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Page:NRF 14.djvu/381

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MŒURS SCIENTIFIQUES EN AUSPASIE 375

que le Professeur Joachim Juredieu-Desbrosses occupe à rextrémité ouest du bâtiment.

Léonard heurta l'huis d'un doigt tremblant ; mais un brusque réconfort lui vint à entendre retentir certaine voix frêle, affectueuse et brisée qui disait : « Entrez ! »

Beau vieillard au visage noble et doux, M. Juredieu- Desbrosses était assis, ou plutôt tapi entre des piles de dossiers et d'ouvrages sur lesquels neigeait une poussière épaisse. Le savant vint au-devant de Léonard, lui étrei- gnit les mains et le poussa dans un fauteuil profond comme un fiord.

— Je pense, disait-il, mon ami, que vous n'avez pro- bablement pas échappé à la dernière et si cruelle épidémie de fièvre de Malte et je suis content de voir que vous vous en êtes heureusement tiré : votre mine est satis- faisante. N'a-t-il pas été question pour vous d'un joli mariage? Il paraît que vous avez passé vos dernières vacances en montagne. J'y fus aussi...

Léonard laissa s'épancher cette charmante sollicitude, puis il saisit l'occasion d'un petit silence pour trahir son principal souci :

— J'espère, maître, que vous avez bien reçu copie d'un mémoire...

Léonard n'alla pas plus avant. M. Juredieu-Desbrosses s'était levé avec précipitation. II courut fermer la double porte, vérifia que la bibliothèque voisine était déserte et revint à Léonard en lui montrant un visage décomposé par la frayeui^.

— De grâce, dit-il, de grâce, mon ami, parlez plus bas !

11 regagna son siège, appliqua sur son cœur une main

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