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Antoine-Louis Albitte

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Antoine-Louis Albitte
Fonctions
Maire de Dieppe
à partir de
Député de la Seine-Maritime
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 50 ans)
Raseiniai (Russie, actuelle Lituanie)
Nationalité
Activités
Autres informations
Distinction

Antoine-Louis Albitte, né le 30 décembre à Dieppe (département de la Seine-Maritime)[1], mort le à Raseiniai (Empire russe, actuelle Lituanie), est un homme politique de la Révolution française. Il est surnommé Albitte aîné pour être différencié de son frère cadet, Jean-Louis Albitte, également homme politique.

Antoine-Louis Albitte, baptisé paroisse Saint-Rémy, est le fils de François-Antoine Albitte, sieur d'Orival et garde du corps du roi, et de Marie Barbe Bourdon. Jérôme Croyet estime qu'il appartient « à la bourgeoisie urbaine typique d'Ancien régime ».

Albitte effectue ses études au collège des Oratoriens de Dieppe, comme Joseph Fouché et Maximilien de Robespierre, et devient avocat. Le 25 juillet 1789, il adhère aux idées de la Révolution française et fonde la société populaire de Dieppe[2].

Il est le cousin germain de Pierre Nicolas Étienne Langlois (1756-1819), qui sera aussi député de Seine-Inférieure à l'Assemblée législative. Il serait l'amant de Mme Ducastel [3]., dont le mari est aussi député.

Mandat à la Législative

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La France devient une monarchie constitutionnelle en application de la constitution du 3 septembre 1791. Le même mois, Antoine-Louis Albitte est élu député du département de la Seine-Inférieure, le quinzième sur seize, à l'Assemblée nationale législative[4].

Il siège sur les bancs de la gauche de l'Assemblée. En février 1792, il vote en faveur de la mise en accusation de Bertrand de Molleville, le ministre de la Marine[5]. En avril, il vote pour que les soldats du régiment de Châteauvieux, qui s'étaient mutinés lors de l'affaire de Nancy, soient admis aux honneurs de la séance[6]. Le 11 juillet, alors que l'Assemblée déclare « la Patrie en danger », il propose, soutenu par son collègue Jean-Jacques Bréard, que soient détruites les fortifications autour des villes au titre qu'elles favorisent les contre-révolutionnaires[7]. En août, il vote en faveur de la mise en accusation du marquis de La Fayette[8].

La monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais et les insurgés des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI est suspendu et incarcéré avec sa famille à la tour du Temple.

Le lendemain de l'insurrection, Albitte soutient la proposition de Jacques Alexis Thuriot de renverser les statues équestres de Louis XIV et de Louis XV sur la place Vendôme et la place Louis-XV, et de les remplacer par des statues de la liberté[9]. Le 21 août, aux côtés de Claude Basire, de Pierre Joseph Duhem et de Eugène Gossuin, il est élu secrétaire de l'Assemblée sous la présidence de Marie-Jean Hérault de Séchelles[10]. Le 29, aux côtés de ses collègues Jean Debry, Michel-Mathieu Lecointe Puyraveau, Laurent Lecointre, et Antoine Merlin « de Thionville », il est désigné pour « exciter dans les départements aux environs de Paris le zèle des citoyens qui devront composer le supplément de forces de 30 000 hommes »[11].

Mandat à la Convention

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En septembre 1792, Antoine-Louis Albitte est réélu député du département de la Seine-Inférieure, le premier sur seize, à la Convention nationale. Son frère cadet, Jean-Louis Albitte, est élu député suppléant de la Seine-Inférieure, le troisième sur six. Il est appelé à siéger à la Convention pour remplacer Pierre-Philippe Doublet[12].

Albitte siège sur les bancs de la Montagne. Il est réélu membre du Comité de guerre dès le début de son mandat[13]. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort, et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution. En avril 1793, il vote contre la mise en accusation de Jean-Paul Marat : « Je n'ai point entendu la dernière partie du rapport sur Marat ; de plus, je sais positivement qu'il a dénoncé les Lameth, les Lafayette, les tyrans et Dumouriez ; [...] en conséquence je dis que, quant à présent, il n'y a pas lieu à accusation »[14]. En mai, il ne participe pas au scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze[15].

Le 30 avril 1793, Albitte est envoyé en mission aux côtés d'Edmond Dubois-Crancé, de Jean-Pierre Gauthier et de Pierre-Claude Nioche, aux côtés de l'armée des Alpes[16]. Il reste éloigné de la capitale durant dix-mois[17], ne participant pas au scrutin relatif au rapport du décret qui avait cassé la Commission des Douze ni, plus tard, à la mise en accusation des girondins. Présent à Grenoble quand les autorités départementales de l'Isère menacent de rejoindre Lyon dans la rébellion, il obtient leur soumission, avec Dubois-Crancé. Puis il accompagne le détachement chargé, sous les ordres de Carteaux, de mener le siège de Marseille. Le , il écrit au Comité de salut public pour lui suggérer des mesures d'apaisement. De retour à l'armée des Alpes, il critique de Lyon – où il ne s'occupe que de ravitailler l'armée de Toulon – les modalités de la loi 29 septembre sur le maximum général[17].

Rentré à Paris, le , il est aussitôt envoyé en mission, dès le , par arrêté du Comité de salut public, à Lyon, puis à Toulon. Le 7 brumaire an II, le Comité de salut public le rappelle à Lyon, rebaptisée Commune-Affranchie, pour y faire exécuter, avec Collot d'Herbois, Fouché et Laporte, les décrets pris par la Convention contre la ville - ses pouvoirs sont étendus aux départements voisins par décret du 20 brumaire. Le 19 nivôse an II, il est envoyé par le Comité de salut public en mission dans les départements de l’Ain et du Mont-Blanc, en remplacement de Gouly, afin d'y organiser le gouvernement révolutionnaire[18]. Cette mission a été utilisée durant la période thermidorienne pour lui donner une réputation de « forcené » – on lui attribue alors les surnoms de « Robespierre savoyard » et de « Tigre de l’Ain » –, en n'en retenant que les aspects déchristianisateurs : la remise des objets religieux, l'arasement des clochers[17] (à l’occasion de l’application du décret 8 pluviôse an II () dans l'Ain, près de 800 clochers sont détruits - Philippe Boutry cite les clochers romans en pierre d'Arbigny, Boissey, Chevroux et Saint-Bénigne « construits à l'imitation de Cluny », seul le clocher de Saint-André-de-Bâgé ayant échappé au vandalisme pour témoigner de ce qu'ils furent[19] - et 1 500 à 1 600 cloches portées à la fonderie), la signature d'une déclaration d’abdication, dit « serment d’Albitte », exigée aux prêtres constitutionnels le 21 pluviôse an II (). Pour le reste, les mesures répressives, dans des départements tentés par le fédéralisme et la contre-révolution, sont assez modérées. De même, il met en œuvre des secours pour les indigents et le ravitaillement de régions pauvres, comme la Maurienne[17].

Puis il retourne, dès floréal an II, à l’armée des Alpes, où il est nommé par arrêté du comité de salut public le 18 prairial an II (). Enfin, un arrêté du Comité de salut public du 13 thermidor an II () l'envoie à l’armée d'Italie[18]. Il est donc absent, lors de la journée du 9 Thermidor an II, qui voit la chute de Robespierre.

En application du décret du 26 thermidor (13 août), et d'une lettre du Comité de Salut public du 8 fructidor (25 août), Albitte est rappelé au sein de la Convention[20]. Lui et Christophe Saliceti, alors à Cairo Montenotte (actuelle région de Ligurie), annoncent rentrer à la Convention le 2 vendémiaire an IV (23 septembre 1794)[21].

Albitte siège parmi les « derniers Montagnards » selon l'historienne Françoise Brunel[22]. En frimaire an III (décembre 1794), lors de la mise en accusation de Jean-Baptiste Carrier, il fait partie des douze députés qui votent en faveur de l'accusation mais qui appuient les motions de Didier Thirion et de Pierre Joseph Duhem qui dénoncent Louis Fréron et Jean-Lambert Tallien comme les chefs de la réaction thermidorienne[23].

Décrété d’arrestation et d’accusation les 1er et 2 prairial an III (), il se cache, échappant ainsi à la commission militaire, jusqu'à l'amnistie de brumaire an IV[17]. En 1796, il est élu maire de Dieppe[24]. Exclu de la vie politique, il végète plusieurs années, jusqu'à ce que le Directoire lui ouvre une carrière militaire[17].

Le 18 germinal an IV (), il est capitaine au 4e régiment de chasseurs à cheval. Le 4e jour complémentaire an IV, il est adjoint à l'adjudant général Margaron[25]. Adjudant général à Bâle[17] le , grade auquel il est confirmé le , il est nommé le chef de bataillon surnuméraire à l'armée d'observation[26] et devient sous-inspecteur aux revues de Mayence en l'an X[17]. Décoré de la Légion d'honneur le , il est nommé le dans le 3e corps de l'armée d'Allemagne commandé par le maréchal Davout[26]. Il trouve la mort lors de la retraite de Russie, en [17], après trois jours de souffrances, victime de la fatigue, du froid et de la faim[27].

Distinctions

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Notes et références

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  1. Archives départementales de la Seine-Maritime, « Registre paroissial de Dieppe, paroisse Saint-Rémy, baptêmes de 1761, vue 79/80, 4 E 269 » Accès libre, sur https://www.archivesdepartementales76.net (consulté le )
  2. Jérôme Croyet, « La mission du conventionnel Albitte dans l’Ain 28 nivôse An II -11 floréal An II », dans Justice et politique : la Terreur dans la Révolution française, Presses de l’Université Toulouse Capitole, coll. « Études d’histoire du droit et des idées politiques », , 155–167 p. (ISBN 978-2-37928-094-8, lire en ligne)
  3. À Deux liards, À Deux liards, mon journal, n° 15. Numérisé
  4. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, Liste des députés » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  5. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 39, séance du 8 mars 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  6. Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 41, séance du 9 avril 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  7. Claveau, Louis, Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 46, séance du 11 juillet 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  8. Claveau, Louis, Laurent, Émile (1819-1897), Mavidal, Jérôme (1825-1896) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 47, séance du 8 août 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  9. Claveau, Louis, Laurent, Émile (1819-1897) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 48, séance du 11 août 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  10. Claveau, Louis, Laurent, Émile (1819-1897) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 48, séance du 21 août 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  11. Claveau, Louis, Laurent, Émile (1819-1897) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 49, séance du 29 août 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  12. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, Liste des députés par départements » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  13. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séance du 26 septembre 1792 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  14. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  15. Claveau, Louis, Ducom, André Jean (1861-1923), Lataste, Lodoïs (1842-1923) et Pionnier, Constant (1857-1924), « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  16. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 3 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  17. a b c d e f g h et i Brunel 2005, p. 13-14.
  18. a et b Biard 2002, p. 449.
  19. Philippe Boutry, Prêtres et paroisses au pays du Curé d'Ars, les éditions du Cerf, 1986, p. 124.
  20. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 16 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  21. Aulard, François-Alphonse (1849-1928), « Recueil des actes du Comité de salut public, avec la correspondance officielle des représentants en mission et le registre du conseil exécutif provisoire. Tome 17 » Accès libre, sur https://gallica.bnf.fr, (consulté le )
  22. Françoise Brunel, « Les derniers Montagnards et l'unité révolutionnaire », Annales historiques de la Révolution française, vol. 229, no 1,‎ , p. 385–404 (DOI 10.3406/ahrf.1977.1009, lire en ligne, consulté le )
  23. Brunel, Françoise et Gomez- Le Chevanton, Corinne, « Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 102, séance du 3 frimaire an III (23 novembre 1794) » Accès libre, sur https://www.persee.fr, (consulté le )
  24. Meunier 1946, p. 58.
  25. Croyet 2010.
  26. a et b Croyet 2004, p. 305.
  27. Robert et Cougny 1889, p. 32-33.

Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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