Alexandre Lein
Alexandre Lein en 1912. | |||||||||
Contexte général | |||||||||
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Sport | Aviron | ||||||||
Biographie | |||||||||
Nom dans la langue maternelle | Alexandre Lein | ||||||||
Nationalité | France | ||||||||
Naissance | |||||||||
Lieu de naissance | Saint-Pétersbourg | ||||||||
Décès | (à 78 ans) | ||||||||
Lieu de décès | Nogent-sur-Marne | ||||||||
Taille | 1,74 m (5′ 9″) [1] | ||||||||
Poids de forme | 72 kg - 73 kg [1],[Note 1] | ||||||||
Surnom | le grand Lein, le Père Lein[2] | ||||||||
Club | Cercle nautique de France, Cercle de l'aviron de Paris | ||||||||
Palmarès | |||||||||
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Alexandre Lein, né le à Saint-Pétersbourg et mort le à Nogent-sur-Marne, est un rameur français. Au total, Lein remporte d'affilée les huit premiers championnats de France d'aviron (en skiff), de 1876 à 1883, ainsi que l'édition de 1886[3]. Il est considéré comme l'un des plus grands champions de l'aviron français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Jeunesse et vie privée
[modifier | modifier le code]Alexandre Lein est né le à Saint-Pétersbourg d'un père russe et d'une mère française[4],[1]. Il habite à Paris dès l'âge de quatre ans, y fait toutes ses études et est élève de l'École nationale supérieure des beaux-arts[1].
Alexandre Lein a eu deux fils, « l'un est mort bien avant la guerre, et l'autre tué dans les rangs de l'armée française pendant la grande tourmente »[1].
Carrière sportive
[modifier | modifier le code]Premières courses et premières victoires
[modifier | modifier le code]Alexandre Lein commence la compétition en 1874 à Joinville-le-Pont lors d'une course locale à deux rameurs[1]. Il remporte la course avec son équipier M. E. Guérineau sur un bateau nommé « Tôt ou tard »[1]. Il devance le bateau nommé « Blue Star » des frères Francis et Albert Fenwick[1]. Quelque temps plus tard, il remporte la première course qu'il court en skiff devant M. E. Guérineau[1]. Il participe au championnat de la Seine[Note 2] et il se classe troisième en skiff, malgré un skiff à dames de 25 kg, derrière Réginald Gesling et Monney[1].
En 1875, il prend part à 50 courses[Note 3] et il en remporte 39 à la fois en juniors et en seniors[1]. Il domine Monney à deux reprises en yole à un mais celui-ci le bat au championnat de la Seine[1],[Note 2],[Note 4],[5]. En 1876, il domine Réginald Gesling — vainqueur du Championnat de la Seine[Note 2] entre 1868 et 1874[6] — et remporte le championnat de France[4]. Quelques mois plus tôt, il était devenu son élève[1]. En 1877, Alexandre Lein ne perd aucune course à « un »[1]. Il domine le champion allemand, Wild, à Anvers, dans une course de 4 000 m[1]. Quelques minutes plus tard, il domine à nouveau le champion allemand avec Monney, Gaudin et Lambert[1]. Il remporte devant L. Bidault le championnat de France et Monney termine troisième[7]. Enfin, il domine Doniès, le champion de Belgique lors d'une course à Boulogne-sur-Mer[1].
En 1878, Alexandre Lein remporte pour la troisième fois consécutive le championnat de France[8]. Lors de cette année-là, il n'est pas battu en couple[1].
Domination à un et exploit avec le Cercle nautique de France
[modifier | modifier le code]En 1879, il participe à un match resté célèbre disputé entre Rouen et Paris[1]. Le duel oppose l'outrigger du Cercle nautique de France monté en pointe par Géli, Pornon, Lein et Combes barré par Négro à un bateau de la société nautique de la Marne à deux de pointe monté par Jacquot, Schwab, Autran et Ribier[9]. Le règlement de la course prévoit que l'équipe du Cercle Nautique de France doit prendre ses repas à terre et transporter elle-même son embarcation lors des passages des écluses[9]. Le athlètes du bateau de la société nautique de la Marne peuvent manger à bord de leur bateau et même ramer pendant qu'il mange[9],[10]. Les deux bateaux s'élance du Point-du-Jour avec deux heures et trente minutes d'écart afin de ne pas s'apercevoir et de ne pas se gêner[9]. Le cercle nautique de France l'emporte en 23 h 45 soit cinquante minutes de moins que la Société nautique de la Marne[9],[11]. Le chef de nage du cercle nautique de France, Géli, malade, n'a pas ramer pendant 60 km et Lein tient seul son côté pendant ce temps[9]. Lors de cette année, il est « invinsible à un » et termine la saison par un nouveau titre de champion de France[1].
Plusieurs échecs en Angleterre
[modifier | modifier le code]En 1880, Alexandre Lein se rend en Angleterre mais il est battu à « un », à « deux » et à « quatre » aux régates métropolitaines (en) ainsi qu'aux régates de Molesey (en)[9]. Il remporte le championnat de France en battant le champion de Belge, Polack[9]. En 1881, Alexandre Lein retourne en Angleterre et est battu en outrigger à « deux » et à « un » par Wild et Pattinson[9]. Il remporte le championnat de France devant Werlemann, champion de Belgique et Grove du London Rowing Club[9]. Il remporte également le premier Championnat de la Marne devant Monney et Schwab[9]. Enfin, le , il domine Saint-Pé de Bayonne dans un duel en yole à Ivry[9].
En 1882, Alexandre Lein retourne aux régates d'Henley où il prend part à l'épreuve des « Diamond Challenge Sculls (en)»[9]. Il remporte les manches éliminatoires et se qualifie pour la finale face à Jefferson Lowndes (en)[9]. À mi-parcours, Alexandre Lein dispose de trois longueurs de retard mais il revient sur l'Anglais puis le dépasse[9]. Cependant, il heurte un piquet dans l'eau, manque de chavirer et perd du temps ce qui permet à l'Anglais de repasser en tête[9]. Alexandre Lein se ressaisi et reprend la tête avant d'heurter à quelques mètres de la ligne un second piquet et il doit s'incliner derrière Jefferson Lowndes[9]. Le public anglais considère cette performance du rameur français comme un succès car malgré plusieurs arrêts il a rejoint son adversaire à chaque fois[9]. Au championnat de la Marne, Alexandre Lein est battu pour 40 cm par Poulain[9]. Cependant, il prend sa revanche au championnat de France qu'il remporte devant Poulain et Abel d'Hauttefeuille[9].
En 1883, il remporte avec Lacroix un duel l'opposant au « Pardaf » de Gand[4],[12]. Lors de cette année, il n'est battu qu'une seule fois à Henley[1]. Il remporte le championnat de la Marne devant Schwab et Cusin[9]. Il l'emporte au championnat de France devant Abel d'Hautefeuille, Chaudoir et Bidault[9].
Défaites au championnat de France en 1884 et 1885 puis ultime titre en 1886
[modifier | modifier le code]En 1884, Alexandre Lein remporte plusieurs succès seul et en équipe à Nice et à Turin mais il doit s'incliner à Lyon (battu par Bidault) et à Boulogne sur mer (battu par d'Hautefeuille)[9]. Il remporte le championnat de la Marne devant Gouin, Schwab et Séret mais se fait battre par d'Hautefeuille et Bidault lors du championnat de France[9].
L'année suivante, il prend sa revanche sur Bidault à Lyon puis remporte avec son équipe toutes les courses d'Anvers devant les équipes belges et néerlandaises[9]. Il domine le championnat de la Marne devant Gouin et Huret mais se fait battre par Gouin dans le championnat de la Seine[9]. Au championnat de France, il est battu par Bidault et termine deuxième devant d'Hautefeuille, Chaudoir et Gouin[9].
En 1886, il remporte pour le Cercle de l'aviron de Paris toutes les courses de Genève et d'Évian[9]. Il est battu au championnat de la Marne par M. E Templier et par Gouin[9]. Au championnat de la Seine, il est battu cette fois par Haueur et par Paul Flouest[9]. Au championnat de France, il réalise l'une de ses plus courses et l'emporte devant d'Hauttefeuille, Haueur et Bidault[9]. En effet, Abel d'Hauttefeuille fait un départ « foudroyant » et devance Haueur et Lein[9]. Aux 1 500 m ou aux 1 800 m d'une course qui fait 3 km, Lein accèlère et double Haueur[9]. Il fait son retard petit à petit et aux 2 500 m il est bord à bord avec d'Hautefeuille[9]. Un contact se produit entre les deux rameurs, Lein s'arrête, proteste puis reprend la course et l'emporte d'un mètre[9].
Fin de carrière
[modifier | modifier le code]En 1887, Alexandre Lein est battu à plusieurs reprises en skiff notamment par Tournier à Nantes et par Rambure au championnat de France[9],[13],[14]. Il remporte à Venise la course en skiff et à quatre face à des équipes italiennes et autrichiennes[13]. Au championnat de France, il est battu dans l'épreuve préparatoire par Tournier et Lacoste[13]. L'année suivante, il abandonne en finale du championnat de France. Le , il s'impose dans la course de 17 kilomètres en canoë avec barreur[13]. Il termine sa carrière lors du championnat de France 1889 où il parvient en finale mais il se fait battre[13].
Reconversion
[modifier | modifier le code]Au cours de sa carrière, il dessina les plans de la première yole tangentielle[13]. En 1880, il introduisit en France la barre de pieds mobile[13]. Ces voyages en Angleterre lui permirent d'introduire en France des réformes dans le matériel, dans l'entraînement et dans la manière de ramer[13].
Après sa carrière, il décide d'abandonner l'architecture et il devient entraîneur et constructeur de bateau[13],[15],[16],[17]. Il commença son chantier naval au Perreux en 1890, puis s'installa à Joinville-le-Pont[13].
Il a été l'entraîneur de Maurice Gresset en 1894, année où il remporta le championnat de France et le championnat d'Europe[13]. Les deux années suivantes, il entraîna le club italien de l'époque, le Reale Società Canottieri Cerea de Turin[13].
Il est mort d'une longue maladie le à Nogent-sur-Marne[18],[19].
Résultats
[modifier | modifier le code]Il a remporté à neuf reprises le titre de champion de France en skiff[20]. Il a remporté le titre de 1876 à 1883 ainsi qu'en 1886[18]. Il a remporté le Championnat de la Marne à quatre reprises en 1881, 1883, 1884 et 1885[18].
Lein a pris au cours de sa carrière 482 départs[1]. Il a obtenu les résultats suivants[1] :
Courses | Classement |
---|---|
Premiers prix | 360 [Note 5] |
Seconds prix | 54 |
Troisièmes prix | 5 |
Course annulée | 1 |
Mises hors de course | 8 |
Défaites | 54 |
Bateau | Nombre de victoires |
---|---|
1 | 104 |
2 | 108 |
4 | 124 |
6 | 22 |
8 | 4 |
Année | 1874 | 1875 | 1876 | 1877 | 1878 | 1879 | 1880 | 1881 | 1882 | 1883 | 1884 | 1885 | 1886 | 1887 | 1888 | 1889 |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Courses | 17 | 50 | 32 | 23 | 16 | 35 | 16 | 33 | 34 | 25 | 33 | 38 | 33 | 39 | 40 | 18 |
Premiers prix | 7 | 39 | 24 | 20 | 14 | 27 | 11 | 27 | 26 | 24 | 24 | 31 | 25 | 23 | 31 | 9 |
Honneurs et distinctions
[modifier | modifier le code]Il est considéré comme l'un des plus grands champions de l'aviron français[4]. [5]. En effet, il a remporté un nombre très importants de victoires et dominé les meilleurs rameurs étrangers[21]. Il a connu ses plus grandes déceptions en Angleterre[21]. Il est également considéré comme un grand entraîneur et constructeur de bateaux[21].
La Fédération française d'aviron lui a décerné en 1927 sa « grande médaille d'or »[4].
« Il faut le dire : qui n'a pas vu Lein, dans la consciente plénitude de sa force, ramer en skiff, n'a pas vu la perfection dans l'aviron de couple »
— « Ancien », L'aviron[2]
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Publications
[modifier | modifier le code]- Alexandre Lein et Georges Le Roy, Rowing-natation, , 392 p. (lire en ligne)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- « Alexandre Lein (1856-1934) », L'aviron, , p. 616-620.
- Philippe Daryl, Encyclopédie des sports : Le sport de l'aviron par un ex-champion, vol. 4, Librairies-imprimeries réunies (lire en ligne)
- Encyclopédie des sports : publiée sous le patronage de l'Académie des sports et du Comité national des sports C.O.F., (BNF 33366336)
Liens externes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Notes
- Son poids de forme est compris entre 72 kg et 73 kg. Il est descendu à 70 kg lors du match franco-belge en 1883. En hiver, son poids pouvait atteindre 80 kg
- La championnat de la Seine est considéré comme le championnat de France officieux jusqu'en 1876.
- Une autre source indique 51 courses.
- Réginald Gesling, tenant du titre, n'est pas autorisé à prendre part à la course.
- Le chiffre annoncé est de 360 victoires alors que les tableaux suivants estiment son nombre de victoires à 362.
- Références
- M.M 1934, p. 616.
- « Hommage italien à Alexandre Lein », l'aviron,
- Encyclopédie des sports : "Le sport de l'aviron par un ex-champion", vol. 4, librairies Imprimeries Réunies, (lire en ligne), p. 102.
- « L'ancêtre A. Lein est médaillé », Match : l'intran : le plus grand hebdomadaire sportif, (lire en ligne)
- COF 1927, p. 423.
- M. Edm. Fleutiaux, Annuaire français de l'aviron, (lire en ligne), p. 140.
- « Échos », Le petit Parisien, , p. 2 (lire en ligne)
- « Régate de Neuilly », Le petit Parisien, , p. 3 (lire en ligne)
- M.M 1934, p. 617.
- « Paris », La Lanterne, , p. 3 (lire en ligne)
- « Informations », La Revue des Sports, , p. 3 (lire en ligne)
- « Fait divers », Le journal du Loiret, , p. 3 (lire en ligne)
- M.M 1934, p. 618.
- « Championnat de France », La Lanterne, , p. 3 (lire en ligne)
- « LEIN A. », sur carredescanotiers.fr
- « Rowing : match Paris - Lyon », Le Sport universel illustré, (lire en ligne)
- Michel Riousset et Jean-Pierre Husson, Les bords de Marne : du Second Empire à nos jours, (lire en ligne)
- « Alexandre Lein est mort », L'Auto-vélo, (lire en ligne)
- « Un ancêtre de l'aviron », Le Populaire : journal-revue hebdomadaire de propagande socialiste et internationaliste, (lire en ligne)
- « Le championnat de France », Le monde illustré, (lire en ligne)
- COF 1927, p. 424.