Le Carillon de Vendôme
Le Carillon de Vendôme est une comptine française du XVe siècle, en forme de canon. Elle tient son nom du carillon (ensemble de cloches pris comme instrument de musique), et de la ville de Vendôme.
Cette chanson a été créée dans le royaume de France pour décrire les dernières possessions du dauphin Charles en 1420.
Histoire et origines
[modifier | modifier le code]Au XVe siècle, dans le cadre de la guerre de Cent Ans, le dauphin Charles, après avoir été déshérité à la suite du traité de Troyes signé en 1420, se retrouve en possession des villes d'Orléans, Beaugency, Cléry, Vendôme et Bourges.
Le Carillon de Vendôme est une chanson, qui aujourd'hui est devenue une chanson enfantine, qui décrit cet état de faits. Le texte d'origine en est le suivant[1]:
Orléans, Beaugency, Cléry et Vendôme sont quatre communes situées dans l'actuelle région Centre-Val de Loire et l'ancienne province de l'Orléanais ; Notre-Dame de Cléry désigne la basilique Notre-Dame de Cléry-Saint-André (Loiret).
À Vendôme, en Loir-et-Cher, de 7 heures à 21 heures, on entend toutes les heures ce carillon, qui précède les coups de l'horloge Saint-Martin.
À Beaugency, il est joué depuis le clocher Saint-Firmin trois fois par jour, à 8 h 10, 12 h 10 et 19 h 10.
À Cléry-Saint-André, il est joué à 7 h 00, matin et soir, ainsi qu'à midi, par les cloches de Notre-Dame de Cléry.
Choix des villes de la liste
[modifier | modifier le code]Charles VII, le « petit roi de Bourges », possédait quand même plusieurs autres territoires de plus grande importance que ceux listés : outre sa capitale Bourges, capitale du duché fidèle de Berry, il y a aussi Poitiers, capitale du duché d'Aquitaine où siège le Parlement du dauphin, ou encore Chinon, vaste forteresse où Jeanne d'Arc le reconnaîtra, etc.[2]
Faute de document d'époque sur les conditions de rédaction de la chanson, on est réduit aux conjectures :
- Une hypothèse est que la chanson a été composée à Bourges « en l'honneur » du dauphin, présent dans la ville[3]. La modestie de ses habitants explique l'absence de Bourges (mais pas des autres villes...)
- Si l'on considère au contraire que la chanson est ironique[4], alors on peut penser que citer des fiefs mineurs seulement discrédite encore davantage le « petit roi de Bourges ».
Paroles
[modifier | modifier le code]Mes amis, que reste-t-il ?
À ce Dauphin si gentil ?
Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme, Vendôme !
Les ennemis ont tout pris
Ne lui laissant par mépris
Qu'Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme, Vendôme !
Musique
[modifier | modifier le code]Références au Carillon de Vendôme
[modifier | modifier le code]En 1731, dans la pièce Arlequin Phaeton, Pierre-François Biancolelli fait allusion au Carillon de Vendôme[5].
En 1976, au chapitre XII de son autobiographie Histoire égoïste, Jacques Laurent raconte le voyage en train qu'il fit, partant de Paris, en novembre 1939, pour rejoindre son régiment d'infanterie stationné à Poitiers. Se remémorant sa traversée de l'Orléanais, J. Laurent écrit (éditions de la Table Ronde, p. 183, et collection Folio, 1978, p. 290) : « Les cloches de Beaugency riment avec celles de Notre-Dame de Cléry. »
En 1968, Maurice Fanon reprend la liste des villes dans sa chanson Nos femmes à nous (album La chambre) :
Nos femm' à nous, celles qui nous ont donné
Orléans, Beaugency,
Notre-Dame de Cléry,
Vendôme – et ce soir à Paris !
Le chanteur américain David Crosby a repris Le Carillon de Vendôme dans une version polyphonique lente, en mode mineur, ne conservant que les trois derniers vers de l'original. La chanson a été incluse sous le titre Orleans dans l'album If I Could Only Remember My Name publié en 1971.
À son tour, l'arrangement de David Crosby a été repris par le groupe français Il était une fois sur son album Ils vécurent heureux (1974) sous le titre Colombes, en remplaçant ironiquement les références à l'Orléanais par une énumération de communes de la banlieue parisienne : Courbevoie, Gennevilliers ; Asnières, Bezons, La Garenne ; Colombes, Colombes ! Levallois, Argenteuil ; Saint-Ouen, Clichy, Saint-Denis ; Colombes, Colombes ! ; Malakoff, Charenton, Nanterre, Suresnes, La Courneuve ; Colombes, Colombes !
Le compositeur Henri Nibelle a écrit une œuvre pour orgue sur ce thème, intitulée Carillon orléanais.
En 2007, dans l'Heure zéro, François Morel, qui interprète le commissaire Martin Bataille, fredonne ironiquement sur l'air du Carillon de Vendôme : « Sherlock Holmes, Jules Maigret, Miss Marple, Hercule Poirot, Columbo, Columbo… ».
En 2011, sur son album Audio, Video, Disco, le groupe français Justice a inséré en version électronique un nouveau dérivé de l'arrangement de David Crosby, sur les paroles anglaises suivantes : Ohio, Tennessee ; California endlessly ; Ride on, ride on.
En 2012, Laurent Voulzy interprète Le Carillon de Vendôme en canon avec les musiciens et choristes de son groupe dans le cadre de sa tournée Lys & Love Tour.
En 2018, le compositeur français Christophe de Coudenhove utilise Le Carillon de Vendôme dans son œuvre Carillons, faisant partie de Suite en forme d'hommage pour orgue à quatre mains et quatre pieds, créée à Lucerne le par le Duo Merlin (Béatrice Piertot et Yannick Merlin).
En 2022, Michel Houellebecq cite "Le Carillon de Vendôme" dans son roman Anéantir, lorsque l'un des personnages, Paul Raison, se souvient l'avoir recopié sur un cahier lorsqu'il était adolescent. Il se remémore aussi la chanson de David Crosby.
Presse
[modifier | modifier le code]Le Carillon de Vendôme désigne également un ancien journal hebdomadaire d'informations locales et d'annonces paraissant dans le département de Loir-et-Cher[6] qui exista entre 1879 et 1944.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- L.-A. Hallopeau, « Essai sur l'histoire des comtes et ducs de Vendôme de la maison de Bourbon », Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, , p. 325 (lire en ligne)
- Une liste plus fournie peut être trouvée sur la page Wikipedia consacrée à Charles VII.
- « Carillon de Vendôme », sur Eduscol [en partenariat avec France Info], (consulté le )
- Il est évident que parler des ennemis du dauphin, et affirmer qu'ils peuvent impunément lui exprimer leur mépris, n'est pas très laudatif... Un mémoire de master II par Sébastien Griottière est en rédaction et aborde ce point ; publication prévue pour septembre 2016.
- Pierre-François Biancolelli, Le Bolus, parodie de « Brutus » par messieurs Dominique (P.-F. Biancolelli) et Romagnesi, représentée le 24 janvier 1731, par les comédiens italiens ordinaires du Roi. Arlequin Phaeton, parodie représentée par les comédiens italiens ordinaires du Roi, le 22 février 1731, par Messieurs Dominique et Romagnesi, Paris, Louis-Denis Delatour, , 68 p. (lire en ligne), p. 54
- Jacques Debal, « Il y a 50 ans : la poignée de main de Montoire, symbole de la collaboration », Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, , p. 55 (lire en ligne)
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressource relative à la musique :