droguer
Étymologie
modifierVerbe 1
modifierdroguer \dʁɔ.ɡe\ transitif 1er groupe (voir la conjugaison) (pronominal : se droguer)
- (Vieilli) Traiter avec des drogues.
Le maquignon de bas étage […] tripote, drogue, maquille, défigure un cheval sur lequel il veut gagner quelques pistoles.
— (Gabriel Maury, Des ruses employées dans le commerce des solipèdes, Jules Pailhès, 1877)Tout ici, tout ce qui se mange et qui se boit, est drogué : il y a 35 000 microgrammes de LSD dans les bonbonnes de cidre, de la mescaline dans la salade de carotte, du peyote dans le poulet, du LSD encore dans le pain.
— (Jean-Pierre Cartier et Mitsou Naslednikov, L’univers des hippies, Fayard, 1970, page 128)
- (En particulier) Donner une substance qui agit sur l’esprit (psychotrope) ou sur le corps.
Certains traitements psychiatriques ne consistent qu’à droguer à outrance le patient.
Dans les boîtes de nuit, certains personnes droguent les filles pour pouvoir abuser d’elles.
- (Par extension) Agir sur l’esprit, modifier, exacerber ou altérer la perception de la réalité.
- L’extasy drogue ses consommateurs.
- (Sens figuré) Abrutir, rendre dépendant.
La télévision drogue le consommateur pour mieux faire passer les publicités.
- L’État drogue les gens avec la télévision pour garder le pouvoir.
- (Pronominal) (Réfléchi) (Pronominal) (Familier) Consommer une drogue, avoir l’habitude d’en consommer, être dépendant d’une drogue.
Il se drogue depuis plusieurs mois.
Nous nous droguons parce que l’alcool et la musique ne suffisent plus à nous donner le courage de nous parler.
— (Frédéric Beigbeder, 99 francs, Gallimard, 2000, collection Folio, page 182)
Synonymes
modifier- médicamenter (1)
Hyponymes
modifier- se droguer
- se shooter (Anglicisme)
Traductions
modifierVerbe 2
modifierdroguer \dʁɔ.ɡe\ intransitif 1er groupe (voir la conjugaison)
- Jouer au jeu de drogue.
Le capitaine : Paulin !… Que diable fais-tu là ?
— (Eugène Labiche et Marc-Michel, On demande des culottières, 1851, scène 19)
Paulin : Je drogue !…
Falaise (à part) : Nous droguons !
- Porter sur le nez le bâton nommé drogue lorsque que l'on perd à ce jeu.
- (Vieilli) S’ennuyer en attendant quelqu’un. Se dit par allusion au jeu où l’on gardait la drogue sur le nez jusqu’à ce que l’on eût gagné.
De temps en temps, il regardait sa petite tocante en plaqué or, et il se demandait si on allait le faire droguer encore à n’en plus finir.
— (Marcel Aymé, Maison basse, chapitre VI. Éditions Gallimard, collection « Blanche », 1935, repris dans le tome II (page 215) des Œuvres romanesques complètes de Marcel Aymé, aux éditions Gallimard, dans la Bibliothèque de la Pléiade.)De sa dernière permission de France, il était rentré avec un cafard pire : une fiancée lui avait glissé entre les doigts après l'avoir fait droguer quinze jours.
— (Joseph Peyré, Croix du Sud, chapitre VIII ; Le Livre de Poche, Paris, 1966, p. 80)Pourvu qu'il ne me fasse pas droguer trop longtemps, dit la Chouette…
— (Eugène Sue, Les Mystères de Paris, Quarto Gallimard, p. 810.)
Prononciation
modifier- France (Lyon) : écouter « droguer [Prononciation ?] »
- Somain (France) : écouter « droguer [Prononciation ?] »
Références
modifier- Tout ou partie de cet article a été extrait du Dictionnaire de l’Académie française, huitième édition, 1932-1935 (droguer), mais l’article a pu être modifié depuis.
- Inspiré du Dictionnaire encyclopédique Quillet, Paris, 1934.