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Inde britannique

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En rose, les provinces au sein du Raj britannique en 1909.
Exécutions au canon en Inde lors de la Révolte des Cipayes (1857-1858) (peinture russe de Vassili Vereshchagin (1887).

L'Inde britannique (« British India ») est la partie du sous-continent indien placée sous la domination britannique de 1757 à 1947. Les historiens distinguent généralement deux périodes :

En 1890, les Indiens sont toujours sous la domination des Britanniques. Dans les textes législatifs de l'époque, l'expression désigne stricto sensu les provinces administrées directement par les Britanniques, ainsi distinguées des États princiers dirigés par un souverain local.

Des premières implantations à la domination

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Carte des pays situés entre l'Angleterre et l'Inde. Le géographe James Wyld (en) l'a conçue pour montrer les routes terrestres et maritimes vers l'Est de l'Angleterre, la ligne de communication avec les possessions indiennes de l'Angleterre, et la position relative de la Russie par rapport à l'Angleterre et à l'Hindoustan. 1855.

Si la domination britannique s'étend de 1757 à 1947, date de l'indépendance de l'Inde, les Britanniques étaient présents dans certaines parties de l'Inde dès 1600, avec la création de la Compagnie britannique des Indes. Cependant, les Britanniques ne vont instaurer une présence solide que vers les années 1630, consolidant notamment leurs positions à Madras, et à Bombay. Le Bengale est l'enjeu d'une longue lutte avec les Français, entre 1685 et 1757, qu'ils vont évincer d'Inde à la suite de la guerre de Sept Ans. Lors du traité de Paris de 1763, les Britanniques ne vont laisser que cinq comptoirs aux Français, et s'emparer du reste de l'Inde, en maintenant des États princiers, des protectorats ou des colonies (Madras). Ils vont maintenir les Portugais, avec qui ils sont en bons termes, sur de petits territoires, dont Goa, qui sont cependant très dépendants des territoires gérés par les Britanniques.

Entre les années 1870 et 1890, près de 15 millions d'Indiens meurent de famines successives. Le degré de responsabilité de l’administration coloniale britannique est sujet à controverses entre historiens, D'après l'historien Niall Ferguson, « il y a des preuves claires d'incompétence, de négligence et d'indifférence au sort des affamés », mais pas de responsabilité directe, l’administration coloniale étant simplement restée passive. Au contraire pour l'historien Johann Hari : « Loin de ne rien faire pendant la famine, les Britanniques ont fait beaucoup — pour [faire] empirer les choses. Les autorités auraient en effet continué d'encourager les exportations vers la métropole sans s’inquiéter des millions de morts sur le sol indien »[1],[a].

L'historien Mike Davis soutient également l'idée que « Londres mangeait le pain de l'Inde » pendant la famine. En outre, le vice-roi Robert Lytton fait interdire de porter assistance aux personnes affamées, parfois décrites comme « indolentes » ou « incompétentes pour le travail ». Les journaux des régions épargnées par la famine reçoivent l'instruction d'en parler le moins possible. D'après Mike Davis, Lord Lytton aurait été guidé par l'idée qu'en « s'en tenant à l'économie libérale, il aidait obscurément le peuple indien »[1].

Déclin économique relatif

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La période coloniale représente pour l'Inde un fort déclin économique, en comparaison du reste du monde : d'après les statistiques réalisées par l’historien et économiste britannique Angus Maddison, la part de l'Inde dans la richesse mondiale est tombée de 22,6% en 1700 à 3,8% en 1952[2].

Chronologie

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Les présidences ou provinces sont les régions d'Inde placées sous l'administration directe de la Compagnie britannique des Indes orientales de 1612 à 1858 (période dite du Raj de la compagnie), puis sous celle de la couronne britannique (période dite du Raj britannique) de 1858 à 1947, à la suite de traités, de guerres ou d'annexions.

Dans la législation de l'époque, les provinces sont appelées « Inde britannique » (« British India ») car au sein de l'Inde sous domination coloniale, elles se distinguent des États princiers, sous l'autorité d'un monarque local mais reconnaissant la suzeraineté britannique.

Au début du XXe siècle, il existe huit provinces majeures, dirigées par un gouverneur (Governor) nommé directement par Londres ou un lieutenant-gouverneur (Lieutenant-Governor) nommé par le Vice-roi, et cinq provinces moins importantes dirigées par un commissaire en chef (Chief Commissioner).

Provinces du Raj britannique
Province Superficie en km2 Population en 1901 (en millions) Administrateur
Assam 130 000 km2 6 Commissaire en chef
Bengale 390 000 km2 75 Lieutenant-gouverneur
Bombay 320 000 km2 19 Gouverneur
Birmanie 440 000 km2 9 Lieutenant-gouverneur
Provinces centrales 270 000 km2 13 Commissaire en chef
Madras 370 000 km2 38 Gouverneur
Pendjab 250 000 km2 20 Lieutenant-gouverneur
Provinces unies 280 000 km2 48 Lieutenant-gouverneur
Province de la Frontière du Nord-ouest 41 000 km2 2,1 Commissaire en chef
Balouchistan britannique 120 000 km2 0,3 Agent politique britannique au Balouchistan, commissaire en chef ex officio
Coorg 4 100 km2 0,2 Résident britannique à Mysore, commissaire en chef ex officio
Ajmer-Merwara 7 000 km2 0,5 Agent politique britannique au Rajputana, commissaire en chef ex officio
Îles Andaman-et-Nicobar 8 249 km2 0,03 Commissaire en chef
Total 3 393 000 km2 231 -

De 1905 à 1911, le Bengale est divisé en deux et une nouvelle province, l'Assam-et-Bengale-oriental est créé, dirigée par un lieutenant-gouverneur. En 1911, le Bengale-oriental est réuni au Bengale et les nouvelles provinces à l'est sont l'Assam, le Bengale, le Bihar et l'Orissa.

À la veille de l'Indépendance en 1947, les Indes comptent 17 provinces :

Au moment de la partition, 11 provinces rejoignent l'Inde (Ajmer-Merwara-Kekri, îles Andaman et Nicobar, Bihar, Bombay, Provinces centrales et Berar, Coorg, Delhi, Madras, Panth-Piploda, Orissa et les Provinces unies), 3 le Pakistan (Baloutchistan, Frontière du Nord-ouest et Sind) et 3 sont divisées entre l'Inde et le Pakistan (Assam, Bengale et Pendjab).

Notes et références

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  1. On observe une attitude similaire des Britanniques pendant la grande famine irlandaise de 1845 à 1851.

Références

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  1. a et b (en-GB) « Johann Hari: The truth? Our empire killed millions », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. « Of Oxford, economics, empire, and freedom », sur www.thehindu.com (consulté le ).

Bibliographie

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  • (en) James Mill, The History of British India (Londres, 1818, 2e éd. 1820, 3e éd. 1826, 4e éd. 1848, 5e éd. 1858)
  • (en) Warren, Comte Édouard de, L'Inde anglaise en 1843-1844
  • (en) Warren, Comte Édouard de, L'inde anglaise avant et après l'insurrection de 1857, par le cte Edouard de Warren, ancien officier au service de S. M. britannique dans l'Inde (Hachette et Cie, 3e édition, 1858)
  • (en) Meyer, Burn & Cotton, The Imperial Gazetteer of India (3e éd., 1908–1931)
  • Alain Daniélou, Histoire de l'Inde (Fayard, 1983)
  • Jacques Dupuis, Histoire de l'Inde (Éditions Kailash, 2e éd. 2005), (ISBN 2-84268-122-3)
  • Guillemette Crouzet, "Les Indes : apogée et déclin d'un empire au sein de l'Empire britannique", Encyclopédie d'histoire numérique de l'Europe - EHNE, mis en ligne le 23 juin 2020. (consulté le 27 mars 2024).

Articles connexes

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