiNcrfjorG, « Eynan Mallaha », sur CRFJ.org (consulté le )
- (en) Ruth Schuster, « Archaeology of Dogs: Were They First Domesticated in the Middle East? », Haaretz, (lire en ligne, consulté le )
- https://doi.org/10.1038/s41598-023-35700-9