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Page:NRF 14.djvu/181

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SI LE GRAIN NE MEURT I75

Je ne sais quels revers précipitèrent dû fond de l'Ecosse sur le continent les enfants Shackleton. Le pasteur Roberty, qui lui-même avait épousé une Ecos- saise, connaissait, je crois, cette famille et c'est lui qui recommanda l'aînée des filles à ma grand'mère. Tout ce que je vais redire ici, je ne l'appris, il va sans dire, que longtemps ensuite, par ma mère elle-même, ou par des cousins plus âgés.

C'est proprement comme gouvernante de ma mère que Mademoiselle Shackleton entra dans notre famille. Ma mère allait bientôt atteindre l'âge d'être mariée ; il parût à plus d'un qu'Anna Shackleton, encore jeune elle- même, et de plus extrêmement jolie, pourrait faire tort à son élève. La jeune Juliette Rondeaux était du reste, il faut le reconnaître, un sujet quelque peu décourageant. Non seulement elle se retirait sans cesse, et s'efFaçait chaque fois qu'il aurait fallu briller ; mais encore ne perdait-elle pas une occasion de pousser en avant Made- moiselle Anna, pour qui elle s'était éprise d'une amitié très vive. Juliette ne supportait pas d'être la mieux mise ; tout la choquait, de ce qui marquait sa situation, sa for- tune, et les questions de préséance entretenaient une lutte continuelle avec sa mère et surtout avec Claire sa sœur aînée.

Ma grand'mère n'était point dure, assurément ; mais sans être précisément entichée, elle gardait un vif senti- ment des hiérarchies. On retrouvait ce sentiment chez sa fille Claire, mais qui n'avait pas sa bonté — qui même n'avait pas beaucoup d'autres sentiments que celui-là, et s'irritait à ne le retrouver point chez sa sœur ; elle ren- contrait, à la place, un instinct, sinon précisément de

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