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Hidjab

voile couvrant la tête de certaines femmes musulmanes

Le hidjab[1],[2] ou hijab[a],[3],[4] (arabe : حِجَاب, ḥijāb, prononcé /ʔid͡ʒab/[b], /ħɪˈd͡ʒaːb/[c] ou /ħeˈɡæːb/[d]), ou simplement voile ou foulard, désigne un vêtement porté par des femmes musulmanes et qui couvre leur tête en laissant le visage apparent.

Femme portant un hidjab en Inde.

Le port du hidjab trouve sa source dans certaines interprétations du Coran, où il n'est jamais explicitement mentionné selon des réformateurs, ainsi que dans les hadiths.

Au contraire, des oulémas, tant sunnites (issus des quatre écoles de jurisprudence ; malikite[5], chaféite[6], hanbalite[7], hanafite[8]) que chiites, estiment quant à eux, à l'unanimité, le caractère obligatoire du couvrement des cheveux pour la femme musulmane, en s'appuyant sur les sources du Coran (33 : 59) et des hadiths[9].

La polémique du hidjab dépasse le cadre religieux, depuis le tournant du XXIe siècle. Le dévoilement des femmes qui contestent le port du hidjab est appelé al-sufûr.

Lorsque le visage est couvert aussi, on ne parle pas de hidjab mais plutôt de voile intégral qui peut prendre la forme d'un niqab, d'un sitar ou d'une burqa.

Origine du voile

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Le voile est d'origine proche-orientale, et bien plus ancien que l'Islam. Déjà mentionné dans la tablette A 40 des lois assyriennes du roi Teglath-Phalasar Ier vers 1000 av. J.-C., il est une obligation pour les femmes et filles d'hommes libres et interdit aux esclaves et prostituées[10] :

« Les femmes mariées […] qui sortent dans la rue n'auront pas leur tête découverte. Les filles d'hommes libres seront voilées. La concubine qui va dans les rues avec sa maîtresse sera voilée. La prostituée ne sera pas voilée, sa tête sera découverte. Qui voit une prostituée voilée l'arrêtera […]. Les femmes esclaves ne sont pas voilées et qui voit une esclave voilée l'arrêtera. »

— Loi assyrienne, attribuée au roi Téglath Phalazar Ier (1112-1047 av. J.-C.). Tablette A 40[11].

Dans le code d'Hammourabi au XVIIIe siècle av. J.-C., la femme libre, contrairement à l'esclave, porte le voile sous peine de sanctions. Un texte assyrien en fait un signe distinctif de la femme honorable (contrairement aux esclaves, prostituées et filles des rues). Dans la période antique, grecque puis romaine, le voile a la même fonction. C'est un signe de distinction sociale.

Le rabbin Josy Eisenberg souligne que « les lois antiques des civilisations sémitiques comme celles des Assyriens, obligeaient le port du voile aux femmes mariées »[réf. nécessaire].

La question du voile se pose dans les premières communautés chrétiennes. Saint Paul dans la Première épître aux Corinthiens note :

« L'homme lui ne doit pas se voiler, il est l'image de la gloire de Dieu, mais la femme est la gloire de l'homme… C’est pourquoi la femme doit avoir sur la tête un signe de sa dignité, à cause des anges[12] »

et : « Pour la femme, la chevelure lui a été donnée en guise de voile[13]. »

Dans la plupart des campagnes de France, jusqu'au milieu du XXe siècle, les femmes se couvraient les cheveux d'un petit foulard de tête, ou d'un voile léger en dentelle (mantille), pour aller à l'église. L'usage de la mantille a persisté en Espagne, notamment, ainsi que pour des femmes ayant audience avec le Pape.

Pour certains auteurs, le voile islamique s'inscrit dans la continuité du voile préislamique[14]. D’autres historiens s'accordent en revanche sur la fonction du voile ; cette couverture portée sur les cheveux aurait pour vocation de distinguer les femmes esclaves des femmes libres. D’après eux, aux premiers temps de l'islam, dans la ville de Médine, il aurait été ainsi recommandé aux femmes de le porter lorsqu'elles sortaient du domicile, la nuit, pour faire leurs besoins dans la rue - comme c'était l'usage à cette époque - afin que les hommes ne les confondent pas avec des esclaves dont ils pouvaient librement abuser[15][réf. à confirmer].

Terminologie

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Le terme « hidjab » (en arabe : حِجَاب, ḥijāb) est dérivé de la racine -j-b[16], hadjaba qui signifie « dérober au regard, cacher ». Par extension, il prend également le sens de « rideau », « écran »[14]. Le champ sémantique correspondant à ce mot est plus large que pour l'équivalent français « voile » qui couvre pour protéger ou pour cacher, mais ne sépare pas.

Selon les pays et les courants religieux, sa forme diffère : en Iran, par exemple, il s'appelle tchador et ne cache pas le visage ni les vêtements de la femme; par contre, en Afghanistan, dans certaines régions du Pakistan ou d'Inde où il s'appelle tchadri, il cache tout le corps ne laissant voir que le bas de ses jambes couvertes d'un pantalon (la femme sous son voile est habillée d'un pantalon recouvert d'une robe tombant légèrement sous les genoux) et à l'occasion ses bras et ses mains. Quand il s'appelle burqa, au sens qu'on lui donne depuis la fin des années 1980, il ne laisse rien voir du corps de la femme, ni ses mains, ni ses pieds : les Occidentaux l'appellent « voile intégral ». Traditionnellement, tchadri et burqa étaient des termes synonymes bien que le second ne soit connu que de l'intelligentsia afghane, et ait été très modifié par l'influence salafiste.

Dans un contexte non arabophone, il désigne plus particulièrement le voile que certaines femmes musulmanes portent, couvrant la tête et laissant le visage découvert. Il est aussi appelé « voile islamique ». C'est le cas de pays comme la Malaisie ou l'Indonésie.

Autres noms

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Le voile dans les textes

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Boutique vendant des hijabs et des niqab à Damas en Syrie.

Pendant longtemps, les légistes musulmans, s'appuyant sur le Coran et la Sunna, ont affirmé le caractère obligatoire du port du voile pour les femmes musulmanes[17].

Dans le Coran

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Les légistes musulmans se basent principalement sur la sourate 24 pour conclure à l'obligation, pour les femmes musulmanes libres et nubiles, de porter le voile. Ils se fondent sur le verset 31, qui est considéré comme « peu clair » et qui impose le respect de la pudeur, tant pour les hommes que pour les femmes, et sur le verset 59 de la sourate 33[18]. Dans le Coran, le voile n'est pas un signe de soumission, ni à Dieu, ni aux hommes. Il désigne avant tout un élément de reconnaissance, « qui est réputé les mettre à l'abri des insultes et autres agressions extérieures »[18].

Le hidjab coranique

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Le mot « hidjab » est utilisé sept fois dans le Coran. Dans cinq cas, il évoque une barrière d'ordre spirituelle. Dans aucun cas il ne fait référence à un vêtement féminin[19]. Hidjab signifie « séparation », et dans un sens concret il se traduit la plupart du temps par « rideau » : il est devenu le symbole d'une séparation, même si dans le Coran, il ne signifie pas obligatoirement que ce soit entre les hommes et les femmes[20].

Dans le verset 53 de la sourate 33, le Coran évoque une séparation avec les femmes de Mahomet[20] : « Et si vous leur demandez (aux femmes du prophète) quelque objet, demandez-le leur derrière un rideau : c'est plus pur pour vos cœurs et leurs cœurs[21]. » Mais il s'agirait plutôt de distances et d'obstacles qui interdiraient les contacts directs des invités du prophète avec ses femmes. Cette séparation, d'abord réservée aux femmes de Mahomet, se serait ensuite postérieurement étendue aux femmes musulmanes en général[22].

Van Reeth voit cette disposition comme un possible reflet de l'attitude misogyne d'Umar. Il est possible de voir dans l'évocation du hidjab un arrière plan biblique : l'auteur évoque le voile de Moïse ou le voile eschatologique. Néanmoins, ici, il s'agit clairement d'un rideau et ce verset n'est en aucun cas une prescription du port du voile[23].

Sourate 24, verset 31

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« Et dis aux croyantes de baisser leurs regards, de garder leur chasteté, et de ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît et qu'elles rabattent leur [khimar] sur leur poitrine ; et qu'elles ne dévoilent leurs charmes qu'à leurs maris, ou à leurs pères, ou aux pères de leurs maris, ou à leurs fils, ou aux fils de leurs maris, ou à leurs frères, ou aux fils de leurs frères, ou aux fils de leurs sœurs, ou aux femmes musulmanes, ou aux esclaves qu'elles possèdent, ou aux domestiques mâles impuissants, ou aux garçons impubères qui ignorent tout des parties cachées des femmes. Et qu'elles ne frappent pas avec leurs pieds de façon que l'on sache ce qu'elles cachent de leurs parures. Et repentez-vous tous devant Allah, ô croyants, afin que vous récoltiez le succès. »

— Coran, XXIV, 31 ; trad. Muhammad Hamidullah.

D'après les données hagiographiques de la vie de Mahomet, cette sourate XXIV serait à dater de 626, mais des éléments y auraient été ajoutés. Cette sourate est, pour les spécialistes, composite. En particulier, pour Bell, le verset 30 est un ajout plus tardif[24]. Dans les versets 30-31, le mot « voile » n'apparaît pas. Le mot traduit par « fichu » ici est le mot arabe « khoumour » (خُمُرِ, au singulier, khimar), d'une racine signifiant « voile, ce qui cache », qui qui peut signifier tout drap ou vêtement que portait la femme[réf. nécessaire]. Quant au terme rendu par « poitrine », il s'agit du terme arabe « jouyoub » (جُيُوب, fente, ouverture sur le devant d'une chemise), que d'autres traducteurs ont rendu par échancrure, gorge, seins, ou encore décolleté[25]. Le terme jouyoub est utilisé par le Coran au singulier jayb à propos de Moïse (27:12 ; 28:32) dans le sens de l'ouverture de la chemise. Le terme « charmes » ( زِينَة, ornement ou beauté physique, parfois traduit par agrément, atours, ornements, nudité…) a été perçu fautivement par certains juristes comme mot désignant le visage[26]. M. Azaiez précise que cette injonction ne vise que la poitrine et non les visages : marcher en frappant du pied fait bien sautiller la poitrine de manière suggestive, mais ne trahit rien du visage s'il est couvert.

L'élargissement au cheveux provient des « juristes et [d]es exégètes musulmans [qui] ont une conception plus large et considèrent que ce voile doit couvrir non seulement la poitrine mais également les cheveux, les oreilles et la gorge »[27].

  • Abou Mohamed ibn Hazm dit en effet, de ce verset dans son ouvrage Al-Muhalla, que "Dieu leur a commandé de rabattre les voiles « khoumour » sur leurs poitrines. Il s’agit d’un texte stipulant l’obligation de couvrir la nudité « ‘awra », du cou et de la poitrine, ainsi que la permission de dévoiler le visage. Il ne peut signifier autre chose"[28]
  • Al-Qurtubi, dans son ouvrage jami’ al-bayan, interprète ce verset dans le sens où « Dieu dit de rabattre les voiles « khoumour », pluriel de « khimar » sur les poitrines « jouyoub » afin de couvrir leurs cheveux, leurs cous et leurs boucles d’oreilles »[29]
  • Abou al-Layth As Samarqandî, dans son exegèse du coran, Bahr Ul Ulûm, considère que le sens du passage "et qu’elles rabattent leur voile sur leurs poitrines", se réfère donc sur la poitrine mais aussi sur le cou. Citant les propos d'Ibn ‘Abbas affirmant : « Avant la révélation de ce verset, les femmes amenaient leurs voiles derrière elles à la manière des nabatéens. Lorsque ce verset fut révélé, elles rabattirent les voiles sur la poitrine et le cou » il affirme que le sens : « ne montrer de leurs atours que ce qui en paraît », invite à ne pas laisser apparaître les parties du corps qui portent les parures que sont les pieds, les bras et la tête car la poitrine porte le collier, le pied porte le bracelet de chevilles, les bras portent les bracelets et la tête porte le diadème[30].
  • Abou al-Walid al-Baji dans son ouvrage al-mountaqa sharh al-mouwatta (lui-même reprenant une explication de l'ouvrage Al-Muwatta de l'Imam Malik) reprend une interprétation semblable du verset, en ce sens que le voile doit couvrir le cou, le toupet de cheveux et les mèches de cheveux, rien ne devant paraître à l’exception du tour du visage[31]
  • Ibn Kathir dans son exégèse reprend un sens semblable « Elles rabattent les voiles sur les poitrines pour couvrir la partie supérieure de leurs poitrines afin de se distinguer des caractéristiques des femmes en période préislamique qui ne le faisaient pas. Au contraire, la femme avait l’habitude de passer devant les hommes en laissant apparaître la partie supérieure de sa poitrine, ainsi que son cou, ses tresses de cheveux et ses boucles d’oreilles. Dieu commanda donc aux femmes de couvrir ceci »[32]Sur le sens du terme "khoumour" Ibn Khatir stipule que : « Le terme khoumour est le pluriel de khimar qui est la chose avec laquelle on cache une autre chose. C'est-à-dire que le khimar est la chose avec laquelle on couvre la tête »[33]

Des parallèles thématiques clairs et des parallèles linguistiques apparaissent entre ce texte et la Didascalie des apôtres malgré certaines différences (la Didascalie ne s'adresse qu'aux femmes). Cette proximité prouve l'existence « d'un environnement légal commun qui suggère que l'auditoire du Coran connaissait la Didascalia syriaque »[34]. Medhi Azaiez compare ces prescriptions à celles du Nouveau Testament[27].

Sourate 33, verset 59

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Les versets 28 à 59 forment la partie la plus complexe de cette sourate, possiblement fortement remaniée et réduite[35].

« Ho, le Prophète ! dis à tes épouses, et à tes filles, et aux femmes des croyants, de ramener sur elles leurs grands voiles : elles en seront plus vite reconnues et exemptes de peine. Et Dieu reste pardonneur, miséricordieux. »

— Coran, XXXIII, 59 ; trad. Muhammad Hamidullah.

Le terme utilisé dans ce verset (djalâbib, pluriel de djilbab) « est d'origine éthiopienne et désigne un manteau et n'a donc rien d'un voile »[23]. Aussi, quand des éditions traduisent : « dis […] de ramener sur elles leurs voiles » ou « grands voiles », André Chouraqui préfère traduire par « dis […] de resserrer sur elles leur mante »[36]. Ce verset ne précise pas quelle(s) partie(s) du corps il faudrait cacher. « La réponse à cette question dépend de la définition adoptée de la ’awra de la femme musulmane libre : son corps entier à l'exception de son œil gauche, sa chevelure... »[18].

Le mot djilbab signifierait ici plutôt un « drap » qu'un quelconque habit, et permettrait de cacher l'identité donc couvrir ou découvrir le visage. Cacher l'identité des réfugiées de la Médine au début de leur refuge (la Hejra vers la Médine) diminuerait les offenses des originaux de la cité ; mais ultérieurement quand grandissait la force et le pouvoir des Musulmans à Médine il s'agissait plutôt de découvrir le visage voire l'identité pour diminuer les offenses[réf. à confirmer][37].

Le verset 59 n'est probablement pas une prescription pour les musulmanes à se voiler pour les réformistes, malgré la précision "et aux femmes des croyants". Ce verset évoquerait seulement les femmes de la famille de Mahomet qui rabattent un bout de leur manteau sur leur visage[23]. Des penseurs se sont interrogés sur le fait de savoir si une prescription faite aux femmes de Mahomet s'appliquait à toutes les femmes croyantes[20]. Le verset 69 permet de relier ce passage avec la vie de Moïse « dont nous ignorons également la nature exacte »[23].

Pour les traditionalistes et exégèses musulmans, l’expression « et aux femmes des croyants » affirme qu’il s’agit-là d’une prescription qui englobe toutes les femmes.

Muqatil ibn Sulayman dit dans son exégèse sur ce verset : « C’est-à-dire : On saura d’après leur tenue vestimentaire qu’elles ne sont pas des femmes douteuses et qu’elles sont des femmes chastes, nul ne pourrait donc les convoiter »[38]

Pour le traditionaliste réformateur Mustafa al-Maraghi , le voilement cité dans le verset est « plus à même de mettre en évidence leur chasteté ». Ainsi, personne ne les importunera et elles ne seront exposées à aucun mal provenant des gens douteux et ce, par respect envers elles. En effet, la femme qui exhibe son corps est un objet de convoitise et un regard irrespectueux et moqueur est porté sur elle comme nous pouvons le constater de tout temps et en tout lieu, en particulier à cette époque où l’exhibition, la débauche et la perversité se sont répandues"[39]

Dans les hadiths

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Selon les hadiths inclus dans la légende Miraj, Mahomet visite l'Enfer avec Bouraq et Gabriel et voit que les «femmes sans vergogne» sont punies à jamais pour avoir montré leurs cheveux à des inconnus. (Miniature Iranienne, 15e siècle)

D'après Ya'qoub ibn Ka'b (ar), Mou'ml ibn al-Fadl (ar), Al-Walid ibn Mouslim al-Qouraïchi, Sa'id ibn Basahir al-Azdi, Qatada (en) et Khalid ibn Mahran al-Hadha (ar), la mère des croyants Aïcha a dit :

« Asma bint Abi Bakr est rentrée auprès du Messager d'Allah (que la prière d'Allah et Son salut soient sur lui) alors qu'elle portait un vêtement léger. Le Messager d'Allah (que la prière d'Allah et Son salut soient sur lui) s'est alors détourné d'elle et a dit : « Ô Asma ! Certes lorsque la femme atteint l'âge des menstrues, il convient que l'on voit d'elle que cela et cela » et il a montré son visage et ses deux mains. »

.

Bien qu'Abou Dawoud, qui rapporte le hadîth dans ses Sounan (au no 4104), précise que sa chaîne de transmission (isnad) est interrompue (moursal) car Khalid al-Hadha n'a jamais rencontré Aïcha de son vivant, le cheikh salafiste Muhammad al-Albani le considère comme authentique (sahih) en raison de la présence d'un récit similaire dans les Sounan (en) d'Al-Bayhaqi ainsi que dans les écrits d'Al-Moundhiri (ar) et de Dhahabi[40].

D'après 'Orwa Ibn Zoubayr, 'Aicha a dit : « Qu'Allah fasse miséricorde aux premières femmes mouhajirat (C'est-à-dire celles qui ont émigré dans le sentier d'Allah de La Mecque vers Médine) ! Lorsqu'Allah a révélé le verset : - Et qu'elles couvrent leurs jouyoub avec leurs khoumour - elles ont déchiré leurs robes et les ont utilisé comme khimar ». (Rapporté par Boukhari dans son Sahih n°4758)[41]

Le verset cité dans le hadith est le verset 31 de la sourate 24 al Nour. Selon les traditionalistes musulmans, ce hadith montre qu'avant la révélation de ce verset, les femmes arabes ne portaient pas forcement de voiles. L'imam Ibn Kathir considère que « Dans ce verset, Allah a ordonné aux femmes de se différencier des habitudes qu'avaient les femmes durant la Jahiliya (l'époque pré-islamique dans la péninsule arabique). À cette époque, la femme passait parmi les hommes avec une ouverture au niveau de la poitrine que rien ne cachait et il arrivait qu'elle montre son cou, les tresses de ses cheveux et ses boucles d'oreilles »[42]

Les traditionalistes mettent également en avant l'obligation du port du voile pour valider la prière islamique pour la femme pubère. Ainsi, Abou Daoud, at-Tirmidhi, Ibn Majah et Ahmed rapportent d’après Aïsha que le Prophète dit : « Dieu n’accepte pas la Prière d’une fille qui a atteint l’âge de la puberté sans être couverte d’un voile ». Pour Abd al-Razzaq al-San'ani, l’expression : « sans être couverte d’un voile » prouve que la femme doit se couvrir la tête et le cou et tout ce que le voile couvre[43]. Ali al-Qari écrit, dans son ouvrage Mishkat al-Masabih, que l'imam Ash-Shâfi'î a affirmé que « Si une partie de son corps, en dehors du visage et des mains, se découvre, elle devra refaire la Prière.»[44]

Fonction du voile

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Le voile peut être interprété comme une protection pour la femme[45] et pour l'homme contre le désir sexuel[46]. Le voile permettrait de cacher les atours féminins afin de ne pas attirer le regard des hommes. À l'inverse, les pulsions masculines étant considérées comme incontrôlables[réf. nécessaire], le voile permettrait de ne pas créer la « concupiscence » (notion chrétienne). Cette interprétation ne figure pourtant pas dans le Coran, qui insiste davantage sur l'exigence de modestie et l'absence de vanité dans la toilette, que sur des impératifs strictement vestimentaires. Il s'agit avant tout, dans le texte, de mettre en garde contre le « clinquant », l'« apparat » de la vie matérielle[47].

Par extension, il pourrait servir de marqueur identitaire[48]. La revendication du voile peut être considérée comme « un repli identitaire » qui dépasse l'aspect religieux vers le politique[49]. En effet, le voile est un marqueur triple de l'appartenance à un sexe, à une religion et à une culture[50].

Selon certains responsables politiques comme Manuel Valls, « le voile est un asservissement pour la femme[51]. » D'autres considèrent qu'il participe d'un rabaissement de la dignité de la femme[52] car il serait un signe de « la nature mauvaise et perverse » de la femme. Marquant une limite entre le masculin et le féminin, il permettrait de limiter l'accès aux femmes « aux institutions de la civilisation »[53]. Ces déclarations sont jugées islamophobes par certains médias musulmans de France[54].

Le hidjab comme prescription religieuse

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Charles Gleyre, La Pudeur égyptienne, 1838.
Le peintre, selon un poncif orientaliste, représente ici une Égyptienne préférant montrer sa nudité plutôt que son visage.

Bien que les prescriptions vestimentaires n'occupent qu'une place très marginale dans le Coran, cet aspect est mis au premier plan par les traditionalistes qui tentent de clore le débat sur la question en affirmant que l'obligation de voilement n'est contestée par aucune source islamique et que la question ne se pose pas[réf. nécessaire]. Cependant, les libéraux revendiquent ce débat[réf. nécessaire]. Par ailleurs, il y a eu dans l'histoire contemporaine des différents pays musulmans, certaines périodes de dévoilement (al-sufûr)[réf. nécessaire]. Il n'existe en fait dans le Coran aucune recommandation explicite pour une telle pratique, qui puise son origine aussi bien dans la Jâhilîya pré-islamique que chez certains auteurs chrétiens rigoristes du christianisme primitif comme Paul de Tarse. Ainsi selon l'imame Kahina Bahloul « Le voile n’est pas une obligation religieuse, c’est une question d’interprétation de texte »[55].

Le débat et les interprétations portent généralement sur la partie à cacher qui relève de l'interprétation du concept coranique de 'awra, les parties à dissimuler au nom de la pudeur à la vue des autres, après la puberté, la notion de pudeur étant dialectique : elle se définit objectivement ou subjectivement selon qu'il s'agisse du point de vue du/de la regardé(e) ou du/de la regardant(e). Pour les femmes nubiles, il s'agit, pour la plupart des commentateurs, du corps entier à l'exception du visage et des mains, parfois des pieds[56]. Pour certains courants[Lesquels ?], la 'awra inclut aussi la parole des femmes qu'elles doivent cacher en public[57]. Le compagnon de Mahomet, Abdullah ibn Abbas, ainsi que son élève Moudjahid et également Hasan Al Basri et d'autres, définissent l'expression « ce qui en parait » de la sourate XXIV, verset 31 comme désignant le visage et les mains qu'il n'est pas obligatoire de couvrir. Aïcha, une des épouses de Mahomet, aurait quant à elle indiqué que l'expression désigne le visage, les mains et les pieds.

Chez les traditionalistes eux-mêmes, il y a débat sur l'étendue de la awra (la partie à cacher) de la femme. Abu Hanifa est d'avis que les pieds de la femme ne sont pas une awra tandis que Mâlik ibn Anas ou Ahmad Ibn Hanbal considèrent eux que les pieds de la femme doivent être cachés en se basant sur des avis postérieurs à Mahomet[réf. nécessaire].

La plupart des légistes tempèrent également l'obligation de se voiler[56] si elle entre en contradiction avec cette participation. C'est par exemple le cas pour commercer, ce qui ne peut se faire anonymement et nécessite que l'on montre son visage et ses mains.

Interprétations traditionalistes

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Femmes en Indonésie

Suivant certaines tendances traditionalistes, le hidjab doit correspondre en tout ou en partie à certains critères[réf. nécessaire] :

  • Couvrir tout le corps à l'exception du visage et des mains (et des pieds chez la majorité des hanafites)
  • Ne pas être une belle parure en lui-même
  • Être opaque
  • Être large, non moulant
  • Ne pas être parfumé
  • Ne pas ressembler aux habits des hommes
  • Ne pas symboliser les habits des non-musulmanes
  • Ne pas attirer le regard

Contestation de l'interprétation traditionaliste

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Plusieurs penseurs libéraux contemporains, spécialistes de l'islam, se sont employés à remettre en question l'obligation du hidjab :

  • À partir des sources religieuses elles-mêmes : en contestant le sens donné par les traditionalistes à certains termes coraniques, dont aucun ne réfère explicitement aux cheveux, en rappelant que les trois versets du Coran utilisés par certains théologiens pour affirmer que le voile des femmes est une obligation ont été révélés pour remédier à des situations spécifiques : pour l'un, imposer le respect de l'intimité et du domicile du prophète de l'islam Mahomet, l'autre aux femmes de Mahomet qui doivent s'habiller d'une certaine façon afin d'être reconnues et de ne point être importunées et la troisième au fait qu'il faut couvrir la poitrine (entre les seins); ou encore en remettant en cause l'authenticité du hadith invoqué par les traditionalistes à l'appui de leur démonstration; enfin en notant que, si elle existe, cette prescription n'est assortie, ni dans le Coran ni dans les hadith, d'aucune sanction.
  • À partir d'une analyse du contexte socio-culturel : les libéraux estiment que les Anciens ont tenu le voilement pour une évidence parce qu'ils baignaient dans un contexte socio-culturel où les normes vestimentaires d'inspiration bédouine étaient très ancrées. Si les oulémas qui leur ont succédé (depuis ceux des grandes écoles jurisprudentielles sunnites, chiites, ibadites jusqu'à ceux d'aujourd'hui) n'ont jamais songé à prendre leurs distances avec les Anciens sur cette question, c'est justement, selon les libéraux, parce que leur mode d'apprentissage et de pensée consiste à assimiler les arguments développés par ces Anciens sans les remettre en cause, alors même que l'évolution de nos sociétés contemporaines nécessiterait une réévaluation de la signification de cette norme vestimentaire.

De tous les éléments ci-dessus, ces libéraux déduisent que le voile n'est pas un principe fondamental de l'islam, et encore moins une prescription. On peut citer parmi eux, par exemple, l'historien Mohamed Talbi, Iqbal Baraka (journaliste égyptienne), Muhammad Saïd al-Ashmawi (ancien magistrat et spécialiste de droit musulman et comparé) ou encore Gamal El Banna (frère du fondateur des Frères musulmans). En revanche, les libéraux s'accordent tout de même avec la majorité des théologiens (oulémas) sur l'obligation de bienséance dans les vêtements et de pudibonderie dans les attitudes (aussi bien pour les hommes que pour les femmes).

Selon certains commentateurs, le terme désignerait dans le Coran (sourate 33 verset 53), un obstacle (rideau, paravent, voile, tenture)[58]. Dans ce contexte, le terme renverrait plus précisément à une barrière symbolique, à une frontière séparant les Hommes de Dieu, ou à une frontière séparant les croyants des non-croyants[59]. Ainsi, selon Éric Chaumont, dans les sociétés musulmanes, la question a rarement eu l'importance qu'elle revêt aujourd'hui et le thème du voile n'a été abordé généralement dans la littérature musulmane que d'un point de vue théologique[56]. Il s'agirait par ailleurs d'un obstacle offusquant la vision de Dieu et non d'une tenue vestimentaire[56].

Critique du voile

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Femme iranienne du sud (Bandari) portant un hidjab fixé par un battula (en)[60] en métal.

Le voile est souvent présenté comme un signe de reconnaissance des femmes de musulmans, qui les met à l'abri des « agressions extérieures ». Néanmoins, les commentateurs musulmans ont souvent abordé le sujet sous l'angle de l'éthique musulmane qui favorise la primauté masculine[56].

Considéré par certains comme un signe d'appartenance librement consenti et par d'autres comme un outil de réclusion et d'humiliation, il soulève des questions largement débattues ou commentées pour des points de vue divergents, s'écartant de la question plus générale de l'éthique vestimentaire dont il relevait traditionnellement[56][Quoi ?].

Le voile fait l'objet de polémique dépassant le cadre religieux[61]. Il est considéré par certains comme une remise en cause de la dignité de la femme. Il serait une pression exercée sur la femme voire une oppression patriarcale ou masculine[62] qui irait jusqu'à la négation de sa personne[52]. Le voile participe à maintenir la « femme musulmane dans une sorte de réclusion » par un enfermement de leur corps[14],[63]. Il irait à contre-courant du mouvement de l'égalité hommes-femmes[63] et aurait une dimension politique ou idéologique[64].

Selon la chargée de mission pour l'Éducation nationale, Hanifa Chérifi[65], « Entre le voile [hidjâb] et la burqa, il n’y a qu’une différence de degré, non de nature »[66].

La Turquie était de 1928-2008[67] le seul pays à majorité musulmane a avoir interdit le port du voile dans ses universités[68].

Dévoilement

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Le port du voile, à l'origine destiné à distinguer les femmes de bonne famille des esclaves, a été remis en question avec la disparition de cette séparation dans les sociétés modernes. En conséquence, la plupart des grands leaders politiques progressistes du monde arabe en ont déconseillé et « ringardisé » son usage pendant tout le XXe siècle. Ainsi à partir des années 1960, le port du voile ne fut ni imposé et ni spécialement recommandé dans la plupart des pays à majorité musulmane, à l'exception de l'Arabie saoudite (créée en 1932). Cependant, le dévoilement (al-sufûr) rencontra la résistance des campagnes où les femmes continuèrent de porter le voile[69]. Ce n'est qu'au XXIe siècle qu'il est redevenu un enjeu politique majeur, avec la percée de partis politiques islamistes sous l'impulsion de l'Iran et de l'Arabie saoudite.

Égypte

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Le président égyptien Gamal Abdel Nasser et sa famille en 1963.

En Égypte, on considère que la première remise en cause du voile a lieu à la fin du XIXe siècle : Qasim Amin, qui appartient alors au courant de pensée moderniste qui cherche à interpréter l'islam pour le rendre compatible avec la modernisation de la société, s'exprime en faveur d'une évolution du statut de la femme dans son ouvrage Tahrîr al-mar'a (La libération de la femme) publié en 1899. Il s'exprime notamment pour l'éducation des femmes, la réforme de la procédure de divorce et la fin du voile et du confinement des femmes. En ce temps-là, Amin fait référence au voile facial (burqu : voile de mousseline blanche qui recouvrait le nez et la bouche) que portent les femmes de classe aisée en ville, qu'elles soient chrétiennes ou musulmanes. Le hidjab d'alors est effectivement lié à l'isolement des femmes. On considère généralement que c'est à ce moment que le hidjab cesse d'être le symbole d'un statut social et de richesse pour devenir un symbole d'arriération, selon ses détracteurs, et un enjeu social, politique et religieux. En 1923, Huda Sharawi, considérée comme l'une des premières féministes arabes[69], retire son voile facial en rentrant d'une rencontre féministe à Rome, lançant ainsi, d'après de nombreux auteurs, un mouvement de dévoilement (al-sufûr).

Avec la modernisation de l’Égypte au long du XXe siècle, l'usage du voile se raréfie, tout d'abord dans les grandes villes puis dans une large partie de la population. Ainsi, dans les années 1950, le président égyptien et charismatique leader du monde arabe Gamal Abdel Nasser prononce un discours devenu célèbre, dans lequel il ridiculise les Frères musulmans qui voudraient rétablir le port du hidjab dans le pays :

« J'ai rencontré le conseiller général des Frères musulmans. Il a présenté ses demandes. Que demandait-il ? D'abord, m'a-t-il dit, il faut que tu imposes le voile en Égypte, et que tu ordonnes à chaque femme qui sort dans la rue de se voiler. [rires du public ; quelqu'un lance "qu'il le porte lui-même !", rires, applaudissements.] Je lui ai répondu que c'était revenir à l'époque où la religion gouvernait, et où on ne laissait les femmes sortir qu'à la nuit tombée. Moi, à mon avis, chacun est libre de ses choix. […] Je lui répondis : monsieur, vous avez une fille à la faculté de médecine, et elle ne porte pas le voile. Pourquoi ne l'obligez-vous pas à le porter ? [rires du public, applaudissements.] Si vous n'arrivez pas à faire porter le voile par une seule fille, qui plus est la vôtre, comment voulez-vous que je le fasse porter à 10 millions d'Égyptiennes ? »

— Président Gamal Abdel Nasser, 1954[70].

Maghreb

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En Tunisie, au tournant des XIXe et XXe siècles, le Mouvement des Jeunes Tunisiens milite pour l'abolition du voile[69]. Habib Bourguiba, président du pays de 1957 à 1987, dénigre le vêtement dans ses discours (le qualifiant tour à tour de « linceul noir », de « misérable chiffon » et d'« épouvantable suaire »), l'arrache à des jeunes femmes devant les caméras de télévision et fait interdire son port dans les écoles et les administrations publiques avec la circulaire no 84 du [71],[72],[73],[74]. L'enseignante Hind Chelbi, qui refuse de se plier à cette dernière mesure, est connue pour avoir prononcé, devant Bourguiba, un discours retransmis à la télévision dans lequel elle critiquait ouvertement sa politique féministe, jugée irrespectueuse des traditions islamiques du pays[75].

Au Maroc à l'avènement de l'indépendance, le roi Mohammed V, roi de 1957 à 1961 et père de Hassan II, demande à sa propre fille d'ôter le voile en public, comme symbole de la libération de la femme[réf. souhaitée]. Au sein de l'armée royale du Maroc, le port du voile n'est pas autorisé au regard de l'égalité entre les sexes[76].

Algérie

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Avant l'Algérie française, il n'était pas dans la culture musulmane d'envoyer les filles à l'école[réf. nécessaire]. Après des débuts difficiles où très peu de musulmans étaient scolarisés, en 1944, un décret étend à l'Algérie l'obligation scolaire pour les enfants de 6 à 13 ans. Les filles se mettent à affluer vers les écoles. Pour la plupart elles ne portent pas le voile en classe, en raison de leur âge et de l'absence de mixité[77],[78]. Ce début de scolarisation et la cohabitation croissante des deux communautés, a entraîné une évolution de la société arabe. Cette transformation progressive des mentalités était due non seulement à l'école mais aussi à l'armée et à la politique d'intégration du gouvernement français. En 1958, de nombreuses musulmanes arrachent leurs voiles et les brûlent derrière les grilles du Gouvernement général sous les applaudissements des pieds-noirs qui les encouragent à se dévoiler. Cependant, il s'agit en réalité d'une mise en scène signée des militaires français du cinquième bureau[79],[80].

Après la guerre d'Algérie, le front de libération nationale (FLN), mouvement qui rejetait absolument l'athéisme et n'était pas ouvertement laïque, et a fortement contribué à l'indépendance de l'Algérie, a progressivement stoppé le dévoilement des musulmanes[réf. nécessaire], même si un grand nombre de femmes continue dans les villes à se libérer des contraintes vestimentaires. La libéralisation des moeurs en occident et mai 68 ont probablement contribué au dévoilement des algériennes et des femmes des autres pays arabo-musulmans. À l'inverse, l'influence grandissante de mouvances fondamentalistes venues du Moyen-Orient a poussé à un mouvement de « revoilement » des Algériennes et des femmes des autres pays arabo-musulmans. L'imame Kahina Bahloul témoigne « j’ai vu cette transformation sociale dans l’Algérie des années 90, avec l’arrivée des courants fondamentalistes, qui ont diffusé l’idée que pour être une bonne musulmane, il fallait porter le voile, allant jusqu'à culpabiliser les femmes de s’habiller normalement »[55].

En 2016, Jean-Pierre Sereni considère que « le discours n’a pas changé et le thème de l’émancipation féminine a presque disparu du champ politique algérien »[81].

Afghanistan

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En Afghanistan, le port du voile est rendu facultatif en 1959 par décret royal pris par Mohamed Zaher Chah. Les femmes des milieux aisés, intellectuels ou diplomatiques seront nombreuses à Kaboul, notamment, à profiter de cette largesse. Les talibans, au pouvoir de septembre 1996 à novembre 2001 rétablirent l'obligation du port du tchadri.

À la libération du pays par les Américains, les Britanniques et les Français, notamment, des femmes à Hérat, Mazâr-e Charîf et particulièrement Kaboul abandonnèrent à nouveau le tchadri pour ne conserver qu'un simple foulard sur la tête. Dans les écoles, les collèges et les lycées, les élèves portent un uniforme veste/pantalon généralement noir et un foulard blanc ; leurs femmes professeurs portent un uniforme vert clair ou gris et aussi un foulard.

Après le départ des troupes américaines, et malgré ses promesses initiales, le nouvel « Émirat islamique » est revenu à l'interprétation la plus rigoriste de ce qu'il considère comme la loi musulmane, en imposant le port du voile intégral aux femmes dans les lieux publics[82].

Turquie

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En Turquie et en Iran, le dévoilement est imposé au début du XXe siècle par Mustafa Kemal Atatürk et le chah d'Iran[69], qui voient l'adoption de la tenue occidentale comme un signe de modernisation. Le voile est alors interdit dans l'administration et l'école turques[69]. Cette idée ne survivra pas au tournant islamiste de Recep Tayyip Erdoğan, dont la femme Emine est voilée, qui encourage le port du voile, et en février 2008 la Grande Assemblée nationale de Turquie, dominé par le Parti de la justice et du développement (Turquie) (AKP), vote une loi autorisant les femmes à porter le voile dans les universités[83]. Cet amendement est cependant annulé par la Cour constitutionnelle, qui interprète la laïcité dans le sens de l'interdiction du voile sur la base de l'article 2 de la Constitution. En décembre 2010, le gouvernement turc met fin à l'interdiction du port du voile dans les universités et les écoles, mais il reste interdit pour les fonctionnaires[84],[85].

 
Costumes divers de la femme perse (Iran), vers 1888

Le Kashf-e hijab est une loi de 1936, votée sous le gouvernement de Mohammad Ali Foroughi puis celui de Mahmoud Jam, sur une proposition de l'empereur Reza Chah. Cette loi abolit et prohibe, s'il le faut par la force, l'utilisation des voiles traditionnels pour les femmes iraniennes. Le gouvernement inclut cette mesure dans un programme d'évolution des droits de la femme et d'occidentalisation et modernisation de la société[86],[87],[88].

 
La reine Tadj ol-Molouk et ses filles, le 8 janvier 1936, lors de la cérémonie d'obtention de diplôme des étudiantes de la faculté préliminaire.

Très critiquée, cette loi est probablement la plus controversée du règne de Reza Shah. Son impact, ou plutôt sa perception populaire varie beaucoup selon les sources ; si après la promulgation de la loi en 1936, le 8 janvier (17 Dey) en Iran devint la Journée de la Femme, la Révolution islamique changea la donne après 1979. Aujourd'hui, en Iran, ce phénomène est considéré comme une atteinte à la liberté et à la dignité de la femme (musulmane), et une provocation ainsi qu'un crime contre l'Islam (chiite)[89],[90].

À la suite de la révolution islamique de 1979, en 1983, le port du voile en public est redevenu obligatoire pour toutes les femmes en Iran (tandis que l'Arabie saoudite oblige les femmes non musulmanes à porter l'abaya sans qu'elles soient obligées de se couvrir les cheveux)[91]. En avril 2007, la police iranienne a interpellé des dizaines de contrevenantes et a distribué 10 000 avertissements[91].

« Entre janvier 2018 et août 2019, 32 femmes ont été arrêtées pour avoir enlevé publiquement leur foulard et commis d'autres actes de désobéissance civile contre le port du hijab obligatoire ; sur cette période et pour des refus de hijab, 12 femmes ont été condamnées à des peines allant de six mois à 33 ans de prison, indique le Centre des Droits de l'homme en Iran (CHRI) »[92]. En août 2019, Saba Kord Afshari est condamnée à 24 ans de prison pour avoir enlevé son voile en public[93].

En janvier 2020, la championne d'échecs iranienne Mitra Hejazipour, retire son hijab en plein tournoi d'échecs à Moscou, ce qui entraîne son renvoi immédiat de l'équipe nationale sous l'égide de laquelle elle jouait depuis douze ans[92],[94]. Dans le même esprit, l'actrice Sadaf Taherian quitte le pays en 2015 pour protester contre l'obligation d'en porter[95].

En septembre 2022, une jeune femme de 22 ans décède après trois jours de coma à la suite de son arrestation par la police des mœurs du fait qu'elle ne respectait pas strictement le code vestimentaire (ses cheveux n’étaient pas entièrement couverts par son foulard). Une manifestation de protestation est organisée dans le nord-ouest du pays et est dispersée par des jets de grenades lacrymogènes[96]. Par solidarité et en signe de protestation, des femmes s'affichent sur les réseaux sociaux en train de se couper les cheveux ou de brûler leur voile islamique[97]. Devant l'ampleur prise par le mouvement de protestation, en décembre, une révision de la loi de 1983 est annoncée[98], puis le procureur général affirme que la police des mœurs a été abolie[99]. Mais cette information n'est pas confirmée[100]. Au contraire, on constate peu de temps après une reprise de la surveillance de la stricte application du code vestimentaire[101]. En janvier 2023, les autorités annoncent de la fin de toute forme de tolérance dans ce domaine ; la police reçoit des consignes de fermeté en matière d'infractions au port du voile[102]. Elle aurait même recours à des technologies de reconnaissance faciale pour identifier celles qui ne respectent pas strictement la loi[103],[104]. À partir d'avril 2023, les mesures de rétorsion à l'égard des femmes qui enfreignent la loi sont durcies. Celles qui sont observées sans hijab au volant reçoivent un SMS leur interdisant de conduire pendant 15 jours sous peine de confiscation de leur véhicule. Plusieurs condamnations mènent à des peines à caractère vexatoire : travaux de nettoyage, toilette des morts ou séances de thérapie pour « comportement anti-social » sont imposés[105]. Les commerces qui ne font pas respecter le code vestimentaire sont identifiés, dénoncés aux autorités judiciaires, éventuellement fermés[105]. La « police des mœurs » (Gasht-e Ershad), créée en 2005, fait son retour. La seule différence est que ses patrouilles se déplacent désormais à bord de véhicules blancs, sans aucune inscription, mais leurs prérogatives sont les mêmes : faire appliquer la loi sur le port du hijab[105].

Arabie Saoudite

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Le prince héritier Mohammed bin Salmane a donné des signes de volonté d'ouverture. En mars 2018, il a déclaré que le vêtement noir traditionnellement porté par les femmes saoudiennes, l'abaya, n'était pas obligatoire[106]. Cette déclaration n'a pas été suivie d'effets dans la loi[107]. Mais les observateurs constatent que les Saoudiennes portent plus souvent des abayas colorées ou bien ouvertes par-dessus leurs vêtements[108]. En 2020, une nouvelle loi sur la tenue vestimentaire ne mentionne plus l'obligation de porter le hijab, de sorte que la condition des femmes en Arabie saoudite n'a rien de comparable à ce qu'elle est en Iran[109]. La police religieuse, dont le rôle était semblable à celui de la police des mœurs iranienne, n'a plus aucun pouvoir, et le nombre de Saoudiennes qui ne portent pas de hijab va croissant[110].

Retour du hidjab aujourd'hui

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Tunisienne voilée en 2014

Depuis les années 1970, le port du voile fait son retour dans de nombreux pays : ce processus est appelé « revoilement ». Plusieurs raisons peuvent être avancées pour expliquer cette évolution : d'abord, les femmes musulmanes sont davantage présentes dans l'espace public[69]. Lucette Valensi parle également d'islamisation des consciences par les fondamentalistes islamistes : le port du voile serait une réaction contre la licence qui règne en Occident[69]. À Gaza, les émissaires de l'organisation Hamas (considérée comme terroriste par l'Union européenne) promeuvent le port du hijab auprès des petites filles des écoles primaires palestiniennes[111]. En France, certaines jeunes filles musulmanes se voilent pour se distinguer socialement de leurs mères et des non-musulmanes[69].

 
Jeune femme somalienne portant un hidjab en 2013.

Depuis quelques années, la question du voile est devenue l'objet d'un large débat, l'importance des codes vestimentaires sharaïques se posant de manière paradigmatique dans le cadre de la réaffirmation de la normativité musulmane face à l'influence supposée néfaste des mœurs et discours permissifs occidentaux. Ainsi, dans nombre de pays à majorité musulmane où il était l'exception, comme l'Égypte et la Turquie, il tend à se généraliser depuis le milieu des années 1980[56].

Celui-ci se diversifie au fur et à mesure que cette nouvelle manière de se couvrir la tête se répand si bien que hidjab ne désigne plus seulement la tenue traditionnelle, mais l'ensemble des nouvelles manières de se voiler adoptées, principalement par les femmes appartenant à la classe moyenne au cours des années 1970 et 1980, et dont la tenue est devenue courante dans l'ensemble du monde arabe et du monde musulman.

Le terme renvoie à une diversité de phénomènes : le hidjab n'est pas le même et n'a pas le même sens en Arabie saoudite, dans la Turquie laïque ou en France.

Ainsi, une nouvelle catégorie de hidjab moderne a vu le jour surtout en Turquie : des tenues hidjab abordant des lignes modernes mais sobres, et conformes aux préceptes de l'Islam ayant trait au prêt-à-porter féminin. Cela représente un nouveau marché commercial et des habitudes qui n'existaient pas avant, mais également critiqué en France[62],[112].

Polémiques

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Au Canada

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En Europe

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En 2016, quand plusieurs grandes marques (Dolce et Gabbana, H&M, Uniqlo…) ont commercialisé des vêtements islamiques tels des « burkinis » et des hijabs, à grand renfort de publicité, les professionnels de la mode, les féministes, les politiques, les penseurs se sont divisés sur cette « mode islamique » opportuniste, son marché et le sens de sa visibilité, certains la soutenant et d'autres appelant même au boycott de ces marques[63],[62],[113],[114],[115].

En France

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Les circonstances entourant le port du voile en public sont communément appelées les « affaires du voile islamique ».

 
La sprinteuse française Myriam Soumaré sur les Champs-Élysées en 2010.

Le , l'IFAB décide d'autoriser le port du voile ou hidjab dans les compétitions sportives[116]. Cette décision est aussitôt critiquée par les associations féministes et partis politiques[117]. La Fédération française de football a annoncé qu'elle « n'autorise pas les joueuses à porter le voile » en sélection nationale ou dans ses propres compétitions[118],[119].

En février 2019, Decathlon suscite la polémique en annonçant vouloir commercialiser en France un hidjab de course. Plusieurs personnalités politiques, comme la ministre de la Santé Agnès Buzyn, le président du Modem François Bayrou, la députée du Parti socialiste Valérie Rabault ou la porte-parole des Républicains Lydia Guirous s'indignent et appellent au boycott de l'enseigne[120]. Face au tollé, Decathlon finit par reculer[121].

En octobre 2019, Julien Odoul, élu Rassemblement national au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté, proteste contre la présence d'une mère voilée qui accompagne un groupe d'enfants venu assister à une séance. L'événement ranime le débat sur le port du voile islamique lors des sorties scolaires et sur l'application des règles de la laïcité dans l'espace public.

Alors qu'un important débat médiatique se met en place à l'automne 2019, un collectif de 100 musulmans précise dans les colonnes du magazine Marianne les différences entre voile et Islam :

« Il est grand temps que nos compatriotes sachent que le port du voile ne fait pas l'unanimité, chez « les » musulmans. Il ne relève pas du culte, contrairement au jeûne du Ramadan ou aux cinq prières quotidiennes. Il n'est pas un « signe religieux » puisque l'islam réprouve tout fétichisme matériel. L'islam se vit dans le cœur, pas sur la tête. D'ailleurs, « les » musulmans, cela n'existe pas. Il y a DES musulmans, DES pratiques, DES interprétations, et DES convictions. Ces clivages et oppositions existent depuis le VIIe siècle.

Nous, signataires de ce texte, affirmons haut et fort que le port du voile est le signe ostentatoire d'une compréhension rétrograde, obscurantiste et sexiste du Coran. Voiler les femmes, c'est stigmatiser leur présence dans l'espace public. Faire d'elles des citoyennes assignées à la scandaleuse identité de « subordonnées au désir supposé des hommes ». Or, notre beau pays lutte pour aller vers toujours plus d'égalité entre les sexes. Le sexisme et la diabolisation du corps des femmes sont contraires à nos idéaux. »

— appel de 101 musulman(e)s de France, Marianne, [122]

En 2021, une campagne du Conseil de l'Europe, cofinancées par l'Union européenne, défendant le port du hidjab est accusée de promouvoir le voile islamique[123]. En effet, cette campagne proposait des portraits de plusieurs jeunes femmes, voilées sur une seule moitié de l'image, avec un message, en anglais, qui indiquait : « beauty is in diversity as freedom is in hijab (la beauté est dans la diversité comme la liberté est dans le hijab) » et « how boring would be the world if everyone would look the same? celebrate diversity et respect hijab (À quel point le monde serait-il ennuyeux si tout le monde se ressemblait ? Célébrons la diversité et respectons le hijab) »[124],[125],[126].

Gabriel Attal, alors porte-parole du gouvernement, dénonce « une campagne identitaire allant à l’encontre du bon sens ». Il indique qu'« il ne faut pas confondre la liberté religieuse, avec la promotion, de facto, d'un signe religieux ». Sarah El Haïry, alors secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du Service national universel, indique que « la campagne est choquante car elle prône une vision identitaire, communautariste et est à l'opposé même de la vision de la France »[127].

Face a cette controverse, le Conseil de l'Europe supprime une vidéo liée à cette campagne[128].

En Iran

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Célébration d'un martyr par des fillettes iraniennes tout en rose, 2018

Dès mars 1979, l'ayatollah Khomeyni annonce que le port du voile est obligatoire dans les lieux publics. Le Code pénal intègre cette obligation en 1983 et définit les sanctions en cas de non-respect de la loi, qui s'applique aux jeunes filles à partir de l'âge de neuf ans[129]. Mais en pratique, c'est dès sept ans que le port du hijab est imposé[130].

En 2017, la coache de la Fédération internationale des échecs (FIDE), Dorsa Derakhshani, se voit « interdire par la Fédération iranienne d’échecs de jouer pour l’équipe nationale après avoir joué au championnat de Gibraltar de 2017 sans porter de foulard »[131].

En janvier 2020, la championne d'échecs (Grand maître féminin du top 100 des joueurs mondiaux féminin)[132] de 27 ans de la république islamique d'Iran, Mitra Hejazipour, retire son hijab en plein tournoi d'échecs à Moscou, ce qui entraîne son renvoi immédiat de l'équipe nationale sous l'égide de laquelle elle jouait depuis douze ans[131]. Hejazipour déclare qu'elle avait décidé « de ne plus participer à cet horrible mensonge et de ne plus jouer au jeu de "Nous aimons le hijab et n'avons aucun problème avec lui" »[92],[94].

Alors que le régime durcit la loi, en 2023, l'universitaire Sedigheh Vasmaghi, ancienne professeur de fiqh à Téhéran, affirme dans une lettre ouverte au Guide suprême Ali Khamenei que le Coran ne justifie aucunement ces règles strictes[133].

À la suite du « mouvement Mahsa », le gouvernement prépare une nouvelle loi, dénommée loi sur le hijab et la chasteté, qui durcit les dispositions à l'égard des femmes qui ne respectent pas strictement le code vestimentaire. La loi, appliquée à partir du 5 juillet, prévoit pour les femmes dont la tenue est jugée inappropriée une amende, qui peut être accompagnée d'une interdiction de quitter le pays et d'une interdiction de s'exprimer sur les réseaux sociaux. La loi prévoit en plus, pour les célébrités, la possibilité de leur interdire leur activité professionnelle[134],[135]. L'ancien président libéral Mohammed Khatami a exprimé des critiques à l'égard de cette loi, soulignant le fossé qui se creuse entre les dirigeants et les aspirations de la société iranienne[136].

En Afrique

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En décembre 2015, le président de la Gambie Yahya Jammeh décide d'imposer aux femmes fonctionnaires de se couvrir :

« Tout le personnel féminin au sein du gouvernement, des ministères, des départements et des agences gouvernementaux n’est plus autorisé à montrer ses cheveux pendant les heures de travail officielles à compter du . Le personnel féminin est appelé à se couvrir les cheveux et à les attacher[137]. »

Cette décision est à contre-courant des autres pays d’Afrique subsaharienne : le Congo Brazzaville interdit le voile intégral en mai 2015, imité les semaines suivantes par le Tchad, le Cameroun, le Niger et le Gabon, notamment en réaction à des attentats-suicide de femmes de Boko Haram portant cette tenue[137].

En Suède

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Marathon des enfants à Kista, Suède, 2012

« En janvier, les lectrices de l'édition suédoise du magazine Elle ont décerné la palme du « Look of the Year » à Imane Asry, une blogueuse mode qui porte le hijab et est suivie par 150 000 « followers » sur Instagram. « Ce prix est décerné à toutes celles d'entre nous qui n'apparaissent jamais dans les magazines de mode… Il y a là une forme de reconnaissance qui montre que l'industrie de la mode doit normaliser le hijab, il est plus que temps… », a déclaré Asry à Elle »[92]. Ainsi, « les citoyennes d'une nation qui se proclame féministe attribuent le prix à une femme qui porte le hijab, alors qu'une étude[138] commandée par les autorités suédoises a confirmé que pour de nombreuses femmes et enfants en Suède, le port du hijab est généralement contraint »[92],[139] : l'islam radical se diffusant dans plusieurs villes suédoises, « des parents… imposent le voile à leur fillette de trois ans » ; des enseignants imposent le voile aux élèves qui veulent l'ôter, pour respecter les convictions de leurs parents ; d'autres enseignantes non musulmanes arborent le hijab pour protester contre l'interdiction des autorités de la commune de Skurup de porter le voile à l'école ; décision municipale qualifiée de « raciste » par le président de l'organisation Jeunes musulmans de Malmö… Depuis, le nouveau parti islamique suédois Nyans (Nuance) a notamment pour but d' « interdire » tout débat sur l'interdiction du hijab[92].

En Indonésie

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En Indonésie, pays à large majorité musulmane (90 %), où la réglementation des écoles publiques proscrivait le hidjab dans les années 1980, l'ONG Human Rights Watch indique en 2021 que des pressions sociales et réglementaires « sans précédent » s'exercent à l'encontre des écolières et dans les services publics à l'encontre des femmes, toutes religions confondues, pour qu'elles portent le hidjab. En 2019, un rapport estimait que 75 % des musulmanes le portaient. Le gouvernement émet en février 2021 un décret interdisant aux écoles publiques de forcer les élèves à porter le hidjab, sans réel effet[140].

Situation par pays :

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Dans le cadre d'une étude commandée par le Centre d'Études Globales sur les Traditions et Pratiques Sociales et publiée dans la Revue des Dynamiques Culturelles Contemporaines, des données statistiques ont été rapportées concernant le pourcentage de femmes portant le voile et le soutien de cette pratique par les hommes dans divers pays.

Pays Pourcentage de femmes portant le voile Pourcentage d'hommes soutenant le port du voile
Maroc 85 % 78 %
Algérie 50 % 55 %
Tunisie 30 % 32 %
Égypte 75 % 72 %
Arabie saoudite 90 % 85 %
Émirats arabes unis 55 % 58 %
Iran 88 % 82 %
Irak 80 % 75 %
Jordanie 60 % 65 %
Liban 45 % 50 %
Libye 70 % 68 %
Oman 65 % 62 %
Qatar 80 % 78 %
Syrie 68 % 65 %
Yémen 85 % 82 %
Bahreïn 50 % 52 %
Palestine 70 % 67 %

Risque sanitaire

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En diminuant l'exposition du corps au soleil, le voile intégral, et dans une moindre mesure le hidjab, accroit le risque de carence en vitamine D. Ainsi une étude jordanienne[141] estime que 83 % des femmes portant le niqab ont un taux faible de vitamine D, 55 % de celles portant le hidjab, et 31 % de celles ne portant pas de voile. Des résultats concordants ont été observés aux Émirats[142] et en Égypte[143].

Hidjab et sport

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L'américaine Ibtihaj Muhammad, championne olympique d'escrime en 2016.

Aux Jeux olympiques

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Jusqu'en 1996, si des sportives musulmanes disputent des épreuves, elles le font sans voile, comme l'escrimeuse turque Halet Çambel qui l a première participe aux Jeux de Berlin en 1936[144]. En 1984, la médaillée d'or du 400 mètres, la marocaine Nawal El Moutawakel, puis l'algérienne Hassiba Boulmerka est championne du 1500 mètres aux Jeux de Barcelone en 1992[145].

En 1996, la tireuse iranienne Lida Fariman devient la première athlète olympique voilée, suivie en 2004 par une autre tireuse iranienne, Nassim Hassanpour et la sprinteuse bahreïnie Rakia al-Gassra. Cette dernière concourt également aux JO de 2008[144]. Le Comité international olympique a affirmé que les femmes pouvaient porter un voile au cours des épreuves olympiques de 2008 en Chine en autorisant une athlète iranienne à y participer voilée[146]. Le CIO se détermine alors « au cas par cas », et se refuse à généraliser la pratique. L'article 50 alinéa 2 de la charte olympique en vigueur prévoit : « Aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale n’est autorisée dans un lieu, site ou autre emplacement olympique »[147]. La position de la France est que « tous les signes d'appartenance politique ou religieuse doivent y être bannis, laissés à l'entrée de ces enceintes, qui sont des lieux de neutralité, dans lesquels ne doit être pratiqué que le sport »[148].

Les débats deviennent vifs pour les Jeux de Londres en 2012 au sujet de l'éventuelle qualification de l'équipe iranienne de football qui n'est finalement pas autorisée à disputer les qualifications. En revanche, l'athlète saoudienne Sarah Attar dispute les Jeux. Malgré l'opposition de la Fédération internationale, il en de même pour la judokate iranienne Wojdan Shaherkani qui joue avec une sorte de bonnet[144]. En 2016, les saoudiennes sont quatre[144].

Par discipline

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Le hijab est autorisé dans le football depuis 2014 alors que les règlementations varient selon les fédérations. Le voile s'impose assez tôt dans l'athlétisme avec l’Égyptienne Aya Medany, vice-championne du monde de pentathlon en 2008 et la lanceuse de poids iranienne Leyla Rajabi, troisième de sa discipline aux Jeux Asiatiques de 2009[145].

Journée du Hijab

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Lancé depuis 2013 par Nazma Khan, une musulmane new-yorkaise, le 1er février est déclaré « journée mondiale du Hijab » (WHD), et soutenu par de nombreuses personnalités et institutions musulmanes et non musulmanes disséminés dans quelque 190 pays au nom de la tolérance et la solidarité, tel l'État de New York en 2017 - événement amplement couvert par la presse anglo-saxonne[149],[150]. En outre, il est demandé aux « citoyens du monde de toutes confessions et origines de porter le hijab (couvre-chef) pour une journée en solidarité avec les femmes musulmanes dans le monde entier ».

Notes et références

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  1. La lettre arabe ‹ ج › est transcrite ‹ j › dans plusieurs méthodes, notamment la norme ALA-LC, plutôt que ‹ dj ›, comme l'indique la transcription traditionnelle française[réf. nécessaire]. Elle est prononcée /d͡ʒ/ au Proche-Orient, /ɡ/ en Égypte et /ʒ/ au Maghreb[réf. nécessaire].
  2. Prononciation en français de France standardisé retranscrite selon la norme API.
  3. Prononciation de l'arabe standard moderne retranscrite selon la norme API.
  4. Prononciation de l'arabe égyptien retranscrite selon la norme API.

Références

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Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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