[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Shire (cheval)

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Shire
Shire au galop.
Shire au galop.
Région d’origine
Région Drapeau de l'Angleterre Angleterre
Caractéristiques
Morphologie Cheval de trait lourd
Taille 1,80 m en moyenne
Poids 1 000 kg en moyenne
Robe Généralement noire, baie ou grise, avec généralement des balzanes blanches.
Tête Profil convexe
Pieds Grands, sabots larges, fanons très abondants.
Caractère Patient, docile et courageux.
Statut FAO (conservation) En dangerVoir et modifier les données sur Wikidata
Autre
Utilisation Traction hippomobile, débardage

Le Shire (prononcé [ˈʃaɪə]) est une race de chevaux de trait britannique originaire du centre de l'Angleterre. Il est surnommé « gentil géant » grâce à sa docilité et à sa grande taille. Le Shire détient le record du plus grand cheval au monde. Il est facilement reconnaissable avec ses fanons très abondants et ses grandes marques blanches. Encore utilisé pour le travail agricole, il est surtout médiatisé par les compagnies de brasseurs pour lesquelles il tire d'impressionnantes voitures. Exporté en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie, son effectif est relativement faible mais sa popularité lui permet de se maintenir.

Dénomination

[modifier | modifier le code]

Cette race de chevaux doit son nom aux comtés (shires, en anglais) du centre de l'Angleterre[1].

L'histoire du Shire est intimement liée à celle du « Great horse », dont il est réputé être le descendant direct[1]. Ce cheval déjà dépeint au XVe siècle[2] est rebaptisé « English Black » à l'époque du Commonwealth d'Oliver Cromwell[3]. La race est particulièrement influencée par le Flamand, un cheval lourd introduit par les Hollandais aux XVIe et XVIIe siècles pour défricher et drainer les Fens à l'est de l'Angleterre[3]. L'influence du Frison est également notable[3],[4],[1].

Le berceau du Shire se situe dans le centre de l'Angleterre[3] et plus précisément dans les comtés de Lincolnshire et de Cambridgeshire[4]. Au XIXe siècle, son élevage se structure et une sélection est mise en place afin d'obtenir les plus beaux spécimens[4]. Utilisé dans l'agriculture et dans l'industrie[3],[2], il se répand dans les régions voisines puis l'ensemble de l'Angleterre[4]. L’English Cart Horse Society est créée en 1877, et publie le premier registre généalogique en 1880[2]. L'étalon fondateur de la race, Packington Blind Horse, né en 1755 et décédé en 1770, fait partie des étalons inscrits dans ce premier registre[5]. Le premier étalon Shire influent est toutefois Honest Tom, qui devient un symbole de la American Shire Horse Association créée en 1885[2].

En 1884, la Shire Horse Society remplace l’English Cart Horse Society[3], et le nom de « Shire » est finalement adopté[1].

XXe et XXIe

[modifier | modifier le code]
Dessin en noir et blanc d'un cheval de trait de profil, les fanions longs et blancs sur les postérieurs, la queue coupée.
Dessin d'un Shire dans les années 1900 par Thomas von Nathusius.

La race est bien représentée dans le pays jusqu'en 1930[4], le Shire restant alors le principal cheval de trait anglais[H 1]. Entre 1901 et 1914, on estime ainsi la population à près de 5 000 individus[6]. Avec l'arrivée de la motorisation dans les transports, l'agriculture et l'industrie, la race voit ses effectifs réduire drastiquement au point de frôler l'extinction[2]. Après la Seconde guerre mondiale, seules quelques compagnies de brasseurs anglaises continuent d'utiliser des attelages de Shire pour leurs livraisons à Londres[2].

Avec la réduction des effectifs t faute de sélection, une partie des Shire perdent leur taille élevée[2]. Une poignée d'éleveurs entreprend sa sauvegarde et sa revalorisation dans les années 1960[4],[A 1]. Le soutien de la famille royale britannique s'avère également déterminant[2]. Le Shire s'est depuis exporté vers d'autres pays avec la présence de plusieurs sociétés actives en Europe, aux États-Unis, au Canada et en Australie[4]. En 1996, un grand congrès mondial, le premier pour la race, est organisé près de Londres[6].

Description

[modifier | modifier le code]

Taille et poids

[modifier | modifier le code]
Shire présenté comme le plus grand cheval du monde (1,98 m), en 2007.

Le Shire est l'une des plus grandes et des plus lourdes races de chevaux au monde[4],[7],[1]. Sa hauteur au garrot peut dépasser 1,90 m[3]. Sampson, un hongre né en 1846 à Toddington Mills, fut le plus grand cheval du monde jamais répertorié, avec une taille de 2,19 m au garrot et un poids évalué à 1 520 kg[8]. Tina était le plus grand cheval vivant au monde avant sa mort le  ; elle est homologuée par le Livre Guinness des records avec une hauteur de 2,03 m au garrot[P 1]. Noddy, un étalon de robe grise, légèrement pommelée né en Australie, est considéré en 2008 comme le plus grand cheval du monde, avec 2,05 m au garrot pour un poids de 1,3 tonne à l'âge de 5 ans[P 1]. Sa propriétaire, Jane Greenman, dit qu'elle ne pensait pas qu'il atteindrait cette taille lorsqu'elle l'a acheté à 6 mois[P 1].

La taille moyenne des sujets est néanmoins comprise entre 1,62 et 1,72 m pour les étalons[9],[1] et entre 1,60 et 1,70 m pour les juments[9]. Le Shire pèse généralement près de 1 000 kg[4],[10], certains sujets pouvant peser jusqu'à 1 200[3] voire 1 220 kg[1].

En 1938, une étude d'hérédité a comparé la taille et la croissance du poulain Shire et du poulain Shetland, l'une des plus petites races de chevaux au monde[S 1].

Morphologie

[modifier | modifier le code]

L'impression d'ensemble est celle d'un cheval très fortement charpenté[1].

La tête est fine[9] et noble[4]. Elle est de taille moyenne par comparaison au corps[1]. Le profil en est convexe ou busqué[1],[4].

Les yeux sont grands[1]. Le front est large[4],[5],[9].

Les oreilles sont longues et pointues selon Draper[9], petites et mobiles selon l'autrice tchèque Helena Kholová[1].

Son encolure est massive[7] mais néanmoins relativement longue, et légèrement arrondie[9] (arquée[7],[1]). Le bourrelet longitudinal est bien visible, en particulier chez les étalons[1].

Les épaules sont larges et inclinées[5]. Très charpenté, il est bien ouvert du devant[4]. Le passage de sangle est profond[5] et le tour de poitrine va jusqu'à 2,40 m[1]. Le dos est court[1],[4]. Les reins sont puissants et bien attachés et la croupe forte[4],[1].

Photographie en gros plans de sabots d'un cheval ferrés.
Pieds du Shire.

Les membres du Shire sont solides et dotés d'articulations de bonne qualité[1] ; pour supporter et répartir son poids, il est doté de membres, d'articulations et de sabots larges[4]. Le tour des canons mesure entre 28 et 30 cm[1],[9]. Les pieds sont relativement plats[1] mais solides, les couronnes ouvertes et les parois épaisses[9]. Les membres ont toujours des fanons, c'est-à-dire de longs poils lisses, fins et soyeux[4],[5]. Ils sont généralement de couleur blanche, et demandent beaucoup de soins[1].

D'après les standards de la race, sa robe peut être noire, baie ou grise. Les robes rouannes et alezanes ne sont pas admises[4],[A 2]. La robe noire est la plus populaire et la plus traditionnelle ; la robe grise est au contraire la plus rare[1].

Les grandes marques blanches en-tête (liste en tête) et sur les membres (balzanes) sont fréquentes et désirées[1]. En revanche, les grosses taches blanches sur le corps ne sont pas désirables[A 2],[11].

Tempérament et entretien

[modifier | modifier le code]

Le Shire est réputé pour son excellent caractère[7]. Patient, aimable et placide, cela lui vaut le surnom de « gentil géant » (gentle giant en Angleterre). D'une grande douceur, il est très facile à manipuler[4].

Cette race résiste au froid[12]. Le Shire développe un poil d'hiver abondant, souvent avec une moustache caractéristique poussant sur la lèvre supérieure[12].

Cheval noir et blanc vu de profil broutant, dont le bas des jambes est rasé.
Albion, un Shire dont les fanons ont été rasés pour permettre les soins des membres.

Le Shire est touché par le lymphœdème chronique progressif, une maladie dont les signes cliniques incluent un gonflement progressif, une hyperkératose et une fibrose distale des membres, qui est similaire au lymphoedème chronique chez l'humain[S 2].

Les mouvements du Shire sont classiques[7].

La race a fait l'objet d'une étude visant à déterminer la présence de la mutation du gène DMRT3 à l'origine des allures supplémentaires : l'étude de 19 sujets n'a pas permis de détecter la présence de cette mutation chez le Shire[S 3]. Il n'existe pas de mentions de chevaux ambleurs parmi la race[S 3].  

Utilisations

[modifier | modifier le code]

Le Shire est désormais un cheval de loisir ou de travail[12].

Le Shire est typiquement un cheval de trait : il est capable de déplacer seul une charge de cinq tonnes[1].

Les Shire sont encore utilisés pour le travail dans les fermes, notamment pour perpétuer les traditions anciennes[1]. Des épreuves et concours de labour sont aussi organisées à titre de spectacle comme à Wembley où le Shire se distingue régulièrement[4],[13]. Il est recherché comme cheval d'attelage et d'apparat, en particulier par les brasseries, qui, dans un souci d'esthétisme, l'utilisent dans leurs publicités[4],[1]. Il tire également les calèches de mariage[14]. Aux États-Unis, les concours de show avec cette race sont également prisés[14].

En Angleterre, en 1924, un Shire nommé Vulcain est parvenu à tirer 29 tonnes, mesuré avec un dynamomètre[14].

Selle et croisements

[modifier | modifier le code]
Une jeune fille trotte dans un pré en herbe sur un grand cheval bai foncé.
Shire monté par une jeune fille.

Les Shires peuvent également être montés, et ce quels que soient la taille et le niveau de la personne, leur bon tempérament le permettant[4]. Il est aussi croisé avec des chevaux Pur-sang pour produire des chevaux de selle, pour le saut d'obstacles ou le hunter aux États-Unis[14] et pour la chasse à courre en Angleterre[13].

Diffusion de l’élevage

[modifier | modifier le code]

L'ouvrage Equine Science (4e édition de 2012) classe le Shire parmi les races de chevaux connues au niveau international[15].

Au Royaume-Uni

[modifier | modifier le code]

La Shire Horse Society gère le registre généalogique de la race et assure la promotion du Shire[A 3]. L'association est située dans le Northamptonshire[13]. Le nombre de Shire dans le pays est estimé à près de 3 000 sujets en 2012[11]. Chaque année, l'association organise un rassemblement annuel à Peterborough où plus de 350 chevaux attelés sont présentés[13].

Aux États-Unis

[modifier | modifier le code]

Les premiers sujets ont été importés aux États-Unis dans le milieu des années 1800[14]. L'American Shire Horse Association (ASHA) est fondée en 1885, à une époque d'importations massives[2]. Le Shire est prisé des colons américains, qui apprécient sa taille, sa force et son tempérament[2]. Entre 1900 et 1918, près de 4 000 Shires sont importés[14]. Mais avec l'arrivée du tracteur motorisé, le nombre de sujets a très fortement décliné[2].

C'est au milieu des années 1960 que quelques éleveurs relancent l'ASHA en dormance en mettant le stud-book à jour et en mutualisant leurs efforts pour recréer un groupe de Shire viables[2]. En 1968, un Shire est importé de l'Angleterre vers l'Idaho : c'est la première importation depuis la Seconde Guerre mondiale[2].

L'effectif de la race se redresse, le Shire re-devenant populaire parmi les chevaux de trait[14],[2]. Cependant, le faible effectif restant pousse à rouvrir le stud-book aux juments de trait sans papiers de type Shire ; les descendants de demi-Shire sont ensuite réincorporés à la race[12]. L'ASHA referme le stud-book à la fin des années 1980[12].

On dénombre en 2012 près de 1 000 Shires aux États-Unis et entre 175 et 200 nouveaux chevaux enregistrés chaque année. Leur présence est particulièrement notable dans l'ouest du pays ainsi que dans le Midwest[11].

Au Canada, la Canadian Shire Horse Association (CSHA) a été créée en 1888[14]. Mais elle cesse d'opérer en 1941, les effectifs de la race étant alors proche de zéro. Elle est reformée en 1989 avec le regain d'intérêt pour la race. En 2012, on compte près de 140 sujets sur le territoire, et entre 20 et 30 nouvelles inscriptions chaque année[11].

L'association nationale française de la race porte le nom de « Shire Horse France »[6]. Elle a pour objectif de fédérer l'élevage dans le pays, ses membres étant aussi bien des éleveurs, des propriétaires ou encore des passionnés[A 4]. En 2006, une soixantaine de sujets sont recensés sur le territoire. Il est élevé dans l'ensemble du pays mais plus particulièrement dans le Sud-Ouest, le Nord, le Limousin et la région Rhône-Alpes[6].

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y et z Kholová 1997, p. 96.
  2. a b c d e f g h i j k l m et n Lynghaug 2009, p. 424.
  3. a b c d e f g et h Edwards 2006, p. 188-189.
  4. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u et v Fitzpatrick 2008, p. 252-253.
  5. a b c d et e Edwards 2005, p. 234-235.
  6. a b c et d Collectif 2006, p. 120-121.
  7. a b c d et e Lynghaug 2009, p. 423.
  8. (en) Donald McFarlan et Norris McWhirter, The Guinness book of records, Guinness, , 313 p. (ISBN 0-85112-374-0 et 9780851123745), p. 30.
  9. a b c d e f g et h Draper 2006, p. 68-69.
  10. Sevestre et Rosier 1983, p. 154.
  11. a b c et d Dutson 2012, p. 361.
  12. a b c d et e Lynghaug 2009, p. 426.
  13. a b c et d Racic-Hamitouche et Ribaud 2007, p. 68-69.
  14. a b c d e f g et h Dutson 2012, p. 360.
  15. (en) Rick Parker, Equine Science, Cengage Learning, , 4e éd., 608 p. (ISBN 1-111-13877-X), p. 61.Voir et modifier les données sur Wikidata.

Références scientifiques

[modifier | modifier le code]
  1. (en) « The maternal effects on growth and conformation in shire horse-shetland pony crosses », Proceedings of the Royal Society of London. Series B - Biological Sciences, vol. 125, no 840,‎ , p. 311-335 (ISSN 2053-9193, DOI 10.1098/rspb.1938.0029, lire en ligne, consulté le ).
  2. (en) Hilde E.V. de Cock, Verena K. Affolter, Erik R. Wisner et Gregory L. Ferraro, « Progressive Swelling, Hyperkeratosis, and Fibrosis of Distal Limbs in Clydesdales, Shires, and Belgian Draft Horses, Suggestive of Primary Lymphedema », Lymphatic Research and Biology, vol. 1, no 3,‎ , p. 191–199 (ISSN 1539-6851 et 1557-8585, DOI 10.1089/153968503768330238, lire en ligne Accès payant [PDF], consulté le ).
  3. a et b (en) M. Promerová, L. S. Andersson, R. Juras et M. C. T. Penedo, « Worldwide frequency distribution of the ‘Gait keeper’ mutation in the DMRT3 gene », Animal Genetics, vol. 45, no 2,‎ , p. 274–282 (ISSN 1365-2052, DOI 10.1111/age.12120, lire en ligne Accès payant [PDF], consulté le ).

Références de presse

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c (en) Amy Mathieson, « Giant Shire ‘Noddy’ could be world’s biggest horse » Accès libre [html], sur Horse & Hound, (consulté le ).

Références associatives

[modifier | modifier le code]
  1. (en) « About Us », sur Shire Horse Society (consulté le ).
  2. a et b (en) « Breed Standard & Points of the Horse », sur Shire Horse Society (consulté le ).
  3. (en) « What we do », sur Shire Horse Society (consulté le ).
  4. « L'association Shire Horse France », sur Shire Horse France (consulté le )

Références historiques anciennes

[modifier | modifier le code]
  1. (en) Henry Stephens, Stephens' Book of the Farm: Dealing Exhaustively with Every Branch of Agriculture, William Blackwood, (lire en ligne).

Sur les autres projets Wikimedia :

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Ouvrages spécialisés

[modifier | modifier le code]
  • [Chivers 1976] (en) Keith Chivers, The shire horse : a history of the breed, the Society and the men, J.A. Allen, , 834 p. (lire en ligne)
  • [Mazzarella 2023] (en) Kerri Mazzarella, Shire, Crabtree Publishing Company, (ISBN 978-1-0398-0942-0, présentation en ligne)

Ouvrages généralistes

[modifier | modifier le code]

Articles scientifiques

[modifier | modifier le code]
  • [Stephens et Splan 2013] (en) T. D. Stephens et R. K. Splan, « Population history and genetic variability of the American Shire horse », Animal Genetic Resources/Resources génétiques animales/Recursos genéticos animales, vol. 52,‎ , p. 31–38 (ISSN 2078-6336 et 2078-6344, DOI 10.1017/S2078633613000052, lire en ligne, consulté le )