[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Eanflæd

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Eanflæd
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Deira
Date de décès vers 704
Lieu de décès Whitby
Père Edwin
Mère Æthelburg
Conjoint Oswiu
Enfants Ecgfrith
Ælfwine
Osthryth
Ælfflæd
Religion christianisme

Eanflæd
Image illustrative de l’article Eanflæd
Sainte
Naissance 19 avril 626
Deira
Décès vers 704 
Whitby
Ordre religieux Ordre de Saint-Benoît
Vénérée par les catholiques
Fête 24 novembre

Eanflæd est une princesse et religieuse anglo-saxonne née le et morte vers 704.

Elle est la fille d'Edwin, roi du Deira, et d'Æthelburg, fille du roi du Kent Æthelberht. Bien que son père soit encore païen, il accepte qu'elle reçoive le baptême avant de se convertir lui-même au christianisme.

À la mort d'Edwin, en 633, Eanflæd est emmenée par sa mère dans le Kent. Elle rentre en Northumbrie en 642, lorsque le roi Oswiu de Bernicie demande sa main. Leur mariage permet l'union des lignées royales du Deira et de Bernicie. Elle joue un rôle politique important à la cour de son mari et apporte notamment son soutien à Wilfrid au début de sa carrière.

Devenue veuve en 670, Eanflæd se retire à l'abbaye de Whitby. Après la mort de l'abbesse Hilda, en 680, elle en assure la direction avec sa fille Ælfflæd. Elle est considérée comme sainte et fêtée le 24 novembre.

Naissance, baptême et exil

[modifier | modifier le code]

Eanflæd est l'une des rares personnes de la période anglo-saxonne de l'histoire de l'Angleterre dont le jour exact de naissance est connu. Dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais, le moine northumbrien Bède le Vénérable indique qu'elle est née la veille de Pâques en 626, c'est-à-dire le . Elle voit le jour dans une résidence royale située sur les berges de la Derwent que l'historien Nick Higham propose de situer à Sancton[1]. Son père Edwin est le souverain des deux royaumes du Deira et de Bernicie, dans le Nord de l'Angleterre. Sa mère est la princesse Æthelburg, fille d'Æthelberht, roi du Kent mort en 616. Elle est chrétienne, tandis qu'Edwin est païen.

Bède rapporte qu'Edwin est la cible d'une tentative d'assassinat le jour même de la naissance de sa fille. Encouragé par Paulin, un missionnaire de l'entourage d'Æthelburg, il accepte que sa fille soit baptisée et s'engage à embrasser lui-même la foi chrétienne s'il parvient à mener ses troupes à la victoire contre celui qui a voulu l'assassiner : Cwichelm, le roi des Ouest-Saxons. D'après Bède, Eanflæd est ainsi baptisée le , jour de la Pentecôte, avec onze autres membres de la famille royale[2]. Néanmoins, une tradition galloise préservée dans la Historia Brittonum attribue le mérite de la conversion des Northumbriens à un certain Rhun, fils d'Urien, et situe le baptême d'Eanflæd douze jours après la Pentecôte[3].

Ayant vaincu Cwichelm, Edwin se convertit au christianisme en 627[4]. Sa défaite et sa mort à la bataille de Hatfield Chase, en 633, entraînent un retour en force du paganisme en Northumbrie. Pour échapper à ces troubles religieux et politiques, Æthelburg retourne dans le Kent, où règne son frère Eadbald, avec l'évêque Paulin, sa fille Eanflæd, son fils Uscfrea et Yffi, un petit-fils d'Edwin par un précédent mariage. Craignant pour la survie des descendants mâles de son mari défunt, elle les envoie à la cour de Dagobert Ier en Francie, mais Eanflæd reste avec elle et grandit dans le Kent, à la cour de son oncle[5].

Reine de Northumbrie

[modifier | modifier le code]

En 642, le roi de Bernicie Oswiu, issu de la lignée northumbrienne rivale de celle d'Edwin, envoie un prêtre nommé Utta à la cour d'Eorcenberht, fils et successeur d'Eadbald comme roi du Kent, afin de lui demander la main de sa cousine Eanflæd[6]. La date de ce mariage n'est pas connue : « avant ou peu après 642 » pour Alan Thacker[3], 643 pour Philip Holdsworth[7]. Oswiu est déjà marié à une princesse bretonne, Rhiainfellt, mais il est à la recherche de soutiens contre Penda, roi de Mercie qui domine les Midlands de l'Angleterre. En épousant Eanflæd, il peut espérer le soutien du Kent et peut-être même des Francs. En outre, les fils issus de son mariage sont susceptibles de prétendre aux deux trônes de Bernicie et de Deira[8],[7],[3].

Le Deira ne se soumet pas immédiatement à Oswiu après son mariage. En 644, ce royaume a pour souverain Oswine, un petit-cousin d'Edwin[9],[10]. Lorsque Oswiu le fait assassiner, en 651, sa femme, qui peut exiger rétribution puisqu'elle est apparentée au défunt, obtient que son mari fonde l'abbaye de Gilling, dont les moines prient pour les deux rois[7],[3],[11],[12]. Eanflæd fait également preuve d'indépendance vis-à-vis d'Oswiu en continuant, avec son chapelain Romain et le diacre Jacques, à suivre les coutumes de l'Église romaine en vigueur dans le Kent, y compris lorsqu'elles diffèrent de celles de l'Église celtique qui ont cours en Northumbrie. Cela l'amène parfois à célébrer Pâques à une date différente du reste de la famille royale, les deux rites n'ayant pas la même méthode de calcul de la date de Pâques[13].

Oswiu a des enfants de trois femmes différentes. Avec Eanflæd, il a deux fils : Ecgfrith, qui succède à Oswiu comme roi de Northumbrie, et Ælfwine, qui devient roi subordonné du Deira, ainsi que deux filles : Osthryth, qui épouse le roi de Mercie Æthelred, et Ælfflæd, qui entre dans les ordres[3],[14],[15].

Eanflæd est la première protectrice de Wilfrid, un homme d'Église qui joue un rôle politique majeur en Northumbrie sous les règnes d'Ecgfrith, Aldfrith et Osred, ainsi que dans d'autres régions de Grande-Bretagne au VIIe siècle. Lorsque Wilfrid émet le souhait de se rendre en pèlerinage à Rome, la reine le recommande à son cousin, le roi du Kent Eorcenberht[16].

Veuve, abbesse et sainte

[modifier | modifier le code]
Ruines de l'abbaye de Whitby.

Quelques années après la mort d'Oswiu en 670, Eanflæd se retire à l'abbaye de Whitby. Ce monastère double est étroitement lié à la famille royale de Northumbrie, dont beaucoup de membres y sont enterrés. Il occupe une position importante dans la vie religieuse northumbrienne et accueille notamment le concile de Whitby en 664, qui préconise l'abandon des rites celtiques au profit de la liturgie romaine. Le chef des défenseurs du rite romain lors de ce concile n'est autre que Wilfrid, l'ancien protégé d'Eanflæd.

Après la mort de la fondatrice du monastère, Hilda, en 680, Eanflæd en devient abbesse aux côtés de sa fille Ælfflæd. Elle fait transférer la dépouille de son père dans ce monastère, où sont également enterrés Oswiu et Hilda. Elle reste à Whitby jusqu'à sa mort, survenue à une date inconnue sous le règne de son beau-fils Aldfrith : après 685 selon Alan Thacker[3], vers 704 selon Michael Lapidge[17]. Elle est enterrée à Whitby, dont sa fille reste l'abbesse jusqu'à sa propre mort, en 713.

Il ne subsiste aucune trace d'un culte rendu à Eanflæd avant la conquête normande de l'Angleterre, peut-être en raison de la destruction de l'abbaye de Whitby par les Vikings au IXe siècle[18]. Le chroniqueur du XIIe siècle Guillaume de Malmesbury estime que ses reliques ont été transférées à une date inconnue à l'abbaye de Glastonbury, dans le Somerset[3]. Le English Martyrologe publié par John Wilson en 1640 place sa fête le 24 novembre[18].

Arbre généalogique

[modifier | modifier le code]
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ælfric
 
 
 
Ælle
roi du Deira
 
 
 
Æthelberht
roi du Kent
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Osric
roi du Deira
 
 
 
Edwin
roi de Northumbrie
 
Æthelburg
 
Eadbald
roi du Kent
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Oswine
roi du Deira
 
Oswiu
roi de Northumbrie
 
Eanflæd
 
 
 
Eorcenberht
roi du Kent
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Ecgfrith
roi de Northumbrie
 
Ælfwine
roi du Deira
 
Osthryth
 
Ælfflæd
 

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Higham 1993, p. 81.
  2. Bède le Vénérable 1995, livre II, chapitre 9.
  3. a b c d e f et g Thacker 2004.
  4. Bède le Vénérable 1995, livre II, chapitre 13.
  5. Bède le Vénérable 1995, livre II, chapitre 20.
  6. Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 15.
  7. a b et c Holdsworth 2014, p. 356.
  8. Higham 1997, p. 225.
  9. Kirby 2000, p. 91-92.
  10. Yorke 1997, p. 78-79.
  11. Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 14.
  12. Higham 1997, p. 226-230.
  13. Kirby 2000, p. 87.
  14. Higham 1993, p. 80.
  15. Kirby 2000, p. 90, 143.
  16. Webb 1998, Life of Wilfrid, chapitres 2-3.
  17. Lapidge 2014, p. 158.
  18. a et b Farmer 2011.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]