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Bibliothèque Inguimbertine

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Bibliothèque Inguimbertine et musées de Carpentras
Image illustrative de l'article Bibliothèque Inguimbertine
Détail d'une salle de l'Inguimbertine
Présentation
Coordonnées 44° 03′ 21″ nord, 5° 02′ 56″ est
Pays Drapeau de la France France
Ville Carpentras
Adresse 234, boulevard Albin Durand - 84200 Carpentras
Fondation 1745
Géolocalisation sur la carte : Vaucluse/Provence-Alpes-Côte d'Azur/France
Bibliothèque Inguimbertine et musées de Carpentras
Géolocalisation sur la carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur
(Voir situation sur carte : Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Bibliothèque Inguimbertine et musées de Carpentras
Géolocalisation sur la carte : France
(Voir situation sur carte : France)
Bibliothèque Inguimbertine et musées de Carpentras

La bibliothèque Inguimbertine est la bibliothèque municipale classée de Carpentras. Elle est composée des fonds de lecture publique (section adulte et section jeunesse), des fonds bibliographiques patrimoniaux et de collections muséales reconnues Musée de France (présentées dans deux lieux, le musée Comtadin-Duplessis et le musée Sobirats). Pour évoquer cette originalité, le terme de bibliothèque-musée Inguimbertine est désormais utilisé. Elle fait partie depuis 1897 des 54 bibliothèques municipales classées comme les plus importantes de France. Elle dispose de 250 000 volumes, dont 100 000 anciens, 3 000 manuscrits, 4 000 périodiques, 1 000 tableaux (dont le chef-d'œuvre Gamines de Louise Breslau), 300 sculptures et 1 500 objets d’art[1].

Avant l'Inguimbertine

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Bib. Inguimbertine Collection Barjavel

Il y eut deux tentatives pour constituer une bibliothèque à Carpentras avant l'Inguimbertine :

  • Georges d'Ornos, évêque de Carpentras, mort en 1452, avait voulu que ses livres soient vendus afin d'aider à la construction d'une nouvelle cathédrale. Mais on préféra bientôt suspendre cette vente pour former une bibliothèque publique. Ceci fut fait en 1460 dans la cathédrale. Cependant, cette bibliothèque cessa d'exister pour des raisons encore mal connues.
  • Jacopo Sadoleto, ayant été nommé évêque de Carpentras, embarqua sa riche bibliothèque en 1527 sur un bateau vers la France. Malheureusement la peste condamna le navire : les collections de ce grand humaniste furent repoussées des côtes et perdues.

La bibliothèque de l'évêque d'Inguimbert

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La Stèle de Carpentras, ou stèle de Taba, trouvée à Memphis en Egypte en 1704, fut la première inscription sémitique publiée dans les temps modernes dans le monde. Achetée par le Marseillais Jean-Pierre Rigord, elle a intégré plusieurs collections aixoises avant d'être achetée par Dom Malachie d'Inguimbert, évêque de Carpentras, pour sa bibliothèque devenue publique[2],[3].
Bib. Inguimbertine, collection d'Inguimbert
Bib. Inguimbertine, judaïca

Aussi le véritable fondateur de la bibliothèque publique de Carpentras est-il l'évêque Joseph-Dominique d'Inguimbert. Ce dernier, avant d'être nommé évêque de Carpentras, fut le bibliothécaire du cardinal Corsini. Il conseilla l'achat de la bibliothèque du cardinal Philippe-Antoine Gualterio et participa au classement de cette bibliothèque, rendue publique en 1754. Parmi les bibliothécaires fameux en Italie à cette époque, citons Antonio Magliabechi et Prospero Lambertini, qui succéda au pape Clément XII sous le nom de Benoît XIV.

Nommé évêque de Carpentras en 1735, Joseph-Dominique d'Inguimbert rapporta de Rome environ 4 000 volumes, des tableaux, des estampes[4]... La mise en vente de la bibliothèque du président de Mazaugues lui donna l'occasion d'enrichir la sienne : environ 15 000 volumes, 4 000 médailles, divers objets d'art et de curiosité prirent le chemin de Carpentras en 1745. En 1747, il acheta au baron de Trimond, neveu et héritier des Mazaugues, les dossiers et minutes de correspondance de Nicolas-Claude Fabri de Peiresc qui participent grandement à la renommée de l'Inguimbertine[5].

D'Inguimbert acheta et aménagea l'hôtel de Grandis-Pomerol, à côté du palais épiscopal pour y placer ses collections. Il sollicita auprès de Benoît XIV l'autorisation de léguer sa fondation, et en 1746 une bulle confirma la fondation de cette « maison des muses » (pour reprendre un rébus imagé placé au-dessus de la porte, un roseau entre deux rats : mus - arondo - mus / musarum domus)[6].

Ce modèle italien transposé dans l'ancienne capitale de l'État pontifical du Comtat Venaissin est une des originalités de la bibliothèque Inguimbertine.

De la Révolution française à l'évolution des bibliothèques

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Musée Duplessis, galerie d'Inguimbert
Musée Duplessis, cabinet de Mgr. D'Inguimbert

Une autre originalité de la bibliothèque Inguimbertine, à la fois conséquence de la première et liée à l'histoire de la Révolution en Comtat Venaissin, est la faiblesse de l'apport des saisies révolutionnaires. Si la plupart des bibliothèques municipales classées doivent leur richesse aux saisies des bibliothèques des congrégations religieuses, tel n'est pas le cas de l'Inguimbertine.

La municipalité déménage, en 1847, les collections en un hôtel particulier dans lequel la bibliothèque, avec ses rayonnages et son classement du XVIIIe siècle, se trouve encore. Des dons - comme celui de Casimir François Henri Barjavel avec ses 10 000 volumes, tableaux et objets d'art -, des dépôts de l'État, des acquisitions, l'enrichissent.

Cette bibliothèque publique créée avant l'essor de la lecture publique, cette « maison des muses » rassemblant divers supports avant les médiathèques, a accompagné la création des bibliothèques populaires dans le dernier quart du XIXe siècle, a accueilli les archives municipales, a constitué des musées à partir de certaines des œuvres conservées (Musée Comtadin-Duplessis, Musée Sobirats, Musée Lapidaire), et fait le pari de tenir ensemble ce qui ailleurs a pu être scindé, voire opposé : fonds patrimonial et lecture publique, bibliothèques, archives et musées. Jean-Joseph Bonaventure Laurens versa à la bibliothèque son fonds de musique d'orgue, et notamment un exemplaire original de la Messe à l’usage des Paroisses de François Couperin, ainsi qu’une partition manuscrite de Johann Sebastian Bach, la Partita sur Sei gegrüsset Jesu gütig.

L'Inguimbertine à l'Hôtel-Dieu

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Depuis quelques années, la municipalité a lancé un projet de transfert des collections au sein d'un pôle culturel localisé dans l'ancien Hôtel-Dieu de Carpentras, en cours de réhabilitation. Ce déménagement a pour but d'améliorer la mise à disposition des fonds et l'accueil du public. Durant la rénovation de l'Hôtel-Dieu, un profond travail de modernisation de la bibliothèque est mis en place, avec la numérisation, en vue d'une libre consultation en ligne[7].

Le projet scientifique et culturel de l’Inguimbertine à l’hôtel-Dieu prévoit de laisser telles quelles les parties remarquables de l’hôtel-Dieu (vestibule, chapelle, pharmacie). Les autres espaces permettront le redéploiement des collections. Le rez-de-chaussée abritera les fonds de lecture publique – avec une orientation très nette pour le multimédia – mêlés aux tableaux, aux instruments de musique et scientifiques ainsi qu’aux objets d’art (1 800 m2). Le premier étage accueillera l’exposition permanente des cabinets des principaux donateurs (300 m2), les réserves visitables (300 m2), les collections de beaux-arts exposées par thèmes (1 700 m2) ainsi que la salle d’expositions temporaires (300 m2). Un grand hall contemporain abritera la banque d’accueil, le vestiaire, la librairie. Adossé à l’escalier d’honneur, il facilitera la liaison entre les différentes parties du monument et s’ouvrira sur l’ancien jardin des religieuses. En raison du coût de cette entreprise (30 millions d’euros non compris le chantier des collections), le projet a été échelonné en deux tranches. La première a été subdivisée en deux phases (1A et 1B) dont les travaux s’élèvent à 17 millions d’euros hors taxes, subventionnés par l’État à hauteur de 36 %. La région et le département contribuent aussi à ce chantier. La phase 1A a été inaugurée à l’automne 2017 ; la 1B le sera en . La deuxième tranche concernera la présentation de la plus grande partie des collections patrimoniales et l’installation des bureaux et des réserves dans la partie nord-est. Son budget est estimé à 12 millions d’euros hors taxes. Les études de réalisation de cette dernière partie ont commencé en vue de l’achèvement des travaux en 2020[8].

Association des Amis de l'Inguimbertine et du Musée de Carpentras

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Créée en 2001 par deux Carpentrassiens, l’AAIMC a pour vocation de faire connaître la bibliothèque et le musée de Carpentras, dont les collections conservent des documents, incunables, livres et manuscrits d’une telle richesse que des chercheurs viennent du monde entier pour les consulter.

L’Association, qui comporte aujourd’hui plus de 200 membres, finance également des restaurations ou des acquisitions, en collaboration étroite avec le conservateur. La dernière restauration en date, réalisée en collaboration avec la municipalité et la DRAC d’Aix en Provence, est celle d’un trumeau et d’une console du XVIIIe siècle, que l’on peut admirer au Musée Sobirat de Carpentras. D’autres projets sont à l’étude avec le conservateur.

La vocation de l’Association est avant tout de participer au maintien et à l’enrichissement du patrimoine local. Plusieurs événements sont organisés afin de soutenir financièrement cet objectif : conférences, concerts et visites[9].

L'association a cessé son activité en 2018.

Conservateurs

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Période Identité
1919 1923[10] Hyacinthe Chobaut
1923 1947[10] Robert Caillet
1947 1949[10] Léonce Bouyssou
1949 1951[10] Georges Bataille
1951 1962[10] Claude Sibertin-Blanc
1962 1983[10] Henri Dubled
1983 2000[10] Isabelle Battez
2000 2003[10] Christiane Imbert
2004 2019[11] Jean-François Delmas
2021 2022[12] Matthieu Desachy

Notes et références

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  1. « Carpentras - L’Inguimbertine », sur culture.gouv.fr (consulté le )
  2. J. C. L. Gibson, Textbook of Syrian Semitic Inscriptions: II. Aramaic Inscriptions: Including Inscriptions in the Dialect of Zenjirli, OUP Oxford, (ISBN 978-0-19-813186-1, lire en ligne), p. 120 :

    « The Carpentras stele: The famous funerary stele (CIS ii 141) was the first Syrian Semitic inscr. to become known in Europe, being discovered in the early 18 cent.; it measures 0.35 m high by 0.33m broad and is housed in a museum at Carpentras in southern France. »

  3. Rigord, M., "Lettre de Monsieur Rigord Commissaire de la Marine aux journalistes de Trevoux sur une ceinture de toile trouvée en Égypte autour d'une Mumie." Mémoires pour l'histoire des Sciences et les beaux Arts, Trevoux 4 (1704): 978–1000: "LETTRE DE MONSIEUR Rigord Commissaire de la Marine aux Journalistes de Tretoun sur une Ceinture de Toile trova vée en Égypte autour d'une Mumie. Je N'écrirois pas sur une mariere aussi obscure que celle-ci, sans un ordre supérieur qui m'y engage, & sans que je crois faire plaisir au public de lui rendre compte d'une découverte tout à fait singuliere. Mr. Maillet Consul d'Égypte homme sçavant & curieux m'a addreseé pour Monseigneur le Chancelier quel quelques pièces d'une toile fort ancienne. Cette toile est de Lin, ornée de figures historiques dans ses bords, avec un écrit au pied de ces figures. J'ai fait graver un petit carré de cette toile de la grandeur dont est l'original. Ce que j'en ai vû contient trente fois autant que j'en ai fait graver. L'Écrit qu'on voit au bas de la petite bordure sur cette toile est d'un caractère qui m'eft inconnu, & qui l'est de même à tous les sçavans que j'ai consultez."
  4. Isabelle Battez, Patrimoine des bibliothèques de France : un guide des régions, Payot, (ISBN 2-228-88964-4, 978-2-228-88964-3 et 2-228-88965-2, OCLC 34094764, lire en ligne), p. 66
  5. Fonds de la bibliothèque
  6. H. Dubled, « Carpentras, capitale du Comtat Venaissin », Jeanne Laffitte éditeur, 1975
  7. déménagement des fonds vers l'Hôtel-Dieu
  8. Priscille de Lassus, « Jean-François Delmas : la bibliothèque idéale », Codex, été 2017, no 4, pages 160 - 161 et Jean-François Delmas, « L’Inguimbertine à l’hôtel-Dieu », Carnets du Ventoux, hiver 2018, no 98, p. 4-5
  9. but de l'association
  10. a b c d e f g et h L'inguimbertine, , p. 73
  11. « Jean-François Delmas a quitté la ville », ledauphine.com,‎ (lire en ligne)
  12. « Carpentras - L'Inguimbertine : le conservateur a (déjà) quitté ses fonctions », sur LaProvence.com, (consulté le )

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie sélective

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  • Bulletin des Bibliothèques de France, vol. 52, no 1 : Dossier : Construire la bibliothèque, Paris, ENSSIB, (lire en ligne), p. 52-56 : Delmas, Jean-François, « Le pôle culturel de l'Hôtel-Dieu de Carpentras : bilan et prespectives du projet de transfert de l'Inguimbertine »
  • Isabelle Battez et Anne-Marie Reder (dir.), Patrimoine des bibliothèques de France, Paris, Payot, , 192 p. (ISBN 2-228-88969-5), « Carpentras - Bibliothèque Inguimbertine », p. 66-77
  • Jean-François Delmas, L'Inguimbertine : maison des muses, Paris, Éditions Nicolas Chaudun, , 155 p. (ISBN 978-2-35039-038-3)
    Chapitre I : une histoire pluriséculaire ; Chapitre II : des collections protéiformes ; Chapitre III : un projet pour le 3e millénaire. Environ 150 photographies.
Catalogues des manuscrits
  • Lambert, Charles Godefroy Alphonse, Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la bibliothèque de Carpentras, Carpentras, Impr. E. Rolland, , vol. 1 : XIX-463 (lire en ligne)
  • Lambert, Charles Godefroy Alphonse, Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la bibliothèque de Carpentras, Carpentras, Impr. E. Rolland, , vol. 2 : XV-473 (lire en ligne)
  • Lambert, Charles Godefroy Alphonse, Catalogue descriptif et raisonné des manuscrits de la bibliothèque de Carpentras, Carpentras, Impr. E. Rolland, , vol. 3 : 439 (lire en ligne)
    Ces trois volumes numérisés par Google (d'après un exemplaire de l'Université de Harvard) contiennent de précieuses indications qui n'apparaissent plus dans le catalogue suivant :
  • Léon-Honoré Labande, Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France : départements : Carpentras, vol. XXXIV-XXXVI (3 tomes en 4 volumes), Paris, Plon-Nourrit, 1899-1903
    Contient au début du premier volume une table de concordance avec les anciens numéros du catalogue de 1862. Quatrième volume : index nominum et rerum.
    Lire en ligne : Tome 1 (1901) Par M. Duhamel ; Tome 2 (1899) par MM. Duhamel et Liabastres; Tome 3 par M. Liabastres : 1re partie (1902) et 2e partie : Table générale (1903).
  • Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France, vol. LVIII, Paris, , p. 43-112 : Carpentras, supplément
    Les 117 volumes sur papier du C.G.M. sont progressivement mis en ligne sur le portail du Catalogue général des manuscrits des bibliothèques publiques de France. Cf. le lien suivant : http://www.musmed.fr/CMN/cgm.htm
Catalogues des imprimés
  • Bibliothecae Domini Malachiae d'Inguimbert, archiepiscopi, episcopi Carpentoracti catalogus
    Au dix-huitième siècle a été rédigé un catalogue d'environ 35 000 volumes imprimés. Il est encore utilisé aujourd'hui, le classement méthodique d'origine n'ayant pas été modifié.
  • Henri Dubled, Le catalogue-matières de la Bibliothèque Inguimbertine de Carpentras et son intérêt pour l'histoire de la bibliothéconomie et des sciences du XVIIIe siècle dans Provence historique, t. 13 , fascicule 51, (lire en ligne), p. 90-97
    «Le fonds actuel comprend 2 483 manuscrits, plusieurs centaines d'incunables, des collections de musique, d'estampes et de cartes anciennes, un médailler et, sur les 130 à 140.000 volumes imprimés, 80.000 environ ou peut-être plus datent des XVI, XVII, XVIII et premières années du XIXe siècle.»
Catalogues de reliures
  • Robert Caillet, La bibliothèque Inguimbertine de Carpentras : son histoire, ses reliures, Carpentras, Imprimerie Batailler,
    420 reliures décrites
Catalogues des œuvres les plus remarquables
  • Jean-François Delmas, Trésors de l'Inguimbertine, Paris, Association internationale de bibliophilie,
    Catalogue de l'exposition organisée par la bibliothèque Inguimbertine et les musées de Carpentras, 350 notices.

Liens externes

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