Abbaye de Gembloux
Abbaye de Gembloux | |||
Ancienne abbaye de Gembloux, aujourd'hui occupée par la Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux | |||
Présentation | |||
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Culte | Catholicisme | ||
Type | D'abord un ermitage, puis une abbaye fondée en 922 | ||
Rattachement | Ordre de Saint-Benoît | ||
Début de la construction | Xe siècle | ||
Fin des travaux | Fermeture de l'abbaye à la suite de la Révolution française | ||
Architecte | Laurent-Benoît Dewez entre 1762 et 1779. | ||
Style dominant | Architecture néo-classique | ||
Protection | Patrimoine classé (1977, no 92142-CLT-0005-01) Patrimoine exceptionnel (2013, no 92142-PEX-0001-02) Patrimoine mondial (1999, 2005, Beffroi) |
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Géographie | |||
Pays | Belgique | ||
Région | Région wallonne | ||
Province | Province de Namur | ||
Ville | Gembloux | ||
Coordonnées | 50° 33′ 44″ nord, 4° 41′ 42″ est | ||
Géolocalisation sur la carte : Belgique
Géolocalisation sur la carte : province de Namur
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L'abbaye Saints-Pierre-et-Exupère de Gembloux fut fondée en 936 par Saint Guibert de Gembloux, un seigneur lassé de sa carrière militaire et qui s'est installé comme ermite à une quinzaine de kilomètres au nord de Namur. Le moine Erluin fut le premier supérieur de ce monastère et il lui appliqua la règle de saint Benoît. Dès le début, Otton Ier de Germanie octroya au monastère des droits régaliens avec une grande autonomie pour la monnaie et le commerce. Au XIe siècle, le monastère eut un grand rayonnement intellectuel. Son école claustrale formait d’excellents copistes et des savants et sa bibliothèque était réputée être l'une des meilleures d'Europe.
Au XIIe siècle, une ère de calamité survint avec plusieurs passages de troupes et des incendies en 1136, 1157 et 1185. Le monastère de Gembloux traversa ensuite les vicissitudes des âges et des révolutions. Après un siège en 1489, l'abbaye fut ruinée matériellement et spirituellement. Elle fut sauvée par l'intervention de Philippe le Beau. En 1678, l'abbaye fut incendiée par les Hollandais, totalement détruite mais rebâtie entre 1762 et 1779 selon les plans de Laurent-Benoît Dewez.
À la Révolution française, l'abbaye fut vendue comme bien national. L'État belge y installa le dépôt d'étalons de Tervueren en 1850, puis l'Institut agronomique en 1864 et finalement racheta le domaine en 1881. L'ancien palais abbatial du XVIIIe siècle abrite depuis 1860 la faculté d'agronomie Gembloux Agro-Bio Tech de l'Université de Liège.
Fondation
[modifier | modifier le code]Selon les textes disponibles, c'est Saint Guibert, appelé Wicbertus dans le document d'Émile Poumon et originaire de Lorraine, lassé de sa carrière militaire, qui s'installa comme ermite dans un domaine familial, à Gembloux (alors connu comme Gemblours) à une quinzaine de kilomètres au nord de Namur. Il était un seigneur de haute naissance et consacra tous ses biens à l'établissement de l'abbaye (922). Il décida de construire ce monastère alors que des disciples venaient à lui.
Il fit auparavant un séjour à l'abbaye bénédictine de Gorze en Lorraine d’où il ramena le moine Erluin comme premier supérieur pour son monastère. Il appliqua à Gembloux la réforme de Gorze, c'est-à-dire la Règle de saint Benoît.
Par sa charte du , Otton Ier de Germanie lui octroya dès le début immunité, pouvoir comtal et droits régaliens, avec une grande autonomie donc (droit de monnaie et de marché)[1].
En 1099, une grande cérémonie est tenue pour élever Guibert, fondateur du monastère de Gembloux, mort 137 ans plus tôt, au rang de saint fondateur de l’abbaye. Avec l’autorisation de l’archevêque de Cologne, ses restes sont extraits de son tombeau puis portés dans un champ voisin pour être montrés au peuple. Les reliques sont ensuite déposées dans une châsse et placées à l’intérieur de l’église de Gembloux[2].
Développement et histoire du monastère
[modifier | modifier le code]Plus tard, le monastère se plaça sous la protection de Notger, et, pendant cette période épiscopale (988-1116), il se développa rapidement, surtout sous le gouvernement de l'abbé Olbert (1018-1048). Il devint rapidement prospère, ce qui attira des convoitises (entre autres du Comte de Namur). Guibert qui s'était retiré à Gorze dut revenir plusieurs fois pour protéger sa fondation.
Dès le siècle suivant, le monastère eut un grand rayonnement intellectuel. Son école claustrale formait d’excellents copistes et savants et sa bibliothèque était réputée être l'une des meilleures d'Europe. Sigebert de Gembloux (1030-1112), un des meilleurs chroniqueurs et historiens de son époque prit part aux controverses du temps[note 1].
En 1116, Godefroid Ier, comte de Louvain, se fit l'avoué de Gembloux, l'empereur du saint empire romain germanique restant haut souverain nominal. La situation s’est alors détériorée, une ère de calamité est survenue, méfaits de la soldatesque, incendies de 1136, 1157, 1185[note 2].
Précisément, en 1157, un incendie détruisit complètement la ville de Gembloux, le monastère et sa bibliothèque. La communauté fut dispersée mais certains (dont Guibert) restèrent sur place. Plus tard, un relâchement de la discipline monastique et des divisions internes le forcèrent à quitter Gembloux pour Marmoutier (Tours). À peine reconstruit, le monastère subit un nouvel incendie, en 1185. Guibert fut élu abbé en 1194. Pendant 10 ans il travailla à la restauration spirituelle et matérielle de l’abbaye, sans obtenir le succès espéré. Il renonça à sa charge en 1204 et s’exila au monastère de Florennes. Le monastère traversa les vicissitudes des âges et des révolutions.
Par exemple, il subit un siège en 1489. Après ce siège, l'abbaye fut ruinée matériellement et spirituellement. Elle fut sauvée par l'intervention de Philippe le Beau, qui confia (1501) l'abbatiat à Arnould de Solbrecq, abbé du Jardinet et cistercien. Plus tard, l'abbaye fut incendiée par les Hollandais (1678) et totalement détruite par le feu le . L'abbé Legrain (1759-1790) rebâtit le monastère (entre 1762 et 1779) selon les plans de Laurent-Benoît Dewez, notamment le palais abbatial.
À la Révolution française, la communauté monastique fut emportée dans la tourmente. Le 53e et dernier abbé , Dom Colomban Wilmart, dut partir. L'abbaye fut vendue comme bien national. L'État belge y installa le dépôt d'étalons de Tervueren en 1850, puis l'Institut agronomique (1864) et finalement racheta le domaine (1881).
Aujourd'hui
[modifier | modifier le code]L'ancien palais abbatial (XVIIIe siècle) abrite depuis 1860 la faculté Gembloux Agro-Bio Tech de l'université de Liège (anciennement Faculté universitaire des sciences agronomiques de Gembloux).
Abbés
[modifier | modifier le code]À partir de Philippe Klockman (1609-1625), les abbés firent surmonter leurs armes d'une couronne comtale. Dès le XV, l'abbé, s'appuyant sur la charte de 496, siègea aux États de Brabant, comme comte et primat de l'État noble et non parmi le clergé.
Personnes lièes à l'abbaye
[modifier | modifier le code]Gembloux a compté de nombreux noms illustres : Olbert de Gembloux, Sigebert de Gembloux, l'abbé Papin (dessinateur), Anselme, Guibert de Gembloux, Erluin (1518-1541).
Patrimoine architectural et culturel
[modifier | modifier le code]- L'ancien quartier abbatial est axé sur un prostyle à quatre colonnes supportant un fronton triangulaire incorporant deux médaillons, celui figurant les armes de l'abbé constructeur et celui des armes de l'abbaye, sur la droite. On y reconnaît la mitre abbatiale et une couronne comtale à treize perles[3], constituant l'ornement majeur de la cour d'honneur.
- Pour atteindre cette cour d'honneur, intitulée cour des marronniers, on passe sous un porche orné de tympans en bois sculpté. On peut aussi accéder à cette cour par un portique en pierre sculptée. Elle est limitée par deux ailes de bâtiment perpendiculaires. Une deuxième cour, rectangulaire, s'intitule cour des noyers. À l'intérieur de cette cour, dans le vestibule d'entrée, siège un escalier à main courante et fuseaux en chêne (XVIIIe siècle) et aux étages voûtés.
- L'abbatiale, devenue église paroissiale en 1810, possédait un « Bon Dieu » qui, en 1653, se mit à saigner de toutes ses plaies et qui fit que Gembloux devint un but de pèlerinage célèbre dans toute l'Europe[4].
- L'église paroissiale Saint-Guibert, consacrée le , est bâtie sur une crypte romane du XIe siècle dont l'entrée est défendue par une grille en fer forgé remarquable. Le sanctuaire abrite d'autres œuvres d'art dont des stalles de 1747, œuvres de Denis-Georges Bayar, et protège le sarcophage de saint Guibert[4].
- La salle capitulaire comporte un plafond voûté supporté par des colonnes en pierre.
- Le cloître traditionnel a été restauré en 1944-1948. Il comporte des baies vitrées figurant les armes des abbés ayant officié depuis le XIIIe siècle jusqu'à la suppression de l'abbaye.
- Il reste de plus quelques vestiges de l'abbaye primitive, dont une partie du mur d'enceinte[4]. Une tour, isolée, se dresse au niveau de cette enceinte fortifiée (1153). À l'intérieur, on découvre une voûte en quartier (schiste), un escalier en spirale et un linteau caractéristique.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Sigebert a écrit une Gesta abbatum Gemblacensium (1071) qui décrit la gestion de l'abbaye par ses premiers abbés, travail qui sera poursuivi par d'autres après sa mort (jusqu'en 1136). Il est également l'auteur d'une célèbre Histoire universelle (1083-1111) et d'un autre document intitulé De scriptoribus historicis.
- Le sac et l'incendie de 1185 est raconté par l'abbé Guibert-Martin de Gembloux (1194-1204), témoin oculaire, dans une lettre à la moniale Gertrude. Ce dernier était ancien élève de l’école monastique et moine-écrivain attaché à son monastère.
Références
[modifier | modifier le code]- Texte et traduction de cette charte mis en ligne par le Corpus Etampois.
- Michel Lauwers. La mémoire des ancêtres, le souci des morts. Morts, rites et société au Moyen Âge. Paris Beauchesne, 1997. p. 255.
- Cette indication résulte du fait que, dès le début du XVe siècle, l'abbé de Gembloux siègea aux États nobles du Brabant, en qualité d'abbé-comte.
- Joseph Delmelle, Abbayes et béguinages de Belgique, Rossel Édition, Bruxelles, 1973, p. 70.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Ursmer Berlière, Monasticon belge, vol.1, p. 15-26.
- Ursmer Berlière, L'abbaye de Gembloux, dans Revue Bénédictine, vol.4, 1887, p. 303-307.
- Bernard Gineste, «Otton Ier: Confirmation de donations faites à l’abbaye de Gembloux ()», in Corpus Étampois, 2008.
- Émile Poumon, Abbayes de Belgique, Office de Publicité, S. A., éditeurs, Bruxelles, 1954, p. 85 et 86.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Liste des monastères en Belgique
- Liste des édifices bénédictins en Belgique
- Ordre de Saint-Benoît
- Gembloux
Liens externes
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- Ressource relative à l'architecture :
- Abbaye fondée au Xe siècle
- Abbaye bénédictine en Belgique
- Architecture néo-classique en Belgique
- Patrimoine classé à Gembloux
- Patrimoine immobilier exceptionnel de la Région wallonne
- Ermitage chrétien en Belgique
- Abbaye mosane
- Abbaye dans la province de Namur
- Beffrois de Belgique et de France
- Bâtiment à Gembloux
- Abbaye désaffectée en Belgique
- Ermitage chrétien devenu monastère