Éditions Briffaut
La société Éditions Briffaut, créée en 1908 à Paris par Robert et Georges Briffaut, est une ancienne maison d'édition française, connue pour avoir publié La Redoute des contrepèteries (1934), premier recueil entièrement consacré à la contrepèterie.
Histoire
modifierLes frères Briffaut sont les créateurs de la maison d'édition Bibliothèque des Curieux, spécialisée en curiosa (i.e. : ouvrages à caractère érotique dits « curieux », par euphémisme). Celle-ci a plusieurs collections dont « Les Maîtres de l'Amour » et « Le Coffret du Bibliophile ». Sont publiés dans cette collection des textes érotiques anciens classiques dans une version expurgée, avec des notes ou des introductions de Guillaume Apollinaire, de Jean Hervez ou Bagneux de Villeneuve (alias Raoul Vèze), de Jean Cabanel (alias Jean Texcier), de Fernand Fleuret et Louis Perceau (qui signent « Ludovigo Hernandez ») ; également des études sur l'érotisme à travers les âges et des chroniques libertines. Leur maison d'édition appelée « L'Édition » était située au 4, rue de Furstemberg, dans le 6e arrondissement parisien[1].
Le 30 novembre 1912, Georges Briffaut passe en correctionnel pour outrage aux bonnes mœurs, défendu par Me Justal, avocat spécialisé dans les affaires liées à la presse[2] ; il est acquitté le 9 décembre suivant[3]. En 1913 leur publicité dans le Bottin du commerce indique « Librairie spéciale d'ouvrages sur le XVIIIe siècle ; livres rares et curieux ; éditions d'amateurs ; catalogue franco sur demande ». L'activité clandestine des frères Briffaut a eu son heure de gloire entre 1909 et 1914. En 1919, reparaît L'Enfer de la Bibliothèque Nationale, par Apollinaire, Fleuret et Perceau, édition considérée comme plus complète. Ces deux derniers publient en 1920, Les Procès de bestialité et Les Procès de sodomie.
Leurs ouvrages sont parfois accompagnés d'illustrations, et quand elles sont signées, on trouve les noms de Martin Van Maele, Luc Lafnet[4], Paul-Émile Bécat[5], ou encore celui de Gerda Wegener[6].
Le 15 novembre 1924, une série de perquisitions menées par la Sureté générale, permet de découvrir dans divers entrepôts parisiens, plusieurs tonnes de matériels « à caractère pornographique » : photographies d'après nature, ouvrages, cartes postales, etc.[7]. En conséquence, le , Robert Briffaut est condamné à deux ans de prison pour outrage aux bonnes mœurs via sa maison « L'Édition »[8].
Après le décès de Robert, en 1929, on trouve la mention Georges Briffaut, éditeur, à la même adresse, mais lorsque, dans les années 1950, Georges s'installe au 86, boulevard Raspail où il n'a plus qu'une activité restreinte, il substitue la marque « Le Livre du Bibliophile » à celle de « Bibliothèque des curieux ».
Vers 1953, Claude Briffaut prend la succession de son père Georges à la tête des éditions Briffaut, jusqu'en 1956.
Notes et références
modifier- Briffaut, notice sur Bibliocuriosa.
- Le Journal, Paris, 30 novembre 1912, p. 2.
- La Petite République, Paris, 10 décembre 1912, p. 4.
- (en) Sheryl A. Perry, « Martin Van Maele. A Checklist of Erotic Illustrations », in: The Erotica Bibliophile, 2015.
- (en) « Correspondance de Madame Gourdan, dite La Comtesse / illustrations de Paul-Émile Bécat. — Paris: Bibliothèque des curieux, 1954 », notice de la Varshavsky Collection.
- Le Figaro, Paris, 5 juin 1929, p. 7.
- « Saisie d'images et de livres licencieux », in: La Lanterne, Paris, 16 novembre 1924, p. 4.
- Pascal Fouché (dir.), Chronologie de l'édition française de 1900 à nos jours — moteur de recherches.
Annexes
modifierBibliographie
modifier- Jean-Pierre Dutel, Bibliographie des ouvrages érotiques publiées clandestinement en français entre 1880 et 1920, Paris, J.-P. Dutel, Libraire-éditeur, 2002.
Liens externes
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