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Marcel Barbu

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Marcel Barbu
Fonctions
Député français

(2 mois et 29 jours)
Élection 21 octobre 1945 (suppléant)
Législature Ire Constituante
Groupe politique URR
Prédécesseur Paul Deval
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Nanterre
Date de décès (à 77 ans)
Lieu de décès 7e arrondissement de Paris
Sépulture Sannois
Nationalité Française
Profession Ouvrier bijoutier
Monteur de boîtiers de montre
Entrepreneur
Religion Catholicisme

Marcel Barbu, né à Nanterre le et mort à Paris 7e le [1], est un entrepreneur et homme politique français. Il est député en 1946 puis candidat indépendant à l'élection présidentielle de 1965.

Origines et carrière

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Marcel Barbu, fils de François Barbu et d'Alphonsine Maugendre, naît en France, dans un bidonville de Nanterre, d'une famille éclatée, son père ayant quitté le domicile conjugal. Après la Première Guerre mondiale, alors qu'il est âgé de douze ans, il est, avec sa sœur, retiré à leur mère et recueilli dans l'orphelinat catholique d’Élancourt, dans les Yvelines[2].

En , à 14 ans, il entre au petit séminaire de Versailles[2]. Renvoyé du petit séminaire, il devient apprenti-bijoutier chez Person en région parisienne en 1923 et apprend vite le métier[2]. Il se marie avec la jeune polisseuse de 18 ans et demi rencontrée chez Person, Pierrette Françoise Vaillant (1910-2008), le à Arras (Pas-de-Calais)[3] et monte avant-guerre à Saint-Leu-la-Forêt (Val-d'Oise) une entreprise de bijouterie florissante qui lui permet de créer en 1936 à Besançon une usine de boîtiers de montres avec l'aide de Fred Lippman (Lip plus tard) qui met des machines à sa disposition[4].

Ces deux expériences, sa découverte de la religion et sa réussite personnelle par le travail, sont déterminantes pour lui.

Création d'une communauté de travail

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Après un bref passage par l'organisation des Compagnons de France créée en et dont il partageait alors l'idéologie proche du régime de Vichy[5], en , pendant l'Occupation allemande de la France, Marcel Barbu quitte ses ateliers du 43 avenue Georges-Clemenceau à Besançon et part à Valence en zone libre où il monte une communauté de travail du nom de « Boimondau » pour « BOItiers de MONtres du DAUphiné », rejoignant Fred Lip qui y avait déjà installé sa société SAPROLIP[6].

Ayant pris des responsabilités chez les Compagnons de France, il sera, à ce titre, rémunéré par ce mouvement jusqu'à fin [7]. Mystique, il rêve de créer à Valence la communauté de travail idéale avec le soutien des jeunes des Compagnons de France, qui lui proposent des candidats apprentis dont ils doivent assurer l'encadrement et l'hébergement dans le cadre d'un accord signé en , et celui du Comité d'organisation de l'industrie de la montre, séduit par ses expériences industrielles et qui adhère sans réserve à son projet d'atelier-école. Marcel Barbu gardera de solides amitiés de son passage aux Compagnons de France, notamment avec le chef Gustave Coureau[8].

La « Société Marcel Barbu : Boîtiers de Montres du Dauphiné » sera déclarée le et domiciliée rue Montplaisir à Valence, dans les locaux d'une ancienne vinaigrerie[8].

Dès le début, il est patent qu'il travaille dans une optique communautaire ; l'apprentissage technique y passe par un apprentissage humain : « la correction fraternelle est admise ». Les conflits sont discutés en assemblée générale hebdomadaire[2]. Il faut noter la gymnastique en commun, les promenades, les séjours dans la ferme commune, l'incorporation et la rémunération des femmes et des enfants, l'éducation des ouvriers par des cours de culture hebdomadaires[2]. Il abandonne ses droits de propriété à ses ouvriers[2] et décide que le patron de l'usine, tout comme les responsables à tous les échelons, sont élus chaque année sur leurs capacités[2].

Cette communauté veut se distinguer à la fois du capitalisme et du corporatisme : elle se forme à l'occasion du travail, mais prétend être un centre de vie totale et même avoir « la responsabilité du bonheur de tous ses membres », notamment parce que l'accession à tous les échelons est possible pour tous et qu'elle est contrôlée par tous.

Après le discours aux Français de Pierre Laval du et une discussion avec les compagnons de la Communauté, Marcel Barbu refuse de donner la liste des salariés de son entreprise. Par arrêté du préfet de la Drôme du , il est interpellé par la Gendarmerie le et conduit au centre d'internement à fort Barraux (Isère) puis transféré au camp de Saint-Sulpice-la-Pointe (Tarn) le . Il est libéré le . Il se replie dans le Vercors à Combovin où la communauté crée un maquis. Le , il est de nouveau arrêté par la Gestapo à Paris et déporté à Buchenwald[2].

Après-guerre, en 1945, lors de l'élection de l'Assemblée constituante, sa communauté soutient le candidat Paul Deval dont il est suppléant. Deval élu, mais rapidement démissionnaire, Marcel Barbu se retrouve député en et s'apparente au groupe de l'Union des républicains résistants. Il propose trois lois sur les communautés de travail, qui ne seront jamais adoptées. Son bilan à l'Assemblée est mitigé. Souvent chahuté par les autres députés, il se met à dos aussi bien les démocrates chrétiens du MRP que les communistes. Il ne se représente pas à la fin de son mandat, aux élections de juin 1946[9].

La communauté, sous l'influence de Marcel Mermoz, fils d'agriculteur pauvre jurassien et anarchiste, puis adhérent au parti communiste en 1929[10], évolue du christianisme social vers le socialisme. Marcel Barbu s'en éloigne alors progressivement car il ne partage plus les buts simplement matérialistes de la communauté.

En , il crée avec des mal-logés l’Association pour la construction et la gestion immobilière de Sannois (ACGIS), ville de la grande banlieue parisienne. A travers cette association il se battit pour offrir aux plus démunis l’accès à des logements pavillonnaires à bas prix en banlieue parisienne. C'est cette lutte qui l’amena inévitablement sur le terrain politique[11]. Son nouveau combat est ainsi le logement social. Il refuse la construction d'appartements HLM et souhaite que chacun puisse avoir son propre pavillon[2]. En 1965, cela sera un des leitmotivs de sa candidature à l'élection présidentielle, pour lequel il sera beaucoup moqué.

Candidature à l'élection présidentielle de 1965

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En 1965, Marcel Barbu est l'un des six candidats à la première élection du président de la République française au suffrage universel direct, ayant rassemblé au dernier moment les 100 signatures d'élus nécessaires pour se présenter[2],[12]. Candidat totalement méconnu et hors du système politique, il réussit à réunir un total de 117 parrainages en activant tous ses réseaux personnels issus notamment de ses actions avant guerre dans le mouvement communautaire[11].

C’est avant tout pour débloquer la situation de l’ACGIS que Marcel Barbu se présenta à cette élection : ainsi, combattu par les maires de plusieurs communes, il choisit d’user du scrutin présidentiel comme tribune pour exprimer sa colère et son indignation[11]. Rétif à l'autorité, il s'oppose souvent à l'administration centralisée[2] et à sa bureaucratie qui, selon lui, empêche l'initiative et la réalisation de l'individu. Son credo est le suivant : sans secours extérieur, une petite communauté, par son travail, sa solidarité et sa foi peut surmonter tous les obstacles.

Il milite pour la création d'un ministère des Droits de l'homme afin de protéger les citoyens en danger[2], la création d'une personnalité morale et juridique pour la famille, considérée comme la cellule de base de la société, l'instauration d'un référendum d'initiative populaire comme pratiqué en Suisse, propose une réforme communale faisant du maire le défenseur de ses administrés, ou un découpage du pays par unités de cinquante foyers dotées de « responsabilités et pouvoirs politiques »[2]. S’il est élu, il se donne deux ans pour appliquer son programme, à la suite de quoi il démissionnera[2].

Candidat sans parti, se disant persécuté par le ministère de l'Intérieur, celui que le général de Gaulle traitait d'« hurluberlu » et de « brave couillon » (propos rapportés par Alain Peyrefitte[2]), est raillé par une grande partie de la presse comme un populiste[13], ou comme le journal Combat, qui en fait un « paranoïaque » ou un « complotiste »[2] ; le journal Le Monde est plus neutre. Pendant la campagne, il manie l'humour (« Au début, on m’a dit : « Barbu, on ne vous connaît pas », maintenant on me dit : « On commence à vous connaître ! » »)[2] et l'émotion non dissimulée[2] (« Mon Général, je voudrais tant vous voir éviter le sort du maréchal Pétain » — suivi d'un sanglot). Il commence ses discours par « Français, Françaises, mes frères et mes copains »[14]. Il apparaît comme « ému par son propre discours ». Se disant « le candidat des chiens battus », un héritier des paysans révoltés sous la monarchie, il donne l'image d'une personnalité incomprise[15].

À l'issue du premier tour de scrutin, il obtient le plus petit nombre de voix, soit 279 685, représentant 1,15 % des suffrages exprimés et 0,97 % des inscrits[2]. En vue du second tour , il donne « sans enthousiasme » pour consigne de voter pour François Mitterrand, qui sera battu par de Gaulle[2].

Il postule une dernière fois comme candidat aux élections législatives, en 1967, dans le 7e arrondissement de Paris : il recueille 768 voix[2].

Vie privée et mort

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Marcel Barbu est le père de dix-sept enfants[2].

Il meurt le à Paris, à l'âge de 77 ans[2]. Il est inhumé dans l'ancien cimetière de Sannois dans le Val-d'Oise.

Une place de Sannois porte son nom en son hommage[2].

Notes et références

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  1. « matchID - Moteur de recherche des décès », sur deces.matchid.io (consulté le )
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w et x Pierre Carrey, « Présidentielle de 1965: Marcel Barbu, un «petit» candidat au poil », sur Libération (consulté le )
  3. Chaudry, voir supra, p. 27.
  4. Bulletin Économie et Humanisme no 13-14 de mai-juillet 1944, p. 291 à 333 ; cité par Michel Chaudy dans Faire des hommes libres. Boimondau et les communautés de travail à Valence 1941-1982, éd. REPAS, 2008, p. 27 (ISBN 2-9520180-5-7)
  5. Chaudy, Ibid., p. 29 et 30, paragraphe intitulé : « Marcel Barbu chez les Compagnons de France ».
  6. Chaudy, Ibid., pages 28 et 29.
  7. Chaudry, Ibid., p. 29.
  8. a et b Chaudy, Ibid., p. 30.
  9. Fiche Sycomore.
  10. Marcel Mermoz, L'autogestion c'est pas de la tarte, entretien avec Jean-Marie Domenach, éd. Seuil, 1978, 240 pages.
  11. a b et c Louis Bachaud, « Marcel Barbu, l’archétype du « petit candidat » ? », Histoire Politique. Revue du Centre d'histoire de Sciences Po, no 44,‎ (ISSN 1954-3670, DOI 10.4000/histoirepolitique.974, lire en ligne, consulté le )
  12. « Pourquoi les candidats citoyens ont échoué dans la course à l'Elysée », sur www.20minutes.fr, (consulté le )
  13. « M. Barbu est dangereux parce qu’il a derrière lui une foule de Français sans visages qu’on ne peut pas compter et qu’il ne connaît pas lui-même. », cité dans un article de Libération du 22 avril 2017.
  14. Gérard Courtois, Parties de campagne, Éditions Perrin, 2017.
  15. « Je ne suis finalement que ce Jacques Bonhomme, vous savez, ce Français moyen de l’histoire », cité dans un article de Libération du 22 avril 2017.

Bibliographie

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  • Louis Bachaud, « Marcel Barbu, l'archétype du « petit candidat » ? », Histoire@Politique, no 44,‎ (lire en ligne)
  • Michel Chaudy, Faire des Hommes libres, Boimondau et les communautés de travail à Valence, Éditions REPAS, 2008, 174 p, (ISBN 978-2-9520180-5-0)
  • Bernard Comte, « Marcel BARBU (1907-1984) », dans Geneviève Poujol, Madeleine Romer, Dictionnaire biographiques des militants : XIXe - XXe siècles : de l'éducation populaire à l'action culturelle, Paris, L'Harmattan, , 411 p. (ISBN 2-7384-4433-4), p. 28-29
  • R. du Teil, Communauté de travail, l'expérience révolutionnaire de Marcel Barbu, Paris, Presses universitaires de France, 1949.
  • Une thèse de Pierre Picut, La Communauté Boimondau, modèle d'éducation permanente : une décennie d'expérimentation 1941-1951, université Louis Lumière Lyon 2, 1991.
  • P. Picut, Une expérience autogestionnaire : la communauté de travail Boimondau à Valence, Roanne, CRESCAM, 1992.
  • Jean Vigreux, notice biographique « Marcel Barbu », Dictionnaire biographique, mouvement ouvrier, mouvement social, Paris, Les Editions de l’Atelier, tome 1 : A-Bek, 2006, p. 336-338.

Articles connexes

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Liens externes

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