Jours de haine
Titre original | Días de odio |
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Réalisation | Leopoldo Torre Nilsson |
Musique | José Rodríguez Faure |
Acteurs principaux |
Elisa Galvé |
Pays de production | Argentine |
Genre | Drame |
Durée | 70 minutes |
Sortie | 1954 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
Jours de haine (titre original espagnol : Días de odio) est un film argentin réalisé par Leopoldo Torre Nilsson d'après un conte, Emma Zunz (es), écrit par Jorge Luis Borges et sorti en 1954.
Synopsis
[modifier | modifier le code]Emma Zunz est employée dans l'usine textile où son père, autrefois caissier, fut contraint de fuir sous la fausse accusation de détournement de fonds. Lorsqu'elle apprend que celui-ci s'est suicidé, elle met au point un stratagème diabolique afin de venger sa mémoire…
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Titre du film : Jours de haine
- Titre original : Días de odio
- Réalisation : Leopoldo Torre Nilsson
- Scénario : L. Torre Nilsson, Jorge Luis Borges, d'après son conte Emma Zunz, paru en 1948[1].
- Photographie : Enrique Wallfisch - Noir et blanc
- Musique : José Rodríguez Faure
- Son : Germán Zulem
- Montage : Rosalino Caterbeti
- Production : SIFA (Sociedad Independiente Filmadora Argentina), Armando Bo
- Pays d'origine : Argentine
- Langue originale : Espagnol
- Durée : 70 minutes
- Date de sortie :
Distribution
[modifier | modifier le code]- Elisa Galvé : Emma Zunz
- Nicolás Fregues (es) : Plesner
- Raúl del Valle : le matelot
- Enrique de Pedro : le père
- Duilio Marzio : le jeune
- Virginia Romay (es) : la mère d'Emma
- Héctor Bianciotti
Commentaire
[modifier | modifier le code]Dès 1948, année de la parution d' Emma Zunz de Jorge Luis Borges, Torre Nilsson manifesta le désir de l'adapter à l'écran.
À la lecture de ce conte extraordinairement bref, on saisit, à quel point, l'héroïne offre de particularités psychologiques de nature à provoquer intérêt et fascination de la part du réalisateur argentin. Emma Zunz pourrait être l'archétype de ces adolescentes « marquées par la sinistre comédie de l'éducation bourgeoise » rigoriste[2] : prototype féminin observé, creusé et approfondi dans l'œuvre à venir de Torre Nilsson, accomplie sous le sceau littéraire de Beatriz Guido (es).
À dire vrai, Emma Zunz, « étrange protagoniste au comportement caractéristique des spéculations déductives et des fictions complexes chères à Borges »[3], cette Emma capable de préméditer et d'exécuter une vengeance parfaite, s'élargit, grâce à Torre Nilsson, d'une dimension intérieure et sociale, à peine suggérée chez l'écrivain. Contraint, sous l'empire de la nécessité et des recommandations du producteur, Armando Bo, de développer son film jusqu'au long métrage, Torre Nilsson bâtit alors « l'histoire d'une solitude en conflit avec son milieu. Une histoire bien plus ancienne, mais peut-être plus riche et plus expressive. L'histoire, en quelque sorte, de toutes les solitudes, de toutes les haines, de toutes les vengeances. »[4].
Or, de tout cela, Borges, associé cependant à l'écriture du scénario, n'en fut point satisfait. « L'histoire se chargea d'un argument de type sentimental qui ne cadrait pas avec la dureté des faits décrits par mon récit », dit-il principalement[5]. Enfin, ajouta-t-il, « mon œuvre était si condensée qu'il aurait fallu raisonnablement faire un film en trois épisodes » et Borges émit le vœu que l'on ajoute deux autres contes, respectivement écrits par Silvina Ocampo et Adolfo Bioy Casares[6].
On doit, néanmoins, admettre qu'en maints endroits l'Emma criminelle de Borges puisse susciter chez Torre Nilsson plus qu'une attirance. Nous y découvrons une jeune femme de dix-neuf ans à qui les hommes inspirent encore une « terreur pathologique »[7] Une Emma qui, tout en se donnant à un marin scandinave, juge que « son père avait fait à sa mère la chose horrible qu'on lui faisait à présent. »[8] Jusqu'au cruel dénouement final, celui du meurtre de Loewenthal/Plesner, expliquée par la thèse invraisemblable de tentative de viol et d'assassinat en état de légitime défense : « L'histoire était incroyable, en effet, mais elle s'imposa à tout le monde, car en substance elle était vraie. Sincère était le ton d'Emma Zunz, sincère sa peine, sincère sa haine. Authentique aussi était l'outrage qu'elle avait subi [...] ».
Véritable premier film de Leopoldo Torre Nilsson, Días de odio a, selon, Marcel Oms, « les défauts traditionnels des réalisations de débutants cultivés. » Il cite, à ce titre, Tomas Eloy Martínez, auteur d'un ouvrage sur le réalisateur argentin, qui écrit notamment : « Le metteur en scène a essayé de réduire au minimum les dialogues et de suivre l'évolution de l'histoire à travers un commentaire off par Emma elle-même. [...] Pour suggérer son affrontement au contexte, il montra l'héroïne constamment seule et greffa autour d'elle quelques touches sociales élaborées avec l'idée d'aérer l'intrigue [...] sans que ces deux forces parvinssent à se compléter mutuellement. »[3] Le réalisateur confie lui-même : « C'est le premier film où j'affronte seul la responsabilité totale... [...] Je découvre alors comment un grand nombre de situations peuvent être affaiblies par une mauvaise interprétation et combien je manquais de métier pour parvenir à une bonne entente entre metteur en scène, personnage et acteur. »[9]
Références
[modifier | modifier le code]- Ce conte fut publié en septembre 1948 dans la revue Sur, puis édité dans un recueil appelé L'Aleph, dans lequel figure dix-sept nouvelles diffusées dans la presse séparément entre 1944 et 1952.
- M. Oms, Torre Nilsson, Premier Plan no 26, Lyon, décembre 1962.
- Marcel Oms, op. cité.
- Leopoldo Torre Nilsson, "Historia de una película, Gente del cine no 28.
- Estela Cédola : Cómo el cine leyó a Borges, Buenos Aires, 1999, Edicial S.A.
- E. Cédola : op. cité.
- Emma Zunz in : L'Aleph, Coll. L'Imaginaire, Éditions Gallimard, 1977 pour la première édition, trad. René L.-F. Durand.
- Emma Zunz, p. 81, op. cité.
- Entrevista con Torre Nilsson in Contracampo, 4/01/1961.
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Ressources relatives à l'audiovisuel :