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Agriculture régénératrice

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Bande fleurie près d'un champ de céréales, Belgique,

L'agriculture régénératrice ou régénérative est caractérisée par une philosophie de la production agricole et un ensemble de techniques adaptables fortement influencés par la permaculture de Masanobu Fukuoka. Ses buts principaux sont de régénérer les sols, augmenter la biodiversité[1], la séquestration du carbone atmosphérique par le sol, la résilience des sols face aux fluctuations du climat, optimiser le cycle de l'eau et améliorer la fourniture de services écosystémiques[2],[3].

Elle se distingue de la permaculture par la recherche quasi générale chez ses partisans d'un compromis technique permettant d'assurer sa compétitivité commerciale[3] et elle est promue par de grandes compagnies et certains personnages politiques[4].

Particularités de l'agriculture régénératrice

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Par rapport à la permaculture, l'agriculture régénératrice se veut centrée sur la production agricole et ambitionne non seulement de conserver la sphère environnementale et agricole dans un état satisfaisant, mais de l'améliorer encore[5], comme le font les paysans depuis le néolithique.

Les pratiques associées à l'agriculture régénératrice sont celles reconnues par la permaculture, l'agroécologie, l'agroforesterie et la restauration écologique, comme le maintien d'un taux élevé d'humus dans les sols, les techniques culturales simplifiées, le maintien de la biodiversité, le compostage, le paillage, la rotation des cultures, l'utilisation de cultures de couverture et d'engrais verts, la réduction ou la suppression des applications de produits phytosanitaires. Dans une ferme qui pratique l'agriculture régénératrice, la production devrait augmenter au cours du temps, tandis que l'apport de matière organique extérieure devrait diminuer[6].

Son adoption n'empêche pas d'adhérer à un label d'agriculture biologique ou autre.

Par rapport aux pratiques actuelles et en l'absence de charte ou de label précis et contraignants, l'agriculture régénératrice est donc à considérer dans la mouvance plus générale de l'agriculture de conservation et de l'agroécologie.

Principes et pratiques

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Pâturages menés en agroforesterie, Australie

L'agriculture régénératrice est guidée par plusieurs principes et pratiques, adaptés de manière spécifique à chaque climat, sol et région.

  • Régénérer le sol, augmenter sa fertilité
  • Améliorer les qualités, la santé et la résilience des écosystèmes
  • Favoriser la biodiversité
  • Améliorer les fonctions du sol : percolation, rétention d'eau, assainissement des eaux de ruissellement
  • Développer la ferme selon le contexte régional, l'écosystème et le climat
  • Séquestrer le dioxyde de carbone de l'atmosphère dans le sol
  • Travailler les concepts avec une approche holistique (considérer l'agriculture et son environnement comme un tout)

Les pratiques retenues[7] doivent respecter le sol (pratiques agroécologiques[8], faire en sorte que le sol conserve une bonne structure, ...), voire l'améliorer[3] :

Argument de marketing

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Bien qu'il n'y ait encore ni charte ni label, les pratiques de l'agriculture régénérative sont mises en œuvre pour certaines productions à haute valeur ajoutée : aliments diététiques, cosmétiques, médicaments[9].

Le concept d'agriculture régénérative naît aux Etats-Unis à l'Institut Rodale (en) en 1983. Robert Rodale (en) définit une approche agricole qui vise à augmenter la productivité tout en améliorant la base biologique du sol[10].

Une diffusion plus large à partir de 2017

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En 2017, le label ROC (Regenerative Organic Certified) est créé aux Etats-Unis[11].

En 2018, lancement en France du projet "Sols Vivants" piloté par la fondation Earthworm[12].

En 2020, le film Mission Régénération diffuse le concept auprès d'une plus large audience. En 2023, la suite Common Ground obtient le prix Human / Nature au festival cinématographique Tribeca[13].

Certaines affirmations mises en avant par des défenseurs de l'agriculture regénératrice ont été critiquées comme exagérées ou contredites scientifiquement[14].

Par exemple, l'un des personnages associé à ce mouvement, Allan Savory, a affirmé que sa méthode de gestion holistique des pâturages permettrait de réduire les niveaux de dioxyde de carbone en deçà du niveau pré-industriel dans un intervalle de 40 ans, ce qui permettrait de résoudre le problème du changement climatique. Selon Skeptical Science, une telle affirmation est injustifiée, la capacité de séquestration du carbone des terres est trop limitée et les émissions de méthane liées au bétail sont trop importantes[15].

Selon une étude publiée à l'Université d'Uppsala en 2016, l'augmentation de la capacité de séquestration du carbone envisageable à travers une meilleure gestion des pâturages est sept fois inférieure à celle avancée par Savory. L'étude conclut que la gestion holistique des pâturages ne peut pas renverser l'orientation actuelle du changement climatique[16].

Une étude publiée en 2017 par le Food and Climate Research Network a conclu que les affirmations de Savory à propos de la séquestration du carbone dans les pâturages sont "irréalistes" et très différentes des estimations issues des études revues par les pairs[14].

Références

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  1. (en) « What is Regenerative Agriculture? » (consulté le )
  2. « Qu’est ce que l’agriculture régénératrice? », (consulté le )
  3. a b c d e f et g « Agriculture régénérative : définition – C’est quoi l’agriculture régénérative ? » (consulté le )
  4. (en) Dominic Rushe, « Big agriculture warns farming must change or risk ‘destroying the planet’ », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  5. « Agriculture régénérative : définition – C’est quoi l’agriculture régénérative ? », sur E-rse (consulté le )
  6. (en) Ben Falk, The Resilient Farm and Homestead, Chelsea Green Publishing, , 304 p. (lire en ligne), p. 280
  7. « The 9 Most Important Techniques In Regenerative Agriculture », sur Sheldon Frith, (consulté le )
  8. a b c d e et f « Une agriculture brisée, que nous pouvons réparer », sur ecosia.org, (consulté le )
  9. « Intact investit 50 millions d’euros pour créer un site dédié à l’agriculture régénérative dans le Loiret », L'Usine nouvelle,‎ (lire en ligne)
  10. (en) Ken E Giller, Renske Hijbeek, Jens A Andersson et James Sumberg, « Regenerative Agriculture: An agronomic perspective », Outlook on Agriculture, vol. 50, no 1,‎ , p. 13–25 (ISSN 0030-7270 et 2043-6866, PMID 33867585, PMCID PMC8023280, DOI 10.1177/0030727021998063, lire en ligne, consulté le )
  11. (en-US) « Farm like the World Depends on it », sur Regenerative Organic Certified (consulté le )
  12. « Living soils in Rosières en Santerre, FrancE - Earthworm », sur Français (consulté le )
  13. « Common Ground | 2023 Tribeca Festival », sur Tribeca (consulté le )
  14. a et b Grazed and Confused?, Food Climate Research Network, 2017, p.64
  15. « New rebuttal to the myth 'Holistic Management can reverse Climate Change' », sur Skeptical Science (consulté le ).
  16. Nordborg, M. (2016). Holistic management – a critical review of Allan Savory's grazing method. Uppsala: SLU/EPOK – Centre for Organic Food & Farming & Chalmers.

Bibliographie

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  • Philippe Fleury, Carole Chazoule et Joséphine Peigné, « Ruptures et transversalités entre agriculture biologique et agriculture de conservation », Économie rurale, nos 339-340,‎ , p. 95-112 (DOI 10.4000/economierurale.4247).
  • (en) Norman Uphoff et Janice Thies, Biological Approaches to Regenerative Soil Systems, CRC Press, (ISBN 978-1-003-09371-8, DOI 10.1201/9781003093718, lire en ligne).
  • David R. Montgomery, Cultiver la révolution : ramener nos sols à la vie, Editions France Agricole, , 200 p. (ISBN 9782855576060)

Articles connexes

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