Joël Bonnemaison
Naissance |
Toulouse |
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Décès |
Nouméa |
Nationalité | Française |
Formation | Lycée Jean-Baptiste-Say |
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Profession | Géographe |
Employeur | ORSTOM |
Approche | Géographie culturelle |
Distinctions | Chevalier de l'ordre national du Mérite (d) |
Joël Bonnemaison, né à Toulouse le et mort le à Nouméa, est un géographe français spécialiste de l'Océanie. Chercheur à l'ORSTOM pendant la plus grande partie de sa carrière, il était aussi professeur de géographie à l'université Paris IV (chaire de géographie culturelle).
Biographie
[modifier | modifier le code]Né à Toulouse le , Joël Bonnemaison effectue sa scolarité au lycée Jean-Baptiste-Say à Paris de 1951 à 1959[1]. Il entre ensuite à la faculté des Lettres et Sciences Humaines de Paris où il passe une licence d'Histoire-Géographie (option Géographie) puis un diplôme d’études supérieures de Géographie[1].
En 1965-1966 il commence son travail de terrain : il obtient d'abord une allocation de recherche de l'ORSTOM pour une durée de six mois à Madagascar afin de préparer une thèse de troisième cycle[2] et poursuit en étant « militaire détaché aux services de la coopération technique[3]. » Recruté par l'ORSTOM le [2], il soutient sa thèse en 1968 (Le terroir de Tsarahonenana : introduction à la région d'Ambohibary (Vakinankaratra))[4],[5].
Il s'ensuit une longue période de recherche de 1968 à 1981 (entrecoupée) aux Nouvelles Hébrides conclue par la soutenance d'une thèse de doctorat d’État ès lettres et sciences humaines en 1985 à l'université Paris IV sous la direction de Jean Delvert (Les fondements d'une identité : territoire, histoire et société dans l'archipel du Vanuatu)[6]. Durant cette période il est principalement affecté au centre de l'ORSTOM de Nouméa (1968-1971 et 1972-1975) puis à Port-Vila (1976-1981)[7].
Après deux ans (1985-1987) en poste à Canberra en Australie à l'Australian National University et des missions de recherche aux Fidji et en Papouasie-Nouvelle-Guinée, il repart à Nouméa en 1988-1989[8].
De retour à Paris en 1989 au siège de l'ORSTOM, il prend la direction du département Société, Urbanisation, Développement (SUD) jusqu'en 1994[8]. À partir de cette année-là il occupe la chaire de géographie culturelle à l'université Paris IV jusqu'à son décès le à Nouméa[8].
Travaux
[modifier | modifier le code]Il est spécialiste de géographie culturelle, et participe à l'élaboration de l'épistémologie de ce pan de la discipline[9]. Son ouvrage La Géographie culturelle[a], paru en 2000, reprend des cours qu'il a donnés à l'Institut de géographie entre 1994 et 1997, et fait l'historique de cette approche particulière de la géographie, en commençant par les travaux de Friedrich Ratzel et Carl Sauer. Il poursuit en montrant le désintérêt pour la géographie culturelle qui se manifeste avec l'émergence de la géographie radicale et des courants de la Nouvelle Géographie attachés à des approches quantitatives et positivistes[9]. Le renouveau de ce champ de la discipline vient avec les travaux de Pierre Gourou, puis ceux de Paul Claval et d'Augustin Berque, qui se focalisent sur « une géographie humaniste des représentations »[9]. L'ouvrage de Joël Bonnemaison mobilise des concepts divers de la géographie culturelle, en premier lieu desquels le géosymbole, ou encore l'« esprit du lieu », qui caractérise le rapport au monde d'un groupe ou d'une société. Ainsi, l'espace des géographes, pour Joël Bonnemaison, est composé de trois étages différents : l'espace structural et objectif ; l'espace vécu ; l'espace culturel[9].
C'est dans son article de 1981, Voyage autour du territoire[b], que Joël Bonnemaison introduit la notion de « géosymbole » qu'il définit alors comme étant « un lieu, un itinéraire, une étendue qui, pour des raisons religieuses, politiques ou culturelles prend aux yeux de certains peuples et groupes ethniques, une dimension symbolique qui les conforte dans leur identité[12]. »
Distinction
[modifier | modifier le code]Publications (sélection)
[modifier | modifier le code]Articles
[modifier | modifier le code]- « Les voyages et l’enracinement : forme de fixation et de mobilité dans les sociétés traditionnelles des Nouvelles-Hébrides », Espace géographique, vol. 8, no 4, , p. 303-318 (DOI 10.3406/spgeo.1979.1937, lire en ligne)
- « Voyage autour du territoire », Espace géographique, vol. 10, no 4, , p. 249–262 (DOI 10.3406/spgeo.1981.3673, lire en ligne)
- « Vivre dans l'île, une approche de l'îléité océanienne », Espace géographique, vol. 19-20, no 2, , p. 119-125 (DOI 10.3406/spgeo.1990.2961, lire en ligne)
- « Le territoire enchanté : croyances et territorialités en Mélanésie », Géographie et Cultures, vol. 1, no 3, , p. 79-88 (lire en ligne)
Ouvrages
[modifier | modifier le code]- La dernière île, Arléa/ORSTOM, (lire en ligne)[15],[c]
- Les fondements d'une identité : territoire, histoire et société dans l'archipel du Vanuatu[17]
- 1. L'arbre et la pirogue, ORSTOM, (lire en ligne)
- 2. Tanna : les hommes lieux, ORSTOM, (lire en ligne)
- Les fondements géographiques d'une identité : L'archipel du Vanuatu. Essai de géographie culturelle (nouvelle édition retravaillée de Les fondements d'une identité : territoire, histoire et société dans l'archipel du Vanuatu)
- 1. Gens de pirogue et gens de la terre, ORSTOM, (lire en ligne)[18]
- 2. Les gens des lieux. histoire et géosymboles d'une société enracinée : Tanna, ORSTOM, (lire en ligne)
- Atlas des îles et des États du Pacifique Sud (en collaboration avec Benoît Antheaume), Reclus,
- Le territoire, lien ou frontière ? actes du colloque, , Paris, sous la dir. de Joël Bonnemaison, Luc Cambrézy, Laurence Quinty-Bourgeois, l'Harmattan, 1999, 2 vol.
- 1. Les territoires de l'identité
- 2. La nation et le territoire (lire en ligne)
- La géographie culturelle, Éditions du CTHS, (présentation en ligne)
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Il a fait l'objet de plusieurs recensions[10].
- Considéré comme un des textes fondateurs de la géographie culturelle[11].
- Ouvrage traduit en anglais par Josée Penot sous le titre The Tree and the Canoe : History and Ethnogeography of Tanna, 1994, University of Hawaii Press[16].
Références
[modifier | modifier le code]- Le voyage inachevé, Biographie de Joël Bonnemaison, p. 39.
- La géographie culturelle, Biographie, p. 149.
- Joël Bonnemaison, Le terroir de Tsarahonenana : introduction à la région d'Ambohibary (Vakinankaratra), (lire en ligne)
- « Catalogue SUDOC », sur www.sudoc.abes.fr (consulté le )
- « Thèses de géographie soutenues en 1968 (thèses d'État, thèses d'Université, thèses de 3e cycle) », Annales de Géographie, vol. 78, , p. 369 (lire en ligne, consulté le )
- Le voyage inachevé, 1985 : soutenance de la thèse de Joël Bonnemaison, p. 49.
- La géographie culturelle, Biographie, p. 149-150.
- La géographie culturelle, Biographie, p. 150.
- Thénard-Duvivier, Franck, « Joël Bonnemaison, La Géographie culturelle », 100 livres d'histoire et de géographie, , p. 30-33
- Voir :
- Jérôme Monnet, Cybergeo : European Journal of Geography [En ligne], Revue de livres, mis en ligne le 27 juin 2002, lire en ligne
- Jean Copans, Cahiers d'études africaines [En ligne], 167, 2002, lire en ligne
- Jean-René Trochet, Annales de Géographie, t. 111, n°623, 2002. p. 88, lire en ligne
- Dominique Couret, « Notes de lecture », Autrepart 1/2002 (n° 21) , p. 179-180, lire en ligne, DOI 10.3917/autr.021.0179
- Philippe Reyt, Cahiers de géographie du Québec, vol. 45, n° 126, 2001, p. 499, lire en ligne, DOI 10.7202/023005ar
- Bernard Debardieux, « Lectures », L'Espace géographique, vol. 31, , p. 190-191 (ISSN 0046-2497, lire en ligne)
- Le voyage inachevé, L'invitation au voyage, p. 15.
- Bonnemaison 1981, p. 256
- Le voyage inachevé, Biographie de Joël Bonnemaison, p. 40.
- « JORF », n°112, sur légifrance,
- Claude Robineau, « Bonnemaison, Joël, La dernière île », Journal de la Société des océanistes, vol. 84, no 1, , p. 114-117 (lire en ligne) ; Bernard Hours, « Bonnemaison Joël. La dernière île », Journal de la Société des océanistes, vol. 84, no 1, , p. 119 (lire en ligne) ; Jean-Pierre Doumenge, « Joël Bonnemaison, La Dernière Ile », Annales de Géographie, vol. 98, no 546, , p. 247-250 (lire en ligne) ; Jean-François Baré, « J. Bonnemaison, La Dernière île », L'Homme, vol. 29, no 109, , p. 160-162 (lire en ligne)
- Le voyage inachevé, La traduction de La dernière île, p. 93-96.
- Pierre-Yves Toullelan, « Bonnemaison (Joël) : Les fondements d'une identité. Territoire, histoire et société dans l'archipel du Vanuatu (Mélanésie). Essai de géographie culturelle », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 76, no 284, , p. 350-351 (lire en ligne)
- Serge Latouche, « Joël Bonnemaison, Gens de pirogue et gens de la terre », Tiers-Monde, vol. 38, no 149, , p. 222-224 (lire en ligne) ; Frédéric Angleviel, « Bonnemaison (Joël) : Gens de pirogue et gens de la terre : Les fondements géographiques d'une identité. L'archipel du Vuanatu. Essai de géographie culturelle, livre I », Revue française d'histoire d'outre-mer, vol. 85, no 319, , p. 175-176 (lire en ligne)
Annexe
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Le voyage inachevé... à Joël Bonnemaison, Paris, ORSTOM/PRODIG, , 776 p. (ISBN 2-7099-1424-7, lire en ligne)
- Joël Bonnemaison (établi par Maud Lasseur et Christel Thibault), La géographie culturelle : cours de l'Université Paris IV-Sorbonne, 1994-1997, Paris, C.T.H.S., , 152 p. (ISBN 2-7355-0585-5)
- Christian Huetz de Lemps et Michel Portais, « Joël Bonnemaison, un géographe des antipodes (1940-1997) », Géographie et Cultures, no 24, , p. 3-8
- Florence de Changy, « Joël Bonnemaison », Le Monde, (lire en ligne )
Liens externes
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- Ressources relatives à la recherche :
- « Notices bibliographiques », EchoGéo, (lire en ligne)
- « Joël Bonnemaison », sur cths.fr, Comité des travaux historiques et scientifiques.