Eanflæd
Eanflæd | |
Biographie | |
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Date de naissance | |
Lieu de naissance | Deira |
Date de décès | vers 704 |
Lieu de décès | Whitby |
Père | Edwin |
Mère | Æthelburg |
Conjoint | Oswiu |
Enfants | Ecgfrith Ælfwine Osthryth Ælfflæd |
Religion | christianisme |
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Eanflæd | |
Sainte | |
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Naissance | 19 avril 626 Deira |
Décès | vers 704 Whitby |
Ordre religieux | Ordre de Saint-Benoît |
Vénérée par | les catholiques |
Fête | 24 novembre |
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Eanflæd est une princesse et religieuse anglo-saxonne née le et morte vers 704.
Elle est la fille d'Edwin, roi du Deira, et d'Æthelburg, fille du roi du Kent Æthelberht. Bien que son père soit encore païen, il accepte qu'elle reçoive le baptême avant de se convertir lui-même au christianisme.
À la mort d'Edwin, en 633, Eanflæd est emmenée par sa mère dans le Kent. Elle rentre en Northumbrie en 642, lorsque le roi Oswiu de Bernicie demande sa main. Leur mariage permet l'union des lignées royales du Deira et de Bernicie. Elle joue un rôle politique important à la cour de son mari et apporte notamment son soutien à Wilfrid au début de sa carrière.
Devenue veuve en 670, Eanflæd se retire à l'abbaye de Whitby. Après la mort de l'abbesse Hilda, en 680, elle en assure la direction avec sa fille Ælfflæd. Elle est considérée comme sainte et fêtée le 24 novembre.
Biographie
[modifier | modifier le code]Naissance, baptême et exil
[modifier | modifier le code]Eanflæd est l'une des rares personnes de la période anglo-saxonne de l'histoire de l'Angleterre dont le jour exact de naissance est connu. Dans son Histoire ecclésiastique du peuple anglais, le moine northumbrien Bède le Vénérable indique qu'elle est née la veille de Pâques en 626, c'est-à-dire le . Elle voit le jour dans une résidence royale située sur les berges de la Derwent que l'historien Nick Higham propose de situer à Sancton[1]. Son père Edwin est le souverain des deux royaumes du Deira et de Bernicie, dans le Nord de l'Angleterre. Sa mère est la princesse Æthelburg, fille d'Æthelberht, roi du Kent mort en 616. Elle est chrétienne, tandis qu'Edwin est païen.
Bède rapporte qu'Edwin est la cible d'une tentative d'assassinat le jour même de la naissance de sa fille. Encouragé par Paulin, un missionnaire de l'entourage d'Æthelburg, il accepte que sa fille soit baptisée et s'engage à embrasser lui-même la foi chrétienne s'il parvient à mener ses troupes à la victoire contre celui qui a voulu l'assassiner : Cwichelm, le roi des Ouest-Saxons. D'après Bède, Eanflæd est ainsi baptisée le , jour de la Pentecôte, avec onze autres membres de la famille royale[2]. Néanmoins, une tradition galloise préservée dans la Historia Brittonum attribue le mérite de la conversion des Northumbriens à un certain Rhun, fils d'Urien, et situe le baptême d'Eanflæd douze jours après la Pentecôte[3].
Ayant vaincu Cwichelm, Edwin se convertit au christianisme en 627[4]. Sa défaite et sa mort à la bataille de Hatfield Chase, en 633, entraînent un retour en force du paganisme en Northumbrie. Pour échapper à ces troubles religieux et politiques, Æthelburg retourne dans le Kent, où règne son frère Eadbald, avec l'évêque Paulin, sa fille Eanflæd, son fils Uscfrea et Yffi, un petit-fils d'Edwin par un précédent mariage. Craignant pour la survie des descendants mâles de son mari défunt, elle les envoie à la cour de Dagobert Ier en Francie, mais Eanflæd reste avec elle et grandit dans le Kent, à la cour de son oncle[5].
Reine de Northumbrie
[modifier | modifier le code]En 642, le roi de Bernicie Oswiu, issu de la lignée northumbrienne rivale de celle d'Edwin, envoie un prêtre nommé Utta à la cour d'Eorcenberht, fils et successeur d'Eadbald comme roi du Kent, afin de lui demander la main de sa cousine Eanflæd[6]. La date de ce mariage n'est pas connue : « avant ou peu après 642 » pour Alan Thacker[3], 643 pour Philip Holdsworth[7]. Oswiu est déjà marié à une princesse bretonne, Rhiainfellt, mais il est à la recherche de soutiens contre Penda, roi de Mercie qui domine les Midlands de l'Angleterre. En épousant Eanflæd, il peut espérer le soutien du Kent et peut-être même des Francs. En outre, les fils issus de son mariage sont susceptibles de prétendre aux deux trônes de Bernicie et de Deira[8],[7],[3].
Le Deira ne se soumet pas immédiatement à Oswiu après son mariage. En 644, ce royaume a pour souverain Oswine, un petit-cousin d'Edwin[9],[10]. Lorsque Oswiu le fait assassiner, en 651, sa femme, qui peut exiger rétribution puisqu'elle est apparentée au défunt, obtient que son mari fonde l'abbaye de Gilling, dont les moines prient pour les deux rois[7],[3],[11],[12]. Eanflæd fait également preuve d'indépendance vis-à-vis d'Oswiu en continuant, avec son chapelain Romain et le diacre Jacques, à suivre les coutumes de l'Église romaine en vigueur dans le Kent, y compris lorsqu'elles diffèrent de celles de l'Église celtique qui ont cours en Northumbrie. Cela l'amène parfois à célébrer Pâques à une date différente du reste de la famille royale, les deux rites n'ayant pas la même méthode de calcul de la date de Pâques[13].
Oswiu a des enfants de trois femmes différentes. Avec Eanflæd, il a deux fils : Ecgfrith, qui succède à Oswiu comme roi de Northumbrie, et Ælfwine, qui devient roi subordonné du Deira, ainsi que deux filles : Osthryth, qui épouse le roi de Mercie Æthelred, et Ælfflæd, qui entre dans les ordres[3],[14],[15].
Eanflæd est la première protectrice de Wilfrid, un homme d'Église qui joue un rôle politique majeur en Northumbrie sous les règnes d'Ecgfrith, Aldfrith et Osred, ainsi que dans d'autres régions de Grande-Bretagne au VIIe siècle. Lorsque Wilfrid émet le souhait de se rendre en pèlerinage à Rome, la reine le recommande à son cousin, le roi du Kent Eorcenberht[16].
Veuve, abbesse et sainte
[modifier | modifier le code]Quelques années après la mort d'Oswiu en 670, Eanflæd se retire à l'abbaye de Whitby. Ce monastère double est étroitement lié à la famille royale de Northumbrie, dont beaucoup de membres y sont enterrés. Il occupe une position importante dans la vie religieuse northumbrienne et accueille notamment le concile de Whitby en 664, qui préconise l'abandon des rites celtiques au profit de la liturgie romaine. Le chef des défenseurs du rite romain lors de ce concile n'est autre que Wilfrid, l'ancien protégé d'Eanflæd.
Après la mort de la fondatrice du monastère, Hilda, en 680, Eanflæd en devient abbesse aux côtés de sa fille Ælfflæd. Elle fait transférer la dépouille de son père dans ce monastère, où sont également enterrés Oswiu et Hilda. Elle reste à Whitby jusqu'à sa mort, survenue à une date inconnue sous le règne de son beau-fils Aldfrith : après 685 selon Alan Thacker[3], vers 704 selon Michael Lapidge[17]. Elle est enterrée à Whitby, dont sa fille reste l'abbesse jusqu'à sa propre mort, en 713.
Il ne subsiste aucune trace d'un culte rendu à Eanflæd avant la conquête normande de l'Angleterre, peut-être en raison de la destruction de l'abbaye de Whitby par les Vikings au IXe siècle[18]. Le chroniqueur du XIIe siècle Guillaume de Malmesbury estime que ses reliques ont été transférées à une date inconnue à l'abbaye de Glastonbury, dans le Somerset[3]. Le English Martyrologe publié par John Wilson en 1640 place sa fête le 24 novembre[18].
Arbre généalogique
[modifier | modifier le code]Ælfric | Ælle roi du Deira | Æthelberht roi du Kent | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Osric roi du Deira | Edwin roi de Northumbrie | Æthelburg | Eadbald roi du Kent | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Oswine roi du Deira | Oswiu roi de Northumbrie | Eanflæd | Eorcenberht roi du Kent | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ecgfrith roi de Northumbrie | Ælfwine roi du Deira | Osthryth | Ælfflæd | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Eanflæd » (voir la liste des auteurs).
- Higham 1993, p. 81.
- Bède le Vénérable 1995, livre II, chapitre 9.
- Thacker 2004.
- Bède le Vénérable 1995, livre II, chapitre 13.
- Bède le Vénérable 1995, livre II, chapitre 20.
- Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 15.
- Holdsworth 2014, p. 356.
- Higham 1997, p. 225.
- Kirby 2000, p. 91-92.
- Yorke 1997, p. 78-79.
- Bède le Vénérable 1995, livre III, chapitre 14.
- Higham 1997, p. 226-230.
- Kirby 2000, p. 87.
- Higham 1993, p. 80.
- Kirby 2000, p. 90, 143.
- Webb 1998, Life of Wilfrid, chapitres 2-3.
- Lapidge 2014, p. 158.
- Farmer 2011.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Bède le Vénérable (trad. Philippe Delaveau), Histoire ecclésiastique du peuple anglais, Gallimard, coll. « L'Aube des peuples », , 399 p. (ISBN 2-07-073015-8).
- (en) David Farmer, « Enfleda », dans The Oxford Dictionary of Saints, Oxford, Oxford University Press, , 5e éd. (ISBN 9780199596607, lire en ligne).
- (en) N. J. Higham, The Kingdom of Northumbria : AD 350-1100, Stroud, Sutton, , 296 p. (ISBN 0-86299-730-5).
- (en) N. J. Higham, The Convert Kings : Power and Religious Affiliation in Early Anglo-Saxon England, Manchester, Manchester University Press, , 293 p. (ISBN 0-7190-4828-1).
- (en) Philip Holdsworth, « Oswiu », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7).
- (en) David Peter Kirby, The Earliest English Kings, New York, Routledge, (ISBN 0-415-24211-8).
- (en) Michael Lapidge, « Eanflæd », dans Michael Lapidge, John Blair, Simon Keynes et Donald Scragg (éd.), The Wiley Blackwell Encyclopedia of Anglo-Saxon England, Wiley Blackwell, , 2e éd. (ISBN 978-0-470-65632-7).
- (en) Alan Thacker, « Eanflæd [St Eanflæd] (b. 626, d. after 685) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, (lire en ligne ).
- (en) J.F. Webb, The Age of Bede: Bede - Life of Cuthbert, Eddius Stephanus - Life of Wilfrid, Bede - Lives of the Abbots of Wearmouth and Jarrow, The Anonymous History of Abbot Ceolfrith with the Voyage of St Brendan, Londres, Penguin Books, , 288 p. (ISBN 978-0-14-044727-9).
- (en) Barbara Yorke, Kings and Kingdoms of Early Anglo-Saxon England, New York, Routledge, , 218 p. (ISBN 0-415-16639-X).
Liens externes
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- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (en) Eanflæd sur Prosopography of Anglo-Saxon England