En mathématiques , la fonction "somme des puissances k -ièmes des diviseurs ", notée
σ
k
{\displaystyle \sigma _{k}}
, est la fonction multiplicative qui à tout entier n > 0 associe la somme des puissances
k
{\displaystyle k}
-ièmes des diviseurs positifs de n , où
k
{\displaystyle k}
est un nombre complexe quelconque [ 1] :
σ
k
(
n
)
=
∑
d
|
n
d
k
.
{\displaystyle \sigma _{k}(n)=\sum _{d|n}d^{k}.}
La fonction
σ
k
{\displaystyle \sigma _{k}}
est multiplicative , c'est-à-dire que, pour tous entiers m et n premiers entre eux ,
σ
k
(
m
n
)
=
σ
k
(
m
)
σ
k
(
n
)
{\displaystyle \sigma _{k}(mn)=\sigma _{k}(m)\sigma _{k}(n)}
. En effet,
σ
k
{\displaystyle \sigma _{k}}
est le produit de convolution de deux fonctions multiplicatives : la fonction puissance
k
{\displaystyle k}
-ième et la fonction constante 1.
Si p est un nombre premier alors
σ
k
(
p
q
)
{\displaystyle \sigma _{k}(p^{q})}
est une somme partielle de série géométrique :
∀
q
∈
N
,
σ
k
(
p
q
)
=
1
+
p
k
+
p
2
k
+
…
+
p
q
k
=
{
p
(
q
+
1
)
k
−
1
p
k
−
1
si
p
k
≠
1
,
q
+
1
si
p
k
=
1.
{\displaystyle \forall q\in \mathbb {N} ,\quad \sigma _{k}(p^{q})=1+p^{k}+p^{2k}+\ldots +p^{qk}={\begin{cases}{\frac {p^{(q+1)k}-1}{p^{k}-1}}&{\text{si }}p^{k}\neq 1,\\q+1&{\text{si }}p^{k}=1.\end{cases}}}
(La condition pk = 1 équivaut à k ∈ i(2π/logp )ℤ , ce qui est vrai pour tous les p si k est nul et pour au plus un sinon .) En particulier,
σ
k
{\displaystyle \sigma _{k}}
n'est pas complètement multiplicative .
L'utilisation des deux propriétés précédentes permet de déterminer σk (n ) connaissant la décomposition en facteurs premiers de n :
s
i
n
=
∏
i
=
1
r
p
i
q
i
a
l
o
r
s
σ
k
(
n
)
=
∏
i
=
1
r
∑
j
=
0
q
i
p
i
j
k
.
{\displaystyle {\rm {si}}\quad n=\prod _{i=1}^{r}p_{i}^{q_{i}}\quad {\rm {alors}}\quad \sigma _{k}(n)=\prod _{i=1}^{r}\sum _{j=0}^{q_{i}}p_{i}^{jk}.}
On peut aussi calculer σk (pq ) par les polynômes de Tchebychev : soient Uq le polynôme de Tchebychev de seconde espèce de degré q , et Xq sa renormalisation, définie par Xq (T ) = Uq (T /2) . Alors[ 2] :
σ
k
(
p
q
)
p
k
q
/
2
=
X
q
(
σ
k
(
p
)
p
k
/
2
)
.
{\displaystyle {\frac {\sigma _{k}(p^{q})}{p^{kq/2}}}=X_{q}\left({\frac {\sigma _{k}(p)}{p^{k/2}}}\right).}
Notons a= p k /2 . Il s'agit de prouver que
1
+
a
2
+
a
4
+
.
.
.
+
a
2
k
=
a
q
X
q
(
a
+
a
−
1
)
{\displaystyle 1+a^{2}+a^{4}+...+a^{2k}=a^{q}X_{q}(a+a^{-1})}
ou, plus généralement, qu'on a l'égalité de polynômes :
1
+
T
2
+
T
4
+
.
.
.
+
T
2
q
=
T
q
X
k
(
T
+
T
−
1
)
.
{\displaystyle 1+T^{2}+T^{4}+...+T^{2q}=T^{q}X_{k}(T+T^{-1}).}
Il suffit pour cela de la vérifier sur une infinité de valeurs . Or pour tout réel θ non multiple de π , en posant t = eiθ , on a
X
q
(
t
+
t
−
1
)
=
X
q
(
2
cos
θ
)
=
U
q
(
cos
θ
)
=
sin
(
(
q
+
1
)
θ
)
sin
θ
=
t
q
+
1
−
t
−
(
q
+
1
)
t
−
t
−
1
{\displaystyle X_{q}(t+t^{-1})=X_{q}(2\cos \theta )=U_{q}(\cos \theta )={\frac {\sin((q+1)\theta )}{\sin \theta }}={\frac {t^{q+1}-t^{-(q+1)}}{t-t^{-1}}}}
donc
t
q
X
q
(
t
+
t
−
1
)
=
t
q
+
1
t
t
q
+
1
−
t
−
(
q
+
1
)
t
−
t
−
1
=
t
2
(
q
+
1
)
−
1
t
2
−
1
=
1
+
t
2
+
t
4
+
.
.
.
+
t
2
q
,
{\displaystyle t^{q}X_{q}(t+t^{-1})={\frac {t^{q+1}}{t}}{\frac {t^{q+1}-t^{-(q+1)}}{t-t^{-1}}}={\frac {t^{2(q+1)}-1}{t^{2}-1}}=1+t^{2}+t^{4}+...+t^{2q},}
ce qui conclut.
Par multiplicativité, on déduit du point précédent[ 2] :[ 1]
σ
k
(
m
)
σ
k
(
n
)
=
∑
d
∣
(
m
,
n
)
d
k
σ
k
(
m
n
d
2
)
{\displaystyle \sigma _{k}(m)\sigma _{k}(n)=\sum _{d\mid (m,n)}d^{k}\sigma _{k}\left({\frac {mn}{d^{2}}}\right)}
(où (m , n ) désigne le pgcd de m et n ) puis, par inversion de Möbius :
σ
k
(
m
n
)
=
∑
d
∣
(
m
,
n
)
μ
(
d
)
d
k
σ
k
(
m
d
)
σ
k
(
n
d
)
{\displaystyle \sigma _{k}(mn)=\sum _{d\mid (m,n)}\mu (d)d^{k}\sigma _{k}\left({\frac {m}{d}}\right)\sigma _{k}\left({\frac {n}{d}}\right)}
.
On a l'identité permettant d'évaluer l'ordre moyen de
σ
k
{\displaystyle \sigma _{k}}
:
∑
i
=
1
n
σ
k
(
i
)
=
∑
d
=
1
n
∑
m
=
1
⌊
n
d
⌋
m
k
=
aussi
∑
m
=
1
n
⌊
n
m
⌋
m
k
{\displaystyle \sum _{i=1}^{n}\sigma _{k}(i)=\sum _{d=1}^{n}\sum _{m=1}^{\left\lfloor {\frac {n}{d}}\right\rfloor }m^{k}\,{\overset {\text{aussi}}{=}}\,\sum _{m=1}^{n}\left\lfloor {\frac {n}{m}}\right\rfloor m^{k}}
[ 1]
Démonstration
∑
i
=
1
n
σ
k
(
i
)
=
∑
i
=
1
n
∑
m
|
i
m
k
=
∑
m
,
d
1
⩽
m
d
⩽
n
m
k
=
∑
d
=
1
n
∑
m
=
1
⌊
n
d
⌋
m
k
=
aussi
∑
m
=
1
n
⌊
n
m
⌋
m
k
{\displaystyle \sum _{i=1}^{n}\sigma _{k}(i)=\sum _{i=1}^{n}\sum _{m|i}m^{k}=\sum _{\begin{matrix}m,d\\1\leqslant md\leqslant n\end{matrix}}m^{k}=\sum _{d=1}^{n}\sum _{m=1}^{\left\lfloor {\frac {n}{d}}\right\rfloor }m^{k}\,{\overset {\text{aussi}}{=}}\,\sum _{m=1}^{n}\left\lfloor {\frac {n}{m}}\right\rfloor m^{k}}
La série de Dirichlet associée à
σ
k
{\displaystyle \sigma _{k}}
s'exprime à l'aide de la fonction ζ de Riemann :
∑
n
=
1
∞
σ
k
(
n
)
n
s
=
ζ
(
s
)
ζ
(
s
−
k
)
{\displaystyle \sum _{n=1}^{\infty }{\frac {\sigma _{k}(n)}{n^{s}}}=\zeta (s)\zeta (s-k)}
et l'on a la relation :
∑
n
=
1
∞
σ
k
(
n
)
σ
l
(
n
)
n
s
=
ζ
(
s
)
ζ
(
s
−
k
)
ζ
(
s
−
l
)
ζ
(
s
−
k
−
l
)
ζ
(
2
s
−
k
−
l
)
.
{\displaystyle \sum _{n=1}^{\infty }{\frac {\sigma _{k}(n)\sigma _{l}(n)}{n^{s}}}={\frac {\zeta (s)\zeta (s-k)\zeta (s-l)\zeta (s-k-l)}{\zeta (2s-k-l)}}.}
La fonction[ 3]
σ
0
{\displaystyle \sigma _{0}}
(« nombre de diviseurs » ), également notée[ 4] d , est aussi appelée fonction tau [ 5] , [ 1] (de l'allemand Teiler : diviseur) et notée τ . Elle compte le nombre de diviseurs positifs de n :
d
(
n
)
=
τ
(
n
)
=
∑
d
|
n
1
=
Card
{
1
⩽
d
⩽
n
:
d
|
n
}
=
∏
i
=
1
r
(
k
i
+
1
)
.
{\displaystyle d(n)=\tau (n)=\sum _{d|n}1=\operatorname {Card} \{1\leqslant d\leqslant n:d|n\}=\prod _{i=1}^{r}(k_{i}+1).}
La suite
(
σ
0
(
n
)
)
{\displaystyle (\sigma _{0}(n))}
est répertoriée comme suite A000005 de l'OEIS .
La fonction sigma
σ
1
{\displaystyle \sigma _{1}}
est parfois notée σ . On a
σ
(
n
)
=
∑
d
|
n
d
=
∏
i
=
1
r
∑
j
=
0
q
i
p
i
j
=
∏
i
=
1
r
p
i
q
i
+
1
−
1
p
i
−
1
.
{\displaystyle \sigma (n)=\sum _{d|n}d=\prod _{i=1}^{r}\sum _{j=0}^{q_{i}}p_{i}^{j}=\prod _{i=1}^{r}{\frac {p_{i}^{q_{i}+1}-1}{p_{i}-1}}.}
Par exemple, si n = pq pour deux nombres premiers distincts p et q , alors
σ
(
n
)
=
(
p
+
1
)
(
q
+
1
)
=
n
+
1
+
(
p
+
q
)
et
φ
(
n
)
=
(
p
−
1
)
(
q
−
1
)
=
n
+
1
−
(
p
+
q
)
{\displaystyle \sigma (n)=(p+1)(q+1)=n+1+(p+q){\text{ et }}\varphi (n)=(p-1)(q-1)=n+1-(p+q)}
où φ est l'indicatrice d'Euler .
La somme des diviseurs stricts de n est
s
(
n
)
=
∑
d
|
n
,
d
≠
n
d
=
σ
(
n
)
−
n
.
{\displaystyle s(n)=\sum _{d|n,d\neq n}d=\sigma (n)-n.}
L'entier n est dit parfait si s (n ) = n , déficient si s (n ) < n et abondant si s (n ) > n .
La suite
(
σ
1
(
n
)
)
{\displaystyle (\sigma _{1}(n))}
est répertoriée comme suite A000203 de l'OEIS .
La suite
(
σ
2
(
n
)
)
{\displaystyle (\sigma _{2}(n))}
est répertoriée comme suite A001157 de l'OEIS .
La suite
(
σ
3
(
n
)
)
{\displaystyle (\sigma _{3}(n))}
est répertoriée comme suite A001158 de l'OEIS .
↑ a b c et d Gérald Tenenbaum , Introduction à la théorie analytique et probabiliste des nombres , Belin, page 26.
↑ a et b Emmanuel Royer. Un cours « Africain » sur les formes modulaires .
↑ « d(n) (also called tau(n) or sigma_0(n)), the number of divisors of n » , suite A000005 de l'OEIS .
↑ G. H. Hardy et E. M. Wright , Introduction à la théorie des nombres ; William John Ellison et Michel Mendès France , Les Nombres premiers , 1975 [détail de l’édition ] .
↑ Edmund Landau Handbuch der Lehre von der Verteilung der Primzahlen, Teubner, Berlin 1909.
J. Liouville , « Généralisation d'une formule concernant la somme des puissances des diviseurs d'un nombre », J. Math. Pures Appl. , 2e série, vol. 3, 1858 , p. 63-68 (lire en ligne )
(en) Eric W. Weisstein , « Divisor Function », sur MathWorld