l'isolement 261
durant la journée, sont une masse qui, du plafond où ils sont pendus, éclaire la pièce ; un parfum d'empois embaume la boutique ainsi que Tétait l'intérieur de ma moustiquaire et, dès le seuil, fait de ces corsages usagés des vêtements tout neufs.
Une averse avait commencé à crépiter sur le toit de feuilles de la pièce où nous allions dormir. Aux premiers bruits des gouttes, je dis à mon compagnon de chambre : " Enfin !.. je vais cette nuit dormir à l'abri !.. "
Il me répondit par un ricanement bref qui devança ces paroles : " Nous avons bien encore pour deux mois de pluie... "
Et moi : " Je m'en fous... pourvu que mes nuits ne soient pas à la belle étoile... si j'ose dire, en oubliant le beau ciel-de-lit que faisaient les branches des arbres... "
Eh ! oui ! Cette nuit-là allait être la première durant laquelle depuis quinze jours je dormirais abrité !.. Mais, à cause de ce bruit de pluie qui froissait le silence de la chambre, à cause des entre-deux des claies dont étaient faites les murailles, l'obscurité dans ilaquelle nous respi- rions, Montert et moi, était la froide et humide nuit du dehors qui aurait mis ma chair en contact avec la moiteur des feuilles et des troncs de toute la forêt ; je sentais de mon lit que la factorerie moisissait.
Montert me dit : " Attends !.. je vais éclairer... " Il sortit de sa moustiquaire et alluma son photophore à l'aide d'une brindille à laquelle il mit le feu en plaçant l'extrémité soufrée sur la braise de l'amadou d'un briquet.
Et soudain je vis le vide autour de moi.
La chambre me parut à cet instant plus délabrée qu'à
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