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André Stil

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André Stil
Rassemblement de protestation à Berlin-Est en 1952 contre l'incarcération d'André Stil.
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 83 ans)
CamélasVoir et modifier les données sur Wikidata
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André Stil est un écrivain et journaliste français né le à Hergnies, dans le Nord, et mort le à Camélas (Pyrénées-Orientales). Il est connu pour son engagement communiste, qui lui vaut d'être le seul Français à avoir reçu le prix Staline, en 1952, et pour avoir été juré du prix Goncourt pendant plus d'un quart de siècle.

Jeunesse et débuts

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Issu d'un milieu ouvrier, fils d'un tailleur et d'une mère au foyer, il grandit à Hergnies, petite ville du bassin minier du Nord proche de la frontière belge, dans un foyer qu'il décrit comme heureux malgré le manque d'argent. Montrant tôt des capacités pour l'étude et un goût pour l'écriture, il est inscrit au lycée Henri-Wallon de Valenciennes, où il fait partie des élèves les plus pauvres. Il est moqué pour cette raison, ce qui lui endurcit le caractère. « Ma vie ici, elle m'a marqué pour toujours, y compris physiquement », dira-t-il à la télévision en 1979.

Il obtient le baccalauréat, devient instituteur en 1940 et se marie. Puis il est enseignant dans le secondaire au Quesnoy à partir de 1942. Il se consacre de plus en plus à l'écriture, publiant de la poésie surréaliste dans La Main à la plume.

L'écrivain et journaliste communiste

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Communiste, il rejoint la Résistance (groupes Voix du Nord et Front national) et participe aux combats de la Libération du Quesnoy. Il adhère au Parti communiste français en septembre 1944[1].

Cette expérience de la guerre le convainc d'abandonner la poésie pour devenir un écrivain réaliste proche du peuple, dans la droite ligne du réalisme socialiste. Fin 1944, il part étudier à Lille, obtenant une licence de lettres et un DES de philosophie. Il devient rédacteur en chef de Notre Nord, supplément dominical du quotidien communiste Liberté[2].

Le premier texte de prose en 1945

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À l'automne 1945, il écrit son premier texte de prose[1] : « Le soleil, l’air, l’eau, les rêves et les dimanches entrent dans la bataille du charbon », consacré à la « bataille du charbon »[1], pour saluer le discours de Waziers du 21 juillet 1945[3] dans lequel Maurice Thorez, numéro un du PCF, demande aux mineurs de travailler plus, suscitant l'incompréhension de résistants qui ne comprennent pas que Thorez prône la journée de dix heures[4] ou voudraient que soient d'abord écartés les ingénieurs des mines ayant collaboré pendant la guerre[5].

André Stil envoie ce texte à Louis Aragon, qui le fait publier dans la revue Europe de février 1946[1]. André Stil, qui est responsable pour le Nord de l'Union nationale des intellectuels née de la fédération en 1945 des différentes organisations catégorielles d’intellectuels (écrivains, médecins, musiciens, etc.), a aussi invité Aragon à visiter sa région[6] et l'écrivain accepte immédiatement, les 18 et 19 mars 1946[6] pour descendra au puits de mine no 7 de Dourges-Dahomey[6], où avait commencé la prestigieuse grève des mineurs de mai-juin 1941 contre l'occupant allemand[6], avec en projet le roman qu'il commencera à publier en 1949, Les communistes.

« Les récits tiennent à la fois du reportage au plus noble sens du mot et du roman » applaudit dans la revue Europe le 27 avril 1949 un autre protégé d'Aragon, le journaliste Pierre Daix[7], tandis que le livre suivant montrera « sa disposition à enregistrer tout ce qui se passe sur l'écran psychologique d'un personnage », selon la critique du linguiste Jean Varloot, dans La Pensée du 31 juillet—août 1950[7].

Le premier livre d'André Still, intitulé Le Mot « mineur », camarades..., est en fait un recueil de ses nouvelles rédigées durant la bataille du charbon. Il est publié en 1949 grâce à Aragon qui est fasciné par cette corporation. Aragon l'a encouragé à écrire, a fait publier ses textes dans des périodiques communistes (Europe, Les Étoiles, les Lettres françaises) et l'a édité : « Et un moment est venu où il m’a conseillé de faire de tout cela un livre, qu’il a édité, et défendu comme il sait le faire », témoigne-t-il ultérieurement[8]. Il devient l'ami[2] et le protégé d’Aragon.

Rédacteur en chef adjoint du quotidien Ce soir

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Aragon le nomme le 27 mai 1949[1] rédacteur en chef adjoint du quotidien parisien qu'il dirige, Ce Soir, Stil s'étant aussi lié à Laurent Casanova[1], le responsable aux intellectuels du PCF, proche d'Aragon, avec qui ce dernier défend son idée d’une voie française « vers le réalisme socialiste »[1]. Il était alors membre permanent du comité fédéral du département du Nord[2], secrétaire de la section communiste du Quesnoy et candidat au conseil général dans le canton du Quesnoy en 1949[1]. Il se distingue cette année-là lors de la célébration des 70 ans de Staline, en écrivant une nouvelle, Le cadeau à Staline[1] qu'il décrit comme « l'homme que nous aimons le plus »[2].

Rédacteur en chef du quotidien L'Humanité

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Lors du XIIe congrès du Parti communiste français qui s'achève le 6 avril 1950, il est « élu » membre suppléant du comité central du Parti communiste, à l'instar d'Aragon et à l'instigation de Maurice Thorez[9],[2]. Il est aussi nommé à l'initiative de Thorez[2] rédacteur en chef, à seulement 29 ans, du premier quotidien communiste, L'Humanité[2]. En pleine guerre froide, au temps du stalinisme triomphant dans le monde communiste[10], le quotidien emploie 60 journalistes contre 50 en 1945[2].

Lorsqu'éclate la guerre de Corée en juin 1950, André Stil affirme dans L'Humanité que « l’armée de la République populaire riposte victorieusement à l’agression des troupes de Corée du Sud » alors que ce pays allié des États-Unis subit une offensive de son voisin communiste la Corée du Nord[11],[12].

Les grèves des dockers et le prix Staline

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En avril 1950 aussi[13], sa nouvelle consacrée à la grève des dockers de Dunkerque[2], La Fleur d'acier, qui désigne l'ailette d'une bombe, est publiée dans le recueil La Seine a pris la Mer. Il a découvert les dockers de Dunkerque en militant et en voyant pour la première fois la Mer et raconte leur combat contre la Guerre d'Indochine lors de la Grève des dockers de 1949-1950 en France. La nouvelle est louée par Aragon pour « son espèce de perfection »[1]. Thorez en recommande la publication dans L'Humanité-Dimanche[1], et elle est à nouveau saluée un an après par Auguste Lecœur.

Ce succès l'incite à lancer une grande trilogie, Le Premier Choc[2], sur les luttes des dockers refusant de décharger des armes américaines pour protester contre les guerres coloniales, la Grève des dockers de 1949-1950 en France. Son premier tome, Au Chateau d'eau est écrit en 80 heures[14], 40 séances d'écriture de deux heures, du 13 mars au 22 avril 1950, et on lui « arrache des mains » pour le publier, comme il le révélera en 1979, avec un achevé d'imprimer du 26 mai. Le roman exalte l'action des militants communistes en lutte contre la présence américaine en France, dans le port de La Rochelle. Il est suivi du Tome 2, publié le 10 mars de l'année suivante, tandis que le Tome 3, Paris avec nous sort le 4 décembre 1953[15], un an après le retour en France de Maurice Thorez[16].

Sur l'injonction de Staline, le Tome 1 reçoit le Prix Staline de littérature, doté de 100 000 roubles[2], le 13 mars 1952[2], trois jours après la publication du suivant. La nouvelle est annoncé à la Une de L'Humanité par un article élogieux d'Auguste Lecœur[2],[16]. La presse communiste le met à l'honneur[17],[18] et pendant deux mois il est couvert de cadeaux les plus divers lors d'une tournée organisée à travers la France quelques semaines avant son arrestation.

Comme il est alors le tenant d'une version orthodoxe du rôle de l'écrivain communiste, exposée dans l'essai Vers le réalisme socialiste en 1953, la réception de ses ouvrages conçus dans la plus pure tradition du roman jdanovien est tranchée : enthousiaste chez les membres ou proches du Parti, critique ailleurs. Il est abondamment traduit en Union soviétique et dans les pays de l'Est, entre 1950 et 1953 (année de la mort de Staline) surtout[19]. Il lui sera régulièrement reproché d'avoir accepté cette distinction de Moscou[20]. D'autant qu'il déclare alors :

« Il ne peut être de plus grand honneur, pour un écrivain communiste, que de recevoir le prix qui porte le nom de l'homme que nous aimons le plus, le guide sûr de toute l'humanité progressiste, envers qui Maurice Thorez nous a appris à faire preuve en toutes circonstances d'une confiance sans bornes, d'une fidélité d'acier, Staline[21]. »

Il racontera cet épisode en 1979 : « Après les huit colonnes de L'Humanité, et les félicitations reçues de partout, m'est organisée une affolante campagne de réunions, où je suis, dans les plus grandes villes de France, tous les jours pendant deux mois, couvert de cadeaux. (...) On le sait maintenant, où le nom de Staline ne peut plus s'entendre comme alors, et ce prix que je n'ai pas brigué m'a fait, en vingt-cinq ans, trop de mal après trop de bien. Aucune raison d'en avoir honte »[22]. Il se plaint alors que son livre n'ait pas été réédité en France par la suite par sa maison d'édition pourtant communiste alors qu'il aurait été « celui qui a marché le plus fort »[22].

L'exposition de 1951

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Il multiplie les articles[16] sur l'exposition Le Pays des mines, commandée au peintre André Fougeron par la fédération des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais. Dans « Le camarade Marcenac compte les coups »[16], un article dans L'Humanité du 19 janvier 1951[16], il dénonce un article de ce dernier, pilier du « clan Aragon » dans Les Lettres françaises et un autre la veille[16] de Pierre Daix, son successeur à la tête de Ce soir, qui l'a écrit à la place du critique Georges Besson. Selon Stil, cet article ne parle que des paysages et « ne dit rien sur les tableaux qui sont insupportables aux ennemis des mineurs et du nouveau réalisme »[16]. L'épisode permet au chroniqueur littéraire et humoriste Georges Ravon[23], chef des informations au Figaro depuis 1945, d'ironiser trois jours après, dans un billet titré « Les pauvres gens », sur la difficulté d'être critique littéraire dans la presse communiste[24].

La prison en 1952 et 1953

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Lorsque François Billoux revient le 11 avril 1952[2] de sa visite à Maurice Thorez en URSS, André Stil applique les consignes de durcissement de l'agitation antiaméricaine[2], dans le contexte de la guerre de Corée et de la guerre d'Indochine. L'Humanité est saisi dans la nuit du 26 au 27 mai 1952[2] la veille de la Manifestation contre la venue à Paris du général américain Ridgway, puis tous les jours pendant dix jours de suite. Ses convictions le mènent deux fois en prison en 1952[25],[26] puis en 1953, durant environ six mois[27], dont une fois pendant sept semaines[2], pour avoir appelé à manifester contre la venue à Paris du général Ridgway. Le Parti communiste mobilise ses militants et sa presse en 1952, en France et dans les « démocraties populaires » du bloc de l'Est, pour réclamer sa liberté et celle d'autres communistes arrêtés comme Jacques Duclos[28]. Les Lettres françaises d'Aragon mènent la campagne auprès des intellectuels, au nom de la liberté[29]. Stil note ultérieurement, en 1979 : « Il y a eu aussitôt une masse d'actions de solidarité nationale et internationale. Une campagne extraordinaire. On voit encore mon nom sur certains murs. Où il était plus difficile à effacer que, curieusement, dans le précis d'histoire du parti, publié depuis »[22].

Emprisonné, André Stil parvient à rédiger un éditorial quotidien. Il polémique avec François Mauriac qui le raille :

« M. Stil sait donc fort bien ce qu'il fait en étant si mauvais joueur et en menant si grand bruit parce que le gouvernement contre lequel il conspire le tient sous les verrous. Il n'en doute pas : la plupart des gens de gauche se montreront très peu sensibles au ridicule de ce stalinien qui raffine sur la légalité républicaine, de ce révolutionnaire qui jure ses grands dieux qu'il est le citoyen le plus paisible, le plus inoffensif[30]. »

En 1952, au nom du Comité central de son parti, il tance les dirigeants de la fédération communiste du département de la Somme[31],[32].

Echec électoral en 1954

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En 1954, à l'instigation de la direction du parti, il se porte candidat à une élection législative partielle dans la première circonscription de Seine-et-Oise, mais, s'il arrive largement en tête au premier tour, il est battu au second par Germaine Peyroles, candidate du Mouvement républicain populaire (MRP) et ancienne députée, qui a bénéficié du maintien du candidat socialiste[33],[34],[35],[36].

L'insurrection hongroise de 1956

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En novembre 1956, il est l'envoyé spécial de son journal en Hongrie après l'insurrection de Budapest, durant son écrasement par les Soviétiques. D'aucuns lui reprochent, à l'époque ou par la suite, ses prises de position favorables à l'URSS, et notamment un article où il écrit :« Budapest recommence à sourire à travers ses blessures ». D'autant qu'il se défausse de la responsabilité du titre (« Le sourire de Budapest ») sur les journalistes restés à Paris[37],[38],[39]. Il écrit en décembre :

« On a beau savoir de quoi ils sont capables, la lecture des journaux anticommunistes de Paris, pour qui revient de Hongrie et y a vu la vérité, est tout de même quelque chose de stupéfiant : comment peut-on mentir à ce point ? [...] La vérité est exactement le contraire. Ces faits traduisent le renforcement considérable, en l'espace de quelques semaines, du gouvernement ouvrier et paysan, l'amélioration de sa liaison avec les masses populaires et l'isolement chaque jour plus grand des meneurs contre-révolutionnaires[40],[41]. »

Guerre d'Algérie

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Il est inculpé en 1956 d'atteinte à la sûreté de l'État en tant que rédacteur en chef pour avoir publié dans L'Humanité un article du Parti communiste algérien, dans le contexte de la guerre d'Algérie[42].

En 1960, son roman Le Foudroyage, qui raconte la vie de deux frères, l'un mineur de fond, l'autre mobilisé en Algérie, est saisi dès sa parution sur ordre du ministère de l'intérieur[43]. Devant les protestations d'intellectuels et la menace d'une action en Justice, le gouvernement autorise le livre. Aucune inculpation n'ayant suivi la saisie, son livre est remis en vente trois mois plus tard[44].

Retrait progressif et fidélité au communisme

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Il conserve sa fonction de rédacteur en chef de L'Humanité jusqu'en 1958. Il n'écrit plus l'éditorial chaque jour après 1952. Il se serait plus intéressé à l'animation de la rédaction et des collaborations extérieures, qui publient des enquêtes[22]. La direction du PCF lui permet à partir de 1954 de prendre deux mois de vacances pour écrire ses livres[22]. Il s'intéresse en effet de plus en plus à l'écriture de ses livres, s'absente beaucoup des bureaux parisiens du journal et tombe malade. Les causes de son retrait restent discutées[2]. Son successeur, René Andrieu, qui faisait jusqu'alors fonction de rédacteur en chef, n'est désigné publiquement pour le remplacer qu'en août 1959[45].

André Stil tient ensuite dans L'Humanité une chronique littéraire les quinze années suivantes. Il écrit aussi dans d'autres périodiques communistes, comme Les Lettres françaises ou La Nouvelle critique. Il reste membre du Comité central du PCF jusqu'en 1970. Il est aussi membre du Mouvement de la paix, lié à ce parti.

Il affirme en 1979 à propos de la déstalinisation :

« Jusque là le parti nous apparaissait à tel point ce qu'il y a de meilleur que nous étions tentés de l'affirmer parfait, comme si cela pouvait l'aider à le devenir. Là, tout d'un coup, c'est la révélation de monstruosités ignorées, en tout cas au niveau qui était le mien. Ceux qui étaient allés en URSS du temps de Staline pouvaient savoir certaines choses. Des gens comme moi, de ma génération et dans mes conditions, ne pouvaient rien savoir. Mais cette absence d'information ne supprime pas le problème[22]. »

Lui ne serait allé avant 1953, année de la mort de Staline, qu'en Hongrie, en 1951 et en 1952. La première fois qu'il est allé en URSS aurait été en 1955, pour passer des vacances[22].

Toute sa vie il reste fidèle au PCF, signant en 1993 un essai où il justifie ses convictions et défend un parti sur le déclin, Du non au oui, le pari communiste. Il fait état cette année-là d'une « censure » : depuis 1985, après son passage chez Gallimard et Julliard, il vivrait à nouveau un « barrage du monde littéraire envers (ses) écrits, qui (est) un barrage anticommuniste ». Il explique alors que la « vraie raison de mon départ du Comité central (...) a eu lieu parce que j'étais devenu plus gênant qu'utile, à force de poser, avec insistance, la question d'un véritable travail des écrivains communistes parmi tous les autres ». Il affirme avoir ressenti lors de ce départ « et un sentiment d'injustice et un sentiment de libération »[46].

Auteur prolifique

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À partir du moment où il monte à Paris, André Stil écrit en moyenne un livre par an. Il conserve ce rythme jusqu'à ce que ses forces l'abandonnent. Il est édité par une maison d'édition communiste, les Éditeurs français réunis, jusqu'en 1966[47]. Puis par des éditeurs grand public comme Gallimard, Julliard et Grasset (et les maisons d'édition du même groupe comme Hachette et Stock). La plupart de ses ouvrages sont courts, dont beaucoup de recueils de nouvelles, un genre qui lui est cher.

Estimant qu'il doit trouver une esthétique littéraire qui lui permettrait d'être aussi lu par des non-communistes, il décide dès la fin des années 1950 de séparer son œuvre romanesque de ses activités politiques et journalistiques. Beaucoup de ses romans et nouvelles, habités par un grand optimisme, dépeignent la possibilité d'un bonheur privé et d'un engagement politique pour la classe ouvrière de son temps, malgré des conditions de vie rudes.

André Stil est aussi l'auteur de six drames pour la télévision (1973-1980), de récits pour la jeunesse, d'essais philosophiques sur le bonheur et de quelques ouvrages historiques, notamment Quand Robespierre et Danton inventaient la France, mal accueilli par la critique et qui se vend mal[1], qui sera suivi d'un roman sur la vie privée de Robespierre.

Après être parti dans les années 1960 vivre dans la Marne, il prend sa retraite de journaliste et militant dans les années 1970 en s'installant dans les Pyrénées-Orientales, où il fait construire une maison au hameau de la Vallicrosa (commune de Camélas). Elle inspire Les Quartiers d'été, roman qui décrit la joie de vivre dans le Roussillon d'un Nordiste retraité des mines, et plusieurs de ses dernières œuvres.

Il a eu cinq enfants avec son épouse Moun, décédée en 1980, dont le benjamin, Simon, a été assassiné à vingt ans en septembre 1987, par des cambrioleurs[48], ce qu'il raconte dans Le Mouvement de la terre. Joueur d'échecs amateur, il a fait partie des personnalités qui ont affronté Garry Kasparov lors d'une partie simultanée filmée par Canal+ en 1989.

Juré du prix Goncourt

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Il est élu membre de l'académie Goncourt en 1977[49], ce qui constitue pour lui une sorte de revanche vis-à-vis du monde littéraire, dont il s'est toujours senti exclu et incompris. Ses convictions politiques notoires ont pu jouer un rôle dans son élection, afin d'équilibrer dans la mesure où François Nourissier, plus marqué à droite, a été élu le même jour. L'influence d'Hervé Bazin, membre de l'Association France-URSS, a pu jouer aussi. En tout cas, dès 1978, il bénéficie d'un geste éditorial, la réédition de trois anciens romans, réunis en un seul livre[50].

Il est un juré fidèle de son nouvel éditeur, Grasset, sauf lorsque l'auteur est anticommuniste, tel Bernard-Henri Lévy en 1988[51],[52]. Jusqu'à sa mort en 2004, il sera le titulaire du couvert numéro 1. Bernard Pivot lui succède à son décès.

  • Le Mot « mineur », camarades... (essai, 1949), Éditeurs français réunis (EFR)
  • La Seine a pris la mer (nouvelles, 1950), EFR
  • Le Premier choc (roman, prix Staline, Moscou 1952), ultérieurement appelé Au château d'eau, EFR
  • Le Coup du canon (roman, 1952, deuxième tome de la trilogie Le Premier choc), EFR
  • Paris avec nous (roman, 1953, troisième tome de la trilogie Le Premier choc), EFR
  • Vers le réalisme socialiste (essai, 1953), éditions de La Nouvelle critique
  • La Question du bonheur est posée (essai, 1956), EFR
  • Nous nous aimerons demain (roman, 1957), EFR
  • Le Foudroyage (roman, 1960), EFR
  • La Douleur (nouvelles, 1961), EFR
  • Le Dernier Quart d’heure (roman, 1962), EFR
  • Viens danser, Violine (roman, 1964), EFR, republié en 1994 dans Violine et André
  • André (1965, Prix du roman populiste 1967), EFR, republié en 1994 dans Violine et André
  • Pignon sur ciel (nouvelles, 1967), Gallimard
  • Beau comme un homme (roman, 1968), Gallimard
  • Qui ? (roman 1969), Gallimard
  • Fleurs par erreur (roman, 1973), Julliard
  • Romansonge (roman, 1976), Julliard
  • L’Ami dans le miroir (roman, 1977), Julliard
  • Dieu est un enfant (roman, 1979), Grasset
  • L’Optimisme librement consenti (essai, 1979), entretiens avec Pierre-Luc Séguillon, Stock
  • Le Médecin de charme (roman, 1980), Grasset
  • Les Berlines fleuries (récit, 1981), Hachette
  • J’étais enfant au pays minier (récit, 1981), Le Sorbier
  • L’Homme de cœur (roman, 1982), Grasset
  • Les Quartiers d’été (roman, 1984), Grasset
  • Soixante-quatre coquelicots (roman, 1984), Balland
  • Pêche à la plume (récit, 1985), Grasset
  • Une histoire pour chaque matin (jeunesse, 1986), Grasset
  • Les Oiseaux migrateurs, (1987), Éditions La Farandole
  • Conte du premier œuf (Grasset Jeunesse 1987)
  • Quand Robespierre et Danton inventaient la France (essai, 1988), Grasset
  • Maxime et Anne (roman, 1989), Grasset
  • Le Roman de Constance (roman, 1990), Grasset
  • Gazelle (roman, 1991), Grasset
  • L'Autre Monde, etc. (fausses nouvelles) et Au mot amour (poèmes) (1992), Grasset
  • Une vie à écrire (autobiographie, 1993), entretiens avec Jean-Claude Lebrun (chroniqueur littéraire de L'Humanité), Grasset
  • Du non au oui, le pari communiste (essai, 1993), Scandéditions
  • Le Mouvement de la terre (roman, 1995), Grasset
  • La Neige fumée (roman, 1996), Grasset
  • L'Homme fleur (roman, 1997), Grasset
  • L'Enchanterie (roman, 1998), Grasset
  • Bélesta (roman, 2000), Grasset
  • Malaguanyat (roman, 2002), Grasset
  • Le venin (roman, 2003), Grasset

Scénarios pour la télévision

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  • Le Petit Boxeur (1971)
  • La Correspondante (1973)
  • La Croisée (1975)
  • L’Ami dans le miroir (1978)
  • Le Dernier train (1979)
  • Les Petits soirs (1979)

Notes et références

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  1. a b c d e f g h i j k et l « André Stil », sur Maitron.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q et r Gérard Bonet, « André Stil, rédacteur en chef de L'Humanité (1950-1958) », dans Christian Delporte, Claude Pennetier, Jean-François Sirinelli, Serge Wolikow, L'Humanité de Jaurès à nos jours, nouveau monde éditions, (lire en ligne).
  3. « Waziers, la chance de ma vie », écrivit Stil cinq ans plus tard, dans un hommage vibrant à Thorez [1]
  4. Alain Boscus, Territoires européens du charbon: Des origines aux reconversions", Presses universitaires de Provence, 2017 [2]
  5. "La France ouvrière (2) : 1920-1968" par Claude Willard - 1995
  6. a b c et d "Aragon et la grève des mineurs de mai-juin 1941" par Lucien Wasselin, dans Faites entrer l'Infini de juin 2011 [3]
  7. a et b "Contribution à l'étude des nouvelles d'André Stil", 1964 [4]
  8. A. Stil, Une vie à écrire. Entretiens avec Jean-Claude Lebrun, Grasset, 1993, p. 18 : cité par Marie-Cécile Bouju, Les maisons d’édition du Parti communiste français 1920-1968, Presses universitaires de Rennes, 2010 : Lire en ligne
  9. Ce Soir, 8 avril 1950
  10. Bernard Legendre, Le stalinisme français : qui a dit quoi ? 1944-1956, Seuil, 1980, p. 46
  11. André Stil, « Grave provocation à la guerre des fantoches de Washington en Corée », L'Humanité,‎ (lire en ligne).
  12. Jean-Jacques Becker, L'éclatement de la guerre en Corée et l'opinion française, dans Guerres mondiales et conflits contemporains, 2010/3, n° 239 : Lire en ligne
  13. Recueil de numéros du journal La Pensée, Fondation Gabriel Péri, 1952 [5]
  14. "L'Optimisme librement consenti" par André Stil, conversations avec le journaliste Pierre-Luc Séguillon, en 1979 aux Editions Stock [6]
  15. Jean-Claude Lahaxe, Les communistes à Marseille à l’apogée de la guerre froide 1949-1954, Presses universitaires de Provence, 2013 [7]
  16. a b c d e f et g Jeannine Verdès-Leroux, L'art de parti. Le parti communiste français et ses peintres (1947-1954), Actes de la Recherche en Sciences Sociales, 1979 [8]
  17. Ce Soir, 16 mars 1952, Ibid., 21 mars 1952
  18. La Pensée, mai 1952
  19. Ioana Popa, Le réalisme socialiste, un produit d'exportation politico-littéraire, dans Sociétés et représentations, janvier 2003, n° 15
  20. Préface de Pierre-Luc Séguillon à André Stil, L'Optimisme librement consenti, Stock, 1979
  21. Le Contrat social, janvier 1963
  22. a b c d e f et g André Stil, L'Optimisme librement consenti, Stock, .
  23. Le Monde du 2 juin 1960 : [9]
  24. Corinne Grenouillet, Lecteurs et lectures des communistes d'Aragon, Presses Universitaires de Franche-Comté, 2000 [10]
  25. Il est arrêté le 24 mai 1952 : Ce Soir, 27 mai 1952, Ibid., 13 juillet 1952, Ibid., 20 juillet 1952, "M. André Stil est libéré"
  26. « M. André Stil se plaint des conditions de sa détention », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  27. Paris-presse, L’Intransigeant, 27 août 1953, Ibid., 12 avril 1953, Ibid., 25 mars 1953
  28. La Défense, 7 juin 1952, Maurice Lemaître, Journal d'un militant, Les lettres libres, 1982
  29. Pierre Campion: Sartre et Aragon, sur le site louis-aragon-item.org, 18 avril 2013 : Lire en ligne
  30. François Mauriac, Mémoires politiques, Grasset, 2004, Article Le pour et le contre de juillet 1952
  31. « Deux des quatre communistes de la Somme accusés par M. André Stil se soumettraient au comité central », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  32. Paris-presse, L’Intransigeant, 27 décembre 1952
  33. « Le parti communiste présente M. André Stil », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  34. « M. André Stil communiste arrive nettement en tête », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  35. « Mme Peyroles l'emporte sur M. André Stil », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  36. Paris-presse, L’Intransigeant, 16 mars 1954
  37. Notice du Maitron, Jacques Henric, Politique, Seuil, 2007, Claude Estier, Dix ans qui ont changé le monde : journal 1989-2000, éditions Bruno Leprince, 2000 (Lire en ligne), Jean Baby, Critique de base, le Parti communiste français entre le passé et l'avenir, Maspero, 1960 (Lire en ligne), Daniel Cohn-Bendit, Le Gauchisme, remède à la maladie sénile du communisme, Seuil, 1969, Mikhaïl Narinskiy et Maurice Vaïsse (dir.), Les crises dans les relations franco-soviétiques, 1954-1991, Pedone, 2009, p. 69
  38. Sacker Richard, Michael Kelly, A radiant future: the French Communist Party and Eastern Europe, 1944-1956, Peter Lang, 1999, p. 335
  39. Bonet 2013, p. 221.
  40. « Les évènements vus par M. André Stil », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  41. Sacker Richard, Michael Kelly, op; cit., p. 287: Il tient une conférence sur ce thème à Paris le 17 décembre 1956, publiée sous le titre Je reviens de Budapest
  42. « M. Stil sera interrogé demain », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  43. « Saisie d'un ouvrage de M. André Stil », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  44. « Aucune inculpation n'ayant suivi la saisie, le livre de M. André Stil est remis en vente », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  45. « Andrieu, nouveau rédacteur en chef de l'Humanité », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  46. L'Humanité, 6 mai 1993
  47. Marie-Cécile Bouju, Les maisons d’édition du Parti communiste français 1920-1968, Presses universitaires de Rennes, 2010 : Lire en ligne
  48. « La vérité d'André Stil », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  49. « François Nourissier et André Stil élus à l'académie Goncourt », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  50. Hervé Hamon, Patrick Rotman, Les Intellocrates : expédition en haute intelligentsia, Ramsay, 1981
  51. Jean-Yves Mollier, Édition, presse et pouvoir en France au XXe siècle, Fayard, 2008, p. 299
  52. Josyane Savigneau, « 1988 : Grasset et le "grain de sable », Le Monde,‎ (lire en ligne).

Bibliographie

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  • Collectif, André Stil : un écrivain du Nord dans le 20e siècle, les éditions nord avril, , 272 p. (ISBN 978-2-36790-142-8)
  • Nord', Revue de critique et de création littéraire, dossier André Stil, no 51,

Liens externes

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