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Danse classique de l'Inde

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Kathak
Kuchipudi
Mahamaya
Bharatanatyam
Sattriya
Différentes danses classiques indiennes.

Les danses classiques de l'Inde sont les formes de danses décrites par le traité Nâtya-shâstra, c'est-à-dire :

On y inclut parfois les danses classiques de l'Assam :

  • le Sattriya,
  • la danse Savaguwa et Rang-guwa Ojapali,
  • le Dewgharar Dev-Natir Nritya.

Tradition historique

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Depuis l'origine, la danse indienne est essentiellement un acte religieux, propitiatoire. Selon la tradition, la danse a été inventée par le dieu Shiva et son épouse Parvati. Shiva est lui-même représenté comme le roi dansant (Nataraja) qui a inventé le tandavam, une danse cosmique prototype des danses masculines. Parvati a inventé le lasya, une danse qui symbolise les émotions de l'amour, modèle des danses féminines voluptueuses[1].

Selon une tradition immémoriale, le métier de danseuse est lié à celui de fille publique. Les devadasi — littéralement servante de la divinité — nombreuses dans les temples brahmaniques à l'époque classique recevaient une éducation soignée au cours d'une longue initiation. Elles dansaient devant les idoles et offraient leurs corps au désir des fidèles, une pratique que les occupants britanniques ravalèrent au rang de prostitution[2].

Sous l'occupation britannique

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Des représentations de danse ont eu lieu lors de fêtes privés organisées chez l'élite indienne ou chez des britanniques résidant en Inde.

Classicisation au cours du 20e siècle

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L'Inde a réalisé au cours du 20e siècle un "renouveau culturel", notamment dans les années menant à l'indépendance, et les années suivant son l'indépendance. La catégorisation, standardisation et revalorisation de certaines danses dites classiques, notamment en recherchant et établissant volontairement un lien avec des textes anciens comme le Natyashastra, a permis dès les années 1930[3] puis après la décolonisation représenter une culture indienne élitiste, intellectuelle et institutionnalisée. Pour certains chercheurs[4], il s’agit d’une véritable « invention de la tradition » pendant la décolonisation, avec un discours officiel insistant sur la qualité ancestrale, pure et historique des danses indiennes dites classiques. Certaines danses dites "classiques", comme le Kathak, ne sont pas issue du Natyashastra et n'ont pas nécessairement d'histoire comme danse religieuse ; ce lien aurait été re-créé au 20e siècle pour donner une identité respectable de fierté nationale culturelle et intellectuelle à la danse[5].

Évolution et caractère authentique des danses classiques

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La tradition très ancienne de la danse classique indienne fait qu'elle est souvent perçue comme une danse immuable, qui n'aurait pas été modifiée depuis plusieurs millénaires. L'authenticité de la danse classique indienne est souvent présentée comme une marque de qualité. Pourtant, les styles de danses classiques indiennes ont évolués au cours de l'histoire.

Sous le régime colonial britannique, la danse classique indienne a également modifié ses modalités d'exécution. Les danseurs de bharatanatyam ont fait évolué la mise en scène de la danse, passant d'une danse de temple à une danse de représentation. Cependant, bien qu'ayant été modifiée car sortie du temple, la danse était toujours présentée comme une danse religieuse et authentique, s'inscrivant dans une tradition millénaire[6].

Mondialisation

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Perception de la danse classique indienne en France.

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La représentation de danse du monde en France commença après 1920, suite à l'intérêt du public pour les cultures extra-occidentales à travers les expositions culturelles et coloniales, souvent avec un prisme orientaliste. Jusqu'en 1950, les danses extra-occidentales étaient réunies sous l'appellation générique "danses exotiques". Les mêmes danseuses pouvait être décrite lors de différents spectacles comme hindoue, orientale, ou javanaises, et l'appellation "danse du ventre" utilisée de manière abusive pour désigner différents type de danses[7].

L'appréciation des danses indiennes était également rendu difficile par l'absence de repère esthétiques claires pour les spectateurs français. Après le spectacle, en 1932 à Paris, de la danseuse de kathak Menaka, Pierre de Nérac (journaliste du Comoedia) écrit : « En réalité, nous ne pouvons en juger à la mode européenne [...] ». De manière similaire, les danses vues étaient parfois comparée à des danses européennes. Dès la fin des années 1920, certains danseurs introduisirent eux-même leurs danses, afin d'aider les spectateurs à apprécier la portée esthétique et symbolique[7].

La recherche d'authenticité était également un critère central d'évaluation de la qualité de la danse[7].

Concepts centraux

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Textes fondateurs

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Les danses classiques indiennes se basent sur plusieurs livres ancien. Le Natya-Shastra est le plus important d'entre eux, écrit il y a environ 2000 ans. D'autres traités ont été, comme l'Abhinaya Darpana (antérieur au VIe siècle), le Dasarûpaka de Dhananjaya (qui étudie le Natya Shastra), au Xe siècle. A partir du XVIe siècle, d'autres traités régionaux écrits en langues vernaculaires étudient la variété des pratiques et des styles locaux (notamment en Andhra, Orissa, Maharashtra, Tamil Nadu)[3].

Malgré l'existence de traités, la transmission orale est part intégrante de l'apprentissage en danse classique indienne, avec une relation très forte entre un maître (appelé guru, nattuvanâr, ustad) et un élève.

Mârga et Desî

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Le Dararûpaka établit une distinction entre mârga, qui désigne les formes de danses décrites dans le natyashatra, et correspondraient donc à la danse classique, et les danses desî, les différents styles régionaux[3].

Nritta, Nritya et Natya

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Nritta, nritya, et natya sont trois concepts de danse indienne décrits dans l'Abhinaya Darpana.

Nritta désigne la danse "pure", c'est à dire la danse comme expression corporelle, composition de mouvements et postures du corps. Nritya désigne l'expression des sentiments à travers la danse. Natya désigne la part théâtrale de la danse[6].

Abhinaya décrit la part narrative et la transmission des sentiments à travers la danse, ainsi que les expressions faciales et gestuelles permettant cette transmission. C'est un concept majeur des danses indiennes classiques.

Rasa désigne le plaisir esthétique ressentit par le spectateur. Son appréciation nécessite cependant d'être initié à l'art de la danse, pour comprendre les différents moments et symboles de la danse, mais également d'être dans un état d'esprit apte à recevoir ce plaisir esthétique[7].

Une danseuse de Bharatanatyam utilise les mudra hamsasyam et mrigashirsham

Les Mudra sont des positions des mains codifiées, ayant à la fois un rôle artistique mais également le rôle de transmettre un sens symbolique à la danse, car permettant d'introduire des éléments narratifs dans la danse, un peu à la manière du mime. Ils ont également un sens religieux[6].

Les différents styles de danse indienne classique

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Il y a huit style de danses définit comme "classique" par la Sangeet Natak Akademi (académie indienne nationale de danse et de musique), bien que la nomenclature puisse être contestée[4].

Bharatanatyam

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Une danseuse de bharatanatyam

Le Bharatanatyam est une danse originaire du Tamil Nadu, dans le sud de l'Inde.

Un danseur de Kathakali

Le kathakali est une forme de danse théâtrale originaire du Kerala, dans le sud de l'Inde.

Une danseuse de Kathak

Le kathak est une danse classique originaire du nord de l'Inde. Parmi ses caractéristiques se trouvent les frappes de pieds et les tours (chakkars).

Danseuses manipuris

La danse Manipuri vient de l'état de Manipur, au nord-est de l'Inde. Cette danse est basée sur un rythme très lent. Les danseuses portent une robe particulière en forme de cylindre, sur laquelle sont posés de petits miroirs.

Une danseuse d'Odissi

Odissi est une danse originaire de l'Odissa. Une de ses caractéristiques est l'utilisation de la position tribhang : le corps de la danseuse est divisé en trois parties. Tête, épaules et bassin sont placés en ligne brisée.

Une danseuse de Kuchipudi

Le Kuchipudi est une danse du sud de l'Inde, venant de l'Andhra Pradesh. Les mouvements des danseurs sont fluides et la danse est exécutée sur de la musique carnatique.

Mohini Attam

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Une danseuse de Mohini Attam

Le Mohini Attam est une danse du sud de l'Inde, venant du Kerala. Les danseuses sont vêtues d'un saree de danse à bordures dorées, le kasavu, et sont coiffées d'un chignon sur le côté de la tête[8].

Une danseuse de Sattriya

Sattriya est une danse originaire d'Assam, dans le nord-est de l'Inde.

Notes et références

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  1. Jacques Dupuis, Histoire de l'Inde, 2e éd., Éditions Kailash, 2005, p.138-139.
  2. Jacques Dupuis, op. cit., p.139.
  3. a b et c Tiziana Leucci et Indira Viswanathan Peterson, « Danse », dans Frédéric Landy, Dictionnaire de l'Inde contemporaine., Armand Colin, (EAN 9782200612825, lire en ligne)
  4. a et b (en) Urmimala Sarkar Munsi, « Boundaries and Beyond: Problems of Nomenclature in Indian Dance History », dans Dance: Transcending Borders, New Delhi, Tulika Books, (lire en ligne), p. 79 - 98
  5. (en) Margaret Walker, « Revival and Reinvention in India’s Kathak Dance », MUSICultures,‎ (lire en ligne)
  6. a b et c Anne-Laure Garrec, « Danse indienne vs danse orientale. Divergence de perception des danses extra-occidentales en France: », Corps, vol. N° 11, no 1,‎ , p. 315–322 (ISSN 1954-1228, DOI 10.3917/corp1.011.0315, lire en ligne, consulté le )
  7. a b c et d Anne Decoret-Ahiha, « L’exotique, l’ethnique et l’authentique: Regards et discours sur les danses d’ailleurs », Civilisations, no 53,‎ , p. 149–166 (ISSN 0009-8140 et 2032-0442, DOI 10.4000/civilisations.600, lire en ligne, consulté le )
  8. (en) Vidya Bhavani Suresh, A Comprehensive Dictionary of Bharatanatyam, Mumbai, Skanda Publications, coll. « Demystifying Fine Arts » (no 23),

Articles connexes

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Liens externes

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