Lamine Chebbi
Lamine Chebbi الأمين الشابي | |
Lamine Chebbi en 1965. | |
Fonctions | |
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Secrétaire d'État tunisien à l'Éducation | |
– (2 ans et 21 jours) |
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Monarque | Lamine Bey |
Gouvernement | Bourguiba I et II |
Prédécesseur | Jallouli Farès |
Successeur | Mahmoud Messadi |
Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Gabès, Tunisie |
Date de décès | (56-57 ans) |
Nationalité | tunisienne |
Parti politique | Néo-Destour puis Parti socialiste destourien |
Père | Mohamed Ben Belgacem Ben Brahim Chebbi |
Fratrie | Abou el Kacem Chebbi |
Diplômé de | Université Zitouna Université al-Azhar |
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Lamine Chebbi ou Lamine Chabbi (arabe : الأمين الشابي), de son nom complet Mohamed Lamine Chebbi (محمد الأمين الشابي), né en 1917 à Gabès et décédé en 1974, est un homme politique tunisien.
Il est le premier secrétaire d'État (équivalent de ministre) de l'Éducation nationale de la Tunisie indépendante, Jallouli Farès l'ayant précédé à ce poste alors que la Tunisie est encore protectorat français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Famille et jeunesse
[modifier | modifier le code]Lamine Chebbi naît au sein d'une noble famille lettrée et intellectuelle[1]. Son père, le cheikh Mohamed Ben Belgacem Ben Brahim Chebbi[2], né en 1879, amateur de poésie et de littérature[3], a acquis une formation traditionnelle à l'université Zitouna[4] ; il part en 1901 étudier à l'université al-Azhar du Caire[5]. À son retour, après sept ans, il se marie à la mère de Chebbi[5] dont on ne sait à peu près rien. Lamine est le frère d'Abdelhamid et du poète Abou el Kacem[5], Abderrazak Cheraït indiquant qu'il a aussi un troisième frère[6]. Le père de Chebbi étant cadi[7], cette fonction conduit la famille à parcourir la Tunisie selon les villes où il est nommé[5]. Ils arrivent à Gabès en 1914, où Lamine naît, à Thala en 1917, à Medjez el-Bab en 1918, à Ras Jebel en octobre 1924[8] et à Zaghouan en 1927[5].
Alors que Lamine effectue ses études au Collège Sadiki, son père meurt le [5]. Lors de l'été 1932, il accompagne son frère aîné Abou el Kacem, alors en mauvaise santé, à Aïn Draham ; ils font également un passage à Tobrouk (Libye)[5]. Abou el Kacem meurt le à l'âge de 25 ans.
Maturité et ministre de l'Éducation nationale
[modifier | modifier le code]Lamine devient par la suite professeur agrégé d'arabe[Quand ?],[réf. à confirmer][9]. Abou el Kacem n'ayant jamais réussi à éditer son diwan, Lamine s'en charge, aidé par le poète égyptien Ahmed Zaki Abou Chadi, alors animateur de la revue Apollo[10], et le recueil est publié en 1955[11] au Caire[12].
En mars 1956, il est élu membre de l'assemblée constituante dans la circonscription Sidi Bouzid-Gafsa-Tozeur.
Lamine Chebbi devient ministre de l'Éducation nationale, du au , dans le premier gouvernement formé après l'indépendance de la Tunisie[5],[13] ; il a alors pour chef de cabinet Mohamed Mzali[14]. Il n'a, comme son prédécesseur Farès, ni le temps ni les moyens pour réaliser ses projets de réforme[15]. Dans L'Action tunisienne du , il explique que les principales difficultés dans l'enseignement sont dans le primaire et dans le secondaire car « le nombre d'enfants à scolariser augmente [et] les professeurs tunisiens bifurquent »[16]. Il remet son rapport le et a, selon lui, pour objectif de fournir un enseignement large qui comporte « une culture religieuse générale » et qui doit être « ouvert sur l'esprit moderne »[17]. Promouvant une arabisation progressive, il est notamment à l'origine de la création en 1956 de l'École normale supérieure de Tunis, à la tête de laquelle il nomme Ahmed Abdessalam[18].
Fin de vie
[modifier | modifier le code]Toutefois, dans la rivalité qui éclate entre le Néo-Destour de Habib Bourguiba et l'Union générale tunisienne du travail, les sympathies de Chebbi à l'égard du syndicat et du courant zitounien ont raison de lui, comme de Mustapha Filali ou de Mahmoud Khiari[19]. Il est remplacé par Mahmoud Messadi le . Il est élu député[20] lors des élections législatives du .
En 1964, à l'occasion du trentième anniversaire de la mort de son frère Abou el Kacem, Lamine Chebbi rédige une introduction à son diwan, qui est réédité pour l'occasion[21].
De nombreuses rues portent aujourd'hui son nom.
Références
[modifier | modifier le code]- Abderrazak Cheraït, Abou el Kacem Chebbi, Tunis, Apollonia, , 159 p. (ISBN 9973-827-12-0, lire en ligne), p. 23.
- Foued Allani, « Dans l'antichambre de l'âme du poète (II) »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur archives.lapresse.tn, .
- Mohamed Chebbi, La philosophie du poète : l'exemple d'un poète tunisien de langue arabe. Abul Qâcem Chabbi, 1909-1934, Paris, L'Harmattan, , 226 p. (ISBN 978-2-7475-9252-9, lire en ligne), p. 25.
- Mongi Chemli, « Un poète romantique tunisien : Abou-l-Qasim Chabbi »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur archives.lapresse.tn, .
- (ar) « À propos de la vie d'Abou el Kacem Chebbi », sur khayma.com (consulté le ).
- Abderrazak Cheraït, op. cit., p. 35.
- Slimane Zéghidour, La poésie arabe moderne entre l'Islam et l'Occident, Paris, Karthala, , 361 p. (ISBN 978-2-86537-047-4, lire en ligne), p. 337.
- Abderrazak Cheraït, op. cit., p. 125.
- André Martel, « Un témoin des débuts de l'indépendance tunisienne : L'Action », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, nos 15-16, , p. 180 (lire en ligne, consulté le ).
- Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, op. cit., p. 50.
- Abderrazak Cheraït, op. cit., p. 31.
- Mohamed Hassen Zouzi-Chebbi, op. cit., p. 14.
- « Entretien avec Mr Chedli Klibi : "Puiser en nous-mêmes les accents qui forcent les portes de l'universel" »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur archives.lapresse.tn, .
- Abdel-Majid Trab Zemzemi, La Tunisie face à l'imposture, Genève, Albatros, (ASIN B0000EAA56), p. 20.
- Mokhtar Ayachi, Écoles et société en Tunisie, 1930-1958, Tunis, Centre d'études et de recherches économiques et sociales, , 474 p. (ISBN 978-9973-902-22-1), p. 425.
- L'Action tunisienne, no 116, cité par André Martel, « Un témoin des débuts de l'indépendance tunisienne : L'Action », Revue de l'Occident musulman et de la Méditerranée, nos 15-16, , p. 180 (lire en ligne, consulté le ).
- Riadh Ben Rejeb, Intelligence, test et culture : le contexte tunisien, Paris, L'Harmattan, , 283 p. (ISBN 2-7475-1750-0, lire en ligne), p. 76.
- Pierre Vermeren, La Formation des élites marocaines et tunisiennes : des nationalistes aux islamistes, 1920-2000, Paris, La Découverte, , 516 p. (ISBN 978-2-7071-5544-3, lire en ligne), p. 230.
- Mounir Charfi, Les Ministres de Bourguiba (1956-1987), Paris, L'Harmattan, , 246 p. (ISBN 978-2-296-18076-5, lire en ligne), p. 106.
- Taoufik Habaieb, « Une page de l'histoire de la publicité en Tunisie », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
- Abderrazak Cheraït, op. cit., p. 111.