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Troupes de montagne (France)

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Les troupes de montagne sont une subdivision de l'Armée de terre française constitué par l'ensemble des unités spécialisées dans le combat en montagne et par grand froid. Les soldats de montagne sont issus de l'arme de l'infanterie, mais aussi de l'arme blindée cavalerie, du génie, de l'artillerie, des transmissions, du matériel, du train et du service de santé des armées (SSA) pour les centres médicaux stationnés dans les Alpes. Quelle que soit leur arme, et à l'exception des sapeurs-légionnaires du 2e régiment étranger de génie qui ont conservé le béret vert[1], les soldats de montagne sont reconnaissables à leur large béret alpin d'origine béarnaise, bleu nuit, surnommé la « tarte » qu'ils portent depuis leur naissance à la fin du XIXe siècle[2]. L'insigne diffère selon l'arme d'appartenance.

Créées en 1888 pour défendre la frontière des Alpes face à la menace italienne et ses Alpini[3], les troupes de montagnes ont connu de nombreuses réorganisations et compté de nombreuses unités différentes dans leur histoire. Les dernières unités existantes sont aujourd'hui principalement regroupées au sein de la 27e brigade d'infanterie de montagne[4],[5]. Le 7e régiment du matériel (COMMF), le 511e régiment du train (COMLOG) et les centres alpins du SSA sont des unités du 2e cercle montagne-grand froid.

Les troupes de montagne possèdent leur propre musée[6] à Grenoble ainsi que leur mémorial au mont Jalla[7]. Depuis 1932, l'École militaire de haute montagne de Chamonix forme les cadres des troupes de montagne.

Historique des troupes de montagne

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Le député Ernest Cézanne, président du CAF

Les origines

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Le , un rapport alarmant du général Henri Berge, chef du service de l'artillerie, au ministère de la Guerre fait état du retard pris par la France sur le royaume d'Italie dans l'organisation de la défense de la frontière des Alpes[8]. En effet, en1872, la République italienne a créé le corps des Alpini[9].

Dès 1873, l’Embrunais Ernest Cézanne, député des Hautes-Alpes et cofondateur du Club alpin français (CAF) s'en était déjà inquiété. La même année, il dépose une proposition de loi pour obtenir le détachement de troupes d'élite sur les Alpes pour faire face à ces « agiles tirailleurs piémontais » [les Alpini]. Il préconise par la suite une inscription alpine s'inspirant de l'inscription maritime qui permettrait de laisser « le montagnard sur son roc come le marin sur la mer »[10]. Contraintes budgétaires, conservatismes et priorité donnée à la défense de la frontière Est vont enterrer ce projet pendant près de 15 ans.

En 1879, le lieutenant-colonel Charles Zédé commandant la place de Briançon, persuade le général Bourbaki, gouverneur militaire de Lyon, de faire séjourner le 12e bataillon de chasseurs à pied (BCP), unité très aguerrie de retour d'Algérie et 3 bataillons issus des 52e, 72e et 97e RI ainsi que deux batteries d'artillerie dans les hautes vallées du Briançonnais.

Le commandant Paul Arvers qui commande le 12e BCP est un montagnard confirmé, membre du CAF de Lyon, va toujours rester en pointe de cette expérimentation. Avec ses chasseurs, il va parcourir les Alpes du nord au sud, franchir de nombreuses passages et cols etc. En 1885, le 12e BCP est admis comme membre d'honneur du CAF[11].

Face à la menace italienne grandissante, la loi du , dont Paul Arvers est à l'origine, officialise l'existence des troupes de montagne[12],[13]. Cette loi donne une existence légale à ce qui devient l'« armée des Alpes »[14], formée des troupes des 14e (Lyon) et 15e corps d'armée (Marseille). Plusieurs unités sont spécialisées dans le combat en montagne pour défendre la frontière :

Il faut distinguer les chasseurs alpins organisés en bataillons (BCA), parfois regroupés en demi-brigades, et l'infanterie alpine, organisée en régiments (RIA). Les deux types d'unités se retrouvant au sein des mêmes divisions alpines.

Commandants en chef de l'armée des Alpes (1889-1914)

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Le général Berge, premier commandant de l'armée des Alpes (1889-1893).

Le général Henri Berge, gouverneur militaire de Lyon, est le premier commandant en chef de l'armée des Alpes désigné. En poste de 1889 à 1893, il joue un rôle essentiel dans son organisation[16]. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, lui succèdent à ce poste les généraux Théophile Ferron (1893-1894), Félix Coiffé (1894-1898), Charles Zédé (1898-1902), Léon Metzinger (1902-1905)[17], Joseph Gallieni (1906-avril 1914)[18] et finalement Albert d'Amade (avril-août 1914).

Une silhouette caractéristique

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Alors que les régiments d'infanterie alpine portent l'uniforme de l'infanterie (pantalon garance et vareuse noire), les bataillons de chasseurs alpins portent la tenue bleue des bataillons de chasseurs à pied dont ils continuent à faire partie. Seule la coiffure, le béret de laine bleu foncé, est commune aux deux types d'unités. La célèbre « tarte » (béret large) est ornée du cor de chasse argent pour les BCA, alors que celles des RIA se distingue par la grenade de l'infanterie.

Les Alpins innovent

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Les groupes alpins

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Les guides de secteur

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Les escouades franches

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L'introduction du ski

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La doctrine d'emploi des RIA et des BCA est différente. Les RIA ont vocation à occuper des postes fixes, y compris en hiver alors que les BCA, plus mobiles, ont vocation à « nomadiser » au cours de la bonne saison pour améliorer leur connaissance du milieu et les itinéraires possibles d'une invasion italienne. Pour cela ils s'organisent en groupes alpins.

Dans les années 1890, l'infanterie alpine comprend :

  • trois régiments de la brigade de Lyon :
    • le 157e RIA (ou 15/7, responsable de la défense de l'Ubaye),
    • le 158e RIA (ou 15/8, responsable de la défense de la Tarentaise et de la Maurienne),
    • le 159e RIA (ou 15/9, responsable de la défense du Briançonnais) ;
  • et le 97e RIA de Chambéry.

Première Guerre mondiale

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L'armée des Alpes, surnommée « armée de Lyon » puis renommée « inspection du Sud-Est » le , est composée d'une partie des unités mobilisées (principalement des BCA et RIA) dans les 14e et 15e corps d'armée (ceux de Lyon et de Marseille). Elle est commandée par le général Albert d'Amade (d'où le surnom de « groupe d'Amade »), avec comme chef d'état-major le général de Vassart ; l'état-major est mobilisé à Lyon le , les unités autour de Chambéry, Lyon, Avignon, Antibes et Gap. Elle est dissoute le [19] à la suite de la déclaration de neutralité de l'Italie et ses unités sont transférées vers le front du Nord-Est.

Les BCA combattent dès lors principalement au sein de trois divisions : les 46e, 47e et 66e divisions d'infanterie, surnommées « divisions bleues », et les RIA au sein de la 77e division d'infanterie.

Entre-deux-guerres

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Seconde Guerre mondiale

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Les unités des troupes de montagne qui ont participé au second conflit mondial ont été les suivantes :

Après 1945

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Les unités alpines actuelles

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Régiments (RCh, RAM et RMAT)

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Bataillons de chasseurs alpins (BCA)

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  • Signe distinctif : la tarte
  • Saint patron et fête des troupes de montagne : saint Bernard et en conséquence à la Saint-Bernard

Brevets militaires de compétence en montagne

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Les brevets « montagne » sanctionnent la réussite d'une formation en été et en hiver[21] ; ils comprennent :

  • le brevet d'alpiniste et de skieur militaire (BASM) qui permet au soldat de montagne d'être autonome au sein d'un détachement été comme hiver. Il se compose du :
    • brevet de skieur militaire (BSM), formation d'une durée de 4 semaines,
    • brevet d'alpiniste militaire (BAM), formation d'une durée de 3 semaines ;
  • le brevet de chef d'équipe haute montagne (BCEHM) ouvert après un an de détention du BASM, il permet au chef d'équipe de conduire une cordée en montagne sous les ordres d'un chef de détachement. Il se compose des brevets de :
    • chef d'équipe haute montagne été (CEHM été), formation d'une durée de 3 semaines,
    • chef d'équipe haute montagne hiver (CEHM hiver), formation d'une durée de 3 semaines ;
  • le brevet de qualification des troupes de montagne (BQTM) uniquement pour les cadres, ce brevet sanctionne une formation poussée de chef de cordée dispensée à l'École militaire de haute montagne (EMHM). Ce brevet permet à ses titulaires de s'entrainer au sein d’une équipe qualifiée en l'absence de chef de détachement, on distingue :
    • la « qualification été », stage d'une durée de 4 semaines,
    • la « qualification hiver », stage d'une durée de 4 semaines ;
  • les brevets de chef de détachement haute montagne (BCDHM, pour les sous-officiers), ou de chef d'unité de haute montagne (BCUHM, pour les officiers), ces brevets correspondent à la même formation. Ils permettent à leurs titulaires de conduire des détachements de leur niveau (un groupe pour un sergent, une compagnie pour un capitaine) de façon totalement autonome ; ils nécessitent :
    • un stage estival de 6 semaines à l'EMHM,
    • un stage hivernal de 6 semaines à l'EMHM ;
  • le brevet « moniteur guide militaire » (MGM) pour les experts « montagne » de la brigade ; il nécessite :
    • un stage estival de 3 semaines à l'EMHM,
    • un stage hivernal de 3 semaines à l'EMHM ;
  • le brevet supérieur de technicien de l'Armée de terre (BSTAT) « option montagne » ;
  • le brevet de « guide de haute montagne » obtenu auprès d'instances civiles agréées.

Il existe également d'autres brevets et qualifications qui, sans être spécifiques aux troupes de montagne, ont été créés et développés au sein de l'École militaire de haute montagne (EMHM), notamment les brevets de pilotage de parapente aux nombre de trois (brevets A, B ou C) qui sanctionnent une progression du niveau de qualification. Exemple : le brevet C correspond aux vols solos toutes météos, tous sites ainsi que le vol de nuit.

Notes et références

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  1. La 5e DBCA quitte la DIA en .

Références

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  1. « 2eREG », sur legion-etrangere.com.
  2. Olivier Bellec, « Le béret alpin 1874-1914 1ère partie », Uniformes,‎
  3. « Création des troupes alpines », sur museedestroupesdemontagne.fr.
  4. « 27e brigade d'infanterie de montagne », sur defense.gouv.fr.
  5. « 27e BIM », sur facebook.com.
  6. « Musée des troupes de montagne », sur bastille-grenoble.fr.
  7. « FRESM », sur federationsoldatdemontagne.fr.
  8. Colonel Cyrille Becker, Aux origines de l'alpinisme militaire, Paris, Pierre de Taillac (ISBN 978-2-36445-112-4), p. 35-36
  9. Jean-Pierre Martin, Les Troupes alpines, montagnards et soldats, Veurey, Éditions Le Dauphiné, , p. 14
  10. Yann le Pichon et Benoît Deleuze, Les Alpins 1888 - 1988, Paris, Berger-Levrault Didier Richard Lavauzelle, , 148 p. (ISBN 2-7025-0197-4), p. 15
  11. Colonel Cyrille Becker, Aux origines de l'alpinisme militaire, Paris, pierre de taillac (ISBN 978-2-36445-112-4), p. 78-79
  12. Les troupes alpines ou troupes de montagne : de la naissance à la grande guerre, sur museemilitairelyon.com.
  13. « Création des troupes alpines », sur memoire-des-alpins.com.
  14. Revue Forces armées françaises, 1975, p. 9.
  15. Yvick Herniou, Bataillons de chasseurs : les diables bleus, une troupe d'élite, Boulogne-Billancourt, ETAI, , 183 p. (ISBN 978-2-7268-8923-7).
  16. « Le général baron Berge fut nommé en 1889 gouverneur de Lyon, commandant du 14e CA et commandant désigné de l’armée des Alpes. Il demeura à ce poste jusqu’en 1893 et son action fut essentielle pour l’équipement militaire des vallées alpines, notamment en voies de communication. C’est sous son impulsion que les ouvrages gagnèrent en altitude et furent occupés par des troupes spécialisées, ce qui n’était pas prévu dans la conception originelle de Séré de Rivières. », Daniel David, « Géographie militaire et fortification : cinq siècles d’histoire en Maurienne », Revue historique des armées, numéro 243, 2006, pp. 89-107 [lire en ligne].
  17. Général Paul-Émile Bordeaux, À travers les Alpes militaires, quelques souvenirs, impr. de F. Eymond, Grenoble, 1928, 77 pages [lire en ligne].
  18. Joseph-Simon Gallieni, Galliéni au Tonkin (1892-1896), Berger-Levrault, 1948, p.5 [lire en ligne].
  19. Armées Françaises dans la Grande Guerre (AFGG), Ordre de bataille, Tome X, volume 1, service historique de l'armée, 1922-1939, p. 525.
  20. « 7e régiment du matériel », sur www.defense.gouv.fr (consulté le )
  21. « La formation montagne », sur emhm.terre.defense.gouv.fr.

Articles connexes

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Bibliographie

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  • Capitaine Marc de Buttet (du 3e bataillon territorial de chasseurs alpins), Les Alpins. Étude militaire sur les troupes cantonnées dans les Alpes et chargées de les défendre, éd. Masson, Thonon-les-Bains, 1894, 224 p.
  • Collectif, Troupes de montagne, combattants d'altitude. La 27e brigade d'infanterie de montagne, éd. Mission Spéciale, 2007.
  • Jean Mabire, Chasseurs alpins, éd. France-Loisir, 1984.
  • Marie-Hélène Léon, Les Chasseurs alpins. Mythe et réalités des troupes de montagne, L'Harmattan, 1998.
  • Jean Pochard, « Les Diables bleus : les Chasseurs alpins en Savoie », dans Mémoires et documents de la Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, Société savoisienne d'histoire et d'archéologie, coll. « L'histoire en Savoie » (no 57), , 20 p. (ISSN 0046-7510).
  • Colonel Pierre Tanant, Vercors. Haut lieu de France, Arthaud [1948, 1950, 1957, 1964, 1966, 1971] et Lavauzelle [1983].

Liens externes

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