Sublime Porte
La Sublime Porte est le nom français de la porte d'honneur monumentale du grand vizir à Constantinople, siège du gouvernement du sultan de l'Empire ottoman. Il peut désigner, par métonymie, l'Empire ottoman lui-même.
Histoire
[modifier | modifier le code]À l'origine, une ancienne coutume byzantine, adoptée par les sultans ottomans à partir du règne d'Orhan, voulait que les décisions officielles et jugements impériaux soient annoncés aux portes du palais. Le palais du sultan à Bursa, ou sa porte principale, furent ainsi connues comme باب عالی Bāb-ı āli en turc ottoman (de l’arabe باب bāb « porte », et عالي ʿalī « haut »), soit « la Porte élevée » ou « la Porte noble ».
Après la prise de Constantinople, la porte aujourd'hui désignée sous le nom de « Porte impériale » (Bâb-ı Hümâyûn), conduisant dans la cour intérieure du palais de Topkapı, devint à son tour « la Porte élevée ». Au XVIIIe siècle, un nouvel édifice est bâti à l'ouest du palais, dans un style italianisant. Ce bâtiment étant destiné à devenir le siège du Grand vizir et des principaux ministres du gouvernement ottoman, son portique monumental fut d'abord désigné sous le nom de « Porte du Pacha » (paşa kapusu), avant de peu à peu se substituer à la Porte impériale et de devenir à son tour « la Sublime Porte » (Bāb-ı āli).
Ce bâtiment, situé à proximité de la mosquée Nallı Masjid, fut lourdement endommagé par un incendie en 1911. Il abrite aujourd'hui le siège de la préfecture du département d'Istanbul.
Langage diplomatique
[modifier | modifier le code]En 1536, le roi de France François Ier envoie à Constantinople une ambassade, qui passe sous « la Porte élevée » (actuelle Porte impériale) pour accéder au palais du sultan Soliman. Ce nom, par le truchement des drogmans[1], deviendra en français « la Sublime Porte ».
Le français devenant au fil des siècles suivants la langue diplomatique en Europe, le terme de « Sublime Porte » est peu à peu repris dans sa forme originale par toutes les chancelleries occidentales.
Il sera souvent utilisé en langage diplomatique et dans les traités pour désigner le gouvernement ottoman, mais aussi, par métonymie, la ville de Constantinople, gardienne des détroits, et l'Empire ottoman lui-même en tant qu'État[2].
Depuis que la ville a officiellement pris le nom d'Istanbul dans les autres langues, et après 1936 et le transfert du siège du gouvernement turc à Ankara, la désignation de « Sublime Porte » est tombée en désuétude.
Articles liés
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Le mot français truchement vient, comme le mot turc drogman, de l'arabe ترجمان (turǧumān, « traducteur »), qui a aussi donné chez les sépharades le patronyme Tordjman.
- Traité de paix entre la Russie et la Porte Ottomane (1829), site de l'université de Perpignan