Thuli Madonsela
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Busisiwe Mkhwebane (en) |
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Thulisile Nomkhosi Madonsela |
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Thulisile Nomkhosi Madonsela dit Thuli Madonsela, née à Johannesburg le , est une avocate et femme politique sud-africaine, médiatrice de la République du au .
Biographie
[modifier | modifier le code]Formation et participation à la lutte contre l'apartheid
[modifier | modifier le code]Thuli Madonsela est née en 1962 dans une famille modeste de commerçants occasionnels (sa mère est domestique et son père chauffeur de taxi), et grandit à Soweto[1],[2]. Elle commence à étudier à Nhlangano, au Swaziland, d'où sa famille est originaire[3],[4]. Elle obtient un Baccalauréat universitaire ès lettres en droit, à l'université du Swaziland en 1987, et un Bachelor of Laws à l'Université du Witwatersrand en 1990[5].
Thuli Madonsela devient membre de la branche Pretoria du Congrès national africain (ANC)[6]. Durant la période de l'apartheid, Madonsela milite au sein de l'ANC et de l'United Democratic Front, une importante organisation anti-apartheid. Sollicitée pour être candidate de l'ANC aux élections législatives de 1994, pour le premier parlement post-apartheid, elle décline cette perspective[6].
Thuli Madonsela est membre de l'équipe qui rédige la nouvelle constitution sud-africaine, promulguée en 1996. Elle travaille ensuite pour des syndicats professionnels, dans le secteur public et privé, à partir des années 1980[5],[1],[7]. Elle est également membre à temps plein de la Commission de réforme du droit sud-africain, nommé à ce poste en 2007 par le président Thabo Mbeki[6],[8],[9].
Médiatrice de la République
[modifier | modifier le code]Le , elle est nommée médiatrice de la République par le président Jacob Zuma pour un mandat de sept ans non renouvelable, avec le soutien unanime des différents partis présents à l'Assemblée nationale. Le rôle de ce médiateur, encore appelé défenseur public, est d'enquêter sur les dysfonctionnements et les abus de pouvoir dans l'administration publique. Il est à la tête d'une équipe de 150 enquêteurs. Après avoir rassemblé suffisamment d'éléments probants sur une plainte, cette équipe publie sur les mesures requises, auprès des autorités compétentes. Mais ce défenseur des citoyens ne peut pas prononcer de peines et n'a pas de pouvoir d'injonction. Ce n'est qu'un pouvoir de communication et d'influence, et ses deux prédécesseurs dans cette fonction avaient été sans efficacité, en partie en raison de leur proximité avec les cercles du pouvoir. À l'annonce de sa nomination dans cette fonction, elle déclare que « son bureau doit rester accessible au citoyen ordinaire et qu'elle entreprendra son travail sans crainte ni faveur »[8],[3].
Elle et son équipe se mettent à l'écoute des plaintes qui leur sont formulées, et les instruisent, traquant les conflits d'intérêts, les faits de corruption et les abus, dans une démocratie caractérisée par l'arrivée brusque au pouvoir d'une génération de leaders longtemps tenus à l'écart des postes de responsabilités. Elle n'hésite pas à enquêter sur de hauts responsables, liés à l'ANC, tout en veillant à ne pas être utilisée par une faction de l'ANC contre une autre. En 2011, elle accuse ainsi le chef de la police nationale, Bheki Cele, de ne pas avoir respecté des procédures d'appel d'offres, et d'avoir accepté finalement des prix surévalués. Sous la pression de l'opinion, le président Jacob Zuma le suspend, puis le renvoie. En octobre de la même année 2011, le président est contraint de prendre la même décision à l'encontre de deux de ses ministres[3]. En 2012, elle enquête sur des pots de vin reçus par Julius Malema, président de la ligue de jeunesse du parti (ANCYL), une personnalité controversée mais admirée par certains membres de l'ANC, dans le cadre de contrats accordés à la société On-Point Ingénierie[10].
Finalement, elle est conduite à enquêter sur les plaintes concernant les dépenses publiques de propriété privée du chef de l’État lui-même, Jacob Zuma, dans la ville de Nkandla, dans le KwaZulu-Natal. Son dernier rapport est publié le . Il affirme que Jacob Zuma a bénéficié indûment de 246 millions de rands. Son rapport lui vaut des critiques de l'ANC et de plusieurs ministres du gouvernement[6],[11],[12],[13].
Jacob Zuma s'exprime sur ce sujet, devant le Parlement le , après les élections présidentielles de 2014 où il est réélu. Thuli Madonsela lui écrit le , que ce discours au Parlement ne constitue pas une réponse adéquate à son rapport[14],[15]. Cette affaire partage les milieux traditionnellement favorables à l'ANC[16]. Des organisations non gouvernementales comme AfriForum ont indiqué que certaines prises de position contrevenaient à la loi sur le médiateur en insultant celui-ci[17]. Le , le ministre adjoint de la Défense et des vétérans, Kebby Maphatsoe, accuse Thuli Madonsela d'être une contre-révolutionnaire et de travailler pour la CIA. Thuli Madonsela lui répond que ces affirmations constituent un outrage au tribunal[10]. L'ANC prend ses distances par rapport aux déclarations de Kebby Maphatsoe qui se rétracte publiquement le [18]. Dans un courrier à Thuli Madonsela du , le président Jacob Zuma lui écrit être en désaccord sur sa compréhension de sa fonction[19].
Autres fonctions
[modifier | modifier le code]A échéance de son mandat, elle devient titulaire de la chaire de justice sociale à la faculté de droit de l'Université de Stellenbosch[20]. En 2023, Thuli Madonsela est nommée par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, au sein d'un conseil consultatif scientifique des Nations unies[21].
Distinctions
[modifier | modifier le code]- 2011 – Elle est désignée par le journal Daily Maverick comme la personnalité sud-africaine de l'année[1].
- 2014 – Le Time magazine l'identifie parmi les 100 personnalités les plus influentes dans le monde[13],[22].
- 2014 – La chaîne d'informations ANN7 la désigne comme la personnalité sud-africaine de l'année[23].
- 2014 – L'organisation non gouvernementale internationale Transparency International lui décerne l' Integrity Award[24].
- 2015 - Elle est faite Doctor of Laws honoris causa de l'université de Fort Hare , de l'université de Stellenbosch (en mars ), de l'université Rhodes (en avril) et de l'université du Cap (en juin)[25].
Principales publications
[modifier | modifier le code]- (en) « Beyond Putting Women on the Agenda », Agenda, vol. 11, no 24, , p. 27–38 (DOI 10.2307/4065890, lire en ligne)
- (en) « A fair deal for the woman worker? », dans The Constitution of South Africa from a gender perspective, Community Law Centre at the University of the Western Cape in association with David Philip, (ISBN 9780620196567, lire en ligne).
- (en) Mikateko J. Maluleke et Thuli Madonsela, Women and the law in South Africa : Gender equality jurisprudence in landmark court decisions, Department of Justice and Constitutional Development, (lire en ligne)
- (en) « Corruption », Quarterly roundtable, Helen Suzman Foundation, no 24, , p. 8–13 (lire en ligne).
- (en) Secure in Comfort, Public Protector, (ISBN 9781920692155, lire en ligne).
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Thuli Madonsela » (voir la liste des auteurs).
Références
[modifier | modifier le code]- Hlongwane et Nicolson 2011, Daily Maverick.
- Grootes 2013.
- Hervieu 2012, Le Monde.
- Nkambule 2013, Times of Swaziland.
- «Resume of Thuli Madonsela» Site de l'ANC
- Cohen 2014, Bloomberg Businessweek.
- Sole et McKune 2011, Mail & Guardian.
- Bathembu 2009, SouthAfrica.info.
- Sole et McKune 2011, Mail & Guardian.
- de Wet 2014, Mail & Guardian.
- SAPA 2014, News24.
- de Vos 2014, Daily Maverick.
- Munusamy 2014, Daily Maverick.
- Ndenze 2014, Independent Online (IOL).
- Stone 2014, Business Day.
- Ndenze et Seale 2014, Independent Online (IOL).
- SAPA (août) 2014, News24.
- Vecchiatto 2014, Business Day.
- Marrian 2014, Business Day.
- Jordaan 2018, Times Live.
- UN 2023.
- Sanusi 2014, Time Magazine.
- SABC News 2014, South African Broadcasting Corporation.
- SAPA 2014, Mail & Guardian.
- Site www.gov.za 2015
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Chris Bathembu, « Zuma appoints new Public Protector », SouthAfrica.info, (lire en ligne).
- (en) Sam Sole et Craig McKune, « Madonsela vs the world », Mail & Guardian, (lire en ligne).
- (en) Sipho Hlongwane et Greg Nicolson, « Thuli Madonsela, 2011 South African Person of the Year », Daily Maverick, (lire en ligne).
- Sébastien Hervieu, « Thuli Madonsela Médiatrice "sans peur et sans faveur" », Le Monde, (lire en ligne).
- (en) Stephen Grootes, S.A. Politics : Unspun, Kenilworth, Burnet Media, , 176 p. (ISBN 978-0-9870437-6-4, lire en ligne)
- Jacqueline Picot, « Madonsela, Thuli [Soweto 1962] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber (dir.), Le dictionnaire universel des créatrices, Éditions des femmes, , p. 2696.
- (en) Mfanukhona Nkambule, « Thuli Madonsela at Mbabane Wedding! », Times of Swaziland, (lire en ligne).
- AFP, « Corruption : un rapport accable le président sud-africain Zuma », Libération, (lire en ligne).
- (en) Mike Cohen, « Graft Ombudsman Madonsela Rattles South Africa's Ruling ANC (2) », Bloomberg Businessweek, (lire en ligne).
- (en) Sanusi Lamido Sanusi, « TIME 100 LEADERS – Thuli Madonsela – South Africa's fearless public advocate », Time Magazine, (lire en ligne).
- (en) Ranjani Munusamy, « Thuli's Time: SA's protector, sentinel, Makhadzi gets global recognition », Daily Maverick, (lire en ligne).
- (en) SAPA, « ANC calls for review of Madonsela's 'powers' », News24, (lire en ligne).
- (en) Pierre de Vos, « Wishful thinking: If the public protector were helped to do her job », Daily Maverick, (lire en ligne).
- (en) Babalo Ndenze, « Thuli's letter: ANC leaps to Zuma's defence », Independent Online (IOL), (lire en ligne).
- (en) Babalo Ndenze et Lebogang Seale, « ANC, Thuli go head to head », Independent Online (IOL), (lire en ligne).
- (en) SAPA (août), « AfriForum opens case against ANC », News24, (lire en ligne).
- (en) Setumo Stone, « Madonsela in appeal to 'obey the rules' », Business Day, (lire en ligne).
- (en) Staff SABC News, « Madonsela takes South African of the Year award », South African Broadcasting Corporation, (lire en ligne).
- (en) Phillip de Wet, « Madonsela-CIA accusation sparks diplomatic row », Mail & Guardian, (lire en ligne).
- (en) Paul Vecchiatto, Maphatsoe apologises over public protector spy claim, (lire en ligne).
- (en) Natasha Marrian, Zuma questions Madonsela’s power, (lire en ligne).
- (en) SAPA, « Madonsela wins global award for integrity », Mail & Guardian, (lire en ligne).
- Georges Lory, « Afrique du Sud: 20 ans de vie démocratique », Radio France International, (lire en ligne).
- Pierre Boisselet, « Afrique du Sud : Thuli Madonsela, Madame Anticorruption », Jeune Afrique, (lire en ligne).
- Valérie Hirsch, Les Sud-Africains : Lignes de vie d'un peuple, Ateliers Henry Dougier, , 144 p. (lire en ligne), « Madonsela, la croisade contre la corruption », p. 78-85.
- (en) Greg Nicolson, « Bua Mzansi: Preparing for the next Public Protector », Daily Maverick, (lire en ligne).
- (en) Nomahlubi Jordaan, « This is how we can fix inequality: Thuli Madonsela », Times Live, (lire en ligne).
- UN, « Le Secrétaire général crée le Conseil scientifique consultatif pour les percées de la science et de la technologie », sur Organisation des Nations unies, .
Liens externes
[modifier | modifier le code]- (en) « Resume of Thuli Madonsela », sur le site de l’ANC.
- (en) « Public Protector Thuli Madonsela receives fourth honorary Doctor of Laws degree, 11 Jun », sur www.gov.za.