720 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE
voyant que je ne m'habillais pas, mais, je vous en prie, hâtez-vous, car si vous me faites manquer le sabbat, le Maître m'infligera une amende.
Je revêtis mon costume de chasse : ma veste, ma culotte et mes bas. Alors Katje s'approcha de la che- minée et me dit d'enfourcher mon balai en fermant l'œil droit. Elle-même cependant resta les deux yeux bien ouverts.
�� ��Je ne puis rien dire de mon voyage à travers les nuages. L'instant du départ pour le sabbat est impossible à saisir, de même qu'on ne peut prévoir la minute à laquelle on s'endormira. J'attendais avec curiosité les signes précurseurs de mon élévation et, tout d'un coup, je me trouvai, sans avoir eu conscience de m'être endormi, au centre d'un carrefour, dont l'herbe me parut brûlée, autant que l'obscurité me permit d'en juger. Avec peine, je fis tous mes efforts pour identifier le lieu où je me trouvais.
Devant moi, au coin d'une des routes forestières formant le carrefour, une croix gisait sur le sol. Une fraîche odeur d'étang montait à mes narines.
La forêt autour de moi était silencieuse. La haute silhouette d'une fille nue se détachait sur le ciel : c'était Katje. Sa présence ne dissipa- pas une certaine inquiétude et, pour être franc, l'impression très nette de jouer un rôle peu correct dans une scène d'une perversité naïve.
Soudain, je vis Katje agiter ses bras. Elle se pencha
�� �