Claudie Marcel-Dubois
Présidente Société d'ethnologie française | |
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Nom de naissance |
Claude Marcelle Mathilde Dubois |
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Claudie Marcel-Dubois, née le à Tours (Indre-et-Loire) et morte le à Suresnes[1], est une ethnomusicologue française.
Elle est considérée comme l'une des figures pionnières de l'ethnomusicologie en France, avec André Schaeffner, si ce n'est la fondatrice de sa branche nationale. Au cours de sa carrière en grande partie réalisée au sein du Musée national des Arts et Traditions populaires, elle réalise de nombreuses missions de collectage et analyse des traditions musicales françaises. Elle préside notamment la Société d'ethnologie française de 1978 à 1987.
Durant sa carrière, elle s'intéresse notamment à l'organologie et défend l'enseignement de l'ethnomusicologie.
Son parcours est fortement lié à celui de Marie-Marguerite Pichonnet-Andral, qui l'assiste puis lui succède au Musée des ATP.
Biographie
[modifier | modifier le code]Formation et débuts
[modifier | modifier le code]Claudie Marcel-Dubois étudie au Conservatoire national supérieur de musique de Paris ; pianiste de formation, elle est l'élève de Marguerite Long[2].
Elle suit en parallèle les cours de l'anthropologue Marcel Mauss et ceux de l'orientaliste Paul Masson-Oursel à l'École pratique des hautes études[3], et étudie aussi l'archéologie asiatique à l'École du Louvre[2].
Recrutée par Georges Henri Rivière, elle entre au Musée d’ethnographie du Trocadéro en 1934, comme attachée au département d'ethnologie musicale, que dirige André Schaeffner. S'y occupant initialement de la nouvelle collection de disques en cours de constitution[4], elle y collabore quelques années avec Curt Sachs, spécialiste de l'organologie, ce qui renforce son intérêt pour les instruments de musique[3]. Elle dit ultérieurement beaucoup devoir aux enseignements de Sachs[5].
Carrière
[modifier | modifier le code]À sa fondation en 1937, Claudie Marcel-Dubois rejoint le Musée national des Arts et Traditions populaires, tandis qu'en parallèle est créé le Musée de l'Homme, où l'ethnomusicologie trouve aussi une place autour d'André Schaeffner et Gilbert Rouget[5]. Elle y développe progressivement un véritable programme qui apparaît comme relever d'une démarche véritablement ethnomusicologique, ce qui est pionnier en France. Sa première grande mission se passe en Bretagne aux côtés de François Falc'hun, en 1939, écourtée par la déclaration de guerre[6].
À compter de 1945, elle entreprend une série de missions sur le terrain, dans lesquels elle est assistée de Marie-Marguerite Pichonnet-Andral. Cette dernière lui succède à son départ en retraite en 1981, à la tête du département d'ethnomusicologie et phonothèque[3]. Sa dernière réalisation professionnelle consiste en l'organisation d'une grande exposition consacrée à « L'instrument de musique populaire : usages et symboles », qui se tient au musée des ATP entre 1980 et 1981[2].
Entre les années 1940 et 1980, les déplacements des deux chercheuses les mènent notamment en Bretagne (Pays nantais, Basse-Bretagne, île de Batz), dans le Berry, en Haute-Loire, dans les Pyrénées occidentales, dans les Vosges, en Bourgogne, en Bourbonnais, en Catalogne nord, en Aubrac, dans les Landes de Gascogne, le Dauphiné, les îles anglo-normandes et les Antilles (comprenant outre les Antilles françaises, Haïti et Sainte-Lucie).
À partir de 1961, elle a la charge d'un séminaire hebdomadaire consacré à l'ethnomusicologie à l'École pratique des hautes études, dans le cadre de la direction d'études de Claude Lévi-Strauss[3]. Ce séminaire du mardi mobilise de nombreux étudiants et chercheurs[2].
Durant sa carrière, Claudie Marcel-Dubois occupe plusieurs fonctions importantes au sein des principales instances relatives à sa discipline ; elle est ainsi vice-présidente de l'International Folk Music Council de 1967 à 1987, présidente de la section Anthropologie-Ethnologie-Préhistoire du Comité national du CNRS de 1967 à 1970, et présidente de la Société d'ethnologie française de 1974 à 1987[3]. En 1960, elle s'implique aussi dans la fondation du Comité international de musique et des collections d'instruments de musique[2].
Travaux et apports
[modifier | modifier le code]Les travaux de Claudie Marcel-Dubois donnent une grande place aux instruments de musique ; elle a notamment publié sur le triangle[7], mais étudie aussi l'épinette des Vosges, la cornemuse ou le rhombe, ainsi que plusieurs danses et rituels comme la gavotte, la bourrée et le charivari, pratiques sur lesquelles elle laisse d'autres publications[3].
Elle s'intéresse aussi aux mécanismes de l'oralité, aux dispositifs de transmission, à l'improvisation[5].
En 1969, dans une contribution au quotidien Le Monde, elle souligne combien dans l'histoire populations rurales et urbaines et différentes classes sociales se sont alternativement et mutuellement influencées sur le plan musical :
« Les textes, l'iconographie, les œuvres, attestent des mouvements [...] entre mendiants et gens de cour, citadins et paysans. Ce va-et-vient ne demeura pas sans influence sur l'évolution de la musique populaire [...] De ces mouvements, de ces incitations, chaque classe de la musique fut en fait bénéficiaire, l'une fécondant l'autre[5]. »
Très impliquée dans la défense de la légitimité de l'ethnomusicologie, dont elle est la première en France à revendiquer l'existence dès 1954, elle pousse aussi en faveur d'une reconnaissance académique en encourageant sa présence au sein du parcours de formation des ethnologues[3].
Peu accessibles jusqu'alors et peu valorisés par des publications, ce que certains expliquent par les très nombreux engagements pris dans de multiples instances par Claudie Marcel-Dubois[2], et ce qui fait l'objet de critiques importantes à partir des années 1970[4], les résultats des enquêtes et matériaux que celle-ci a collectés avec M. Pichonnet-Andral font l'objet d'un important projet de valorisation intitulé Les Réveillées, lancé en 2016. Cette initiative, portée par les chercheurs Marie-Barbara Le Gonidec, François Gasnault et Florence Neveux, résulte d'un premier programme de recherche du Laboratoire d'anthropologie et d'histoire de l'institution de la culture, qui vise à recontextualiser les collectes autant qu'à rendre accessible au plus grand nombre les documents[8],[9].
Décorations
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- Relevé des fichiers de l'Insee
- Monique Brandily, « Nécrologie. Claudie Marcel-Dubois (1913-1989) », Revue de Musicologie, vol. 75, no 2, , p. 317-319 (lire en ligne, consulté le ).
- Jacques Cheyronnaud, « Une vie consacrée à l’ethnomusicologie », Cahiers d’ethnomusicologie, vol. 3, (lire en ligne, consulté le ).
- François Gasnault et Marie-Barbara Le Gonidec, « Enquêter en tandem sur les pratiques musicales de la France rurale pour le Musée des arts et traditions populaires : variation ou conjuration du collectif ? », ethnographiques.org, no 32, (lire en ligne, consulté le ).
- Claudie Marcel-Dubois, « Survivance de la musique paysanne » , Le Monde, (consulté le ).
- Jean-Christophe Maillard, « "Claudie Marcel-Dubois et François Falc’Hun, assistés de Jeannine Auboyer: Les archives de la Mission de folklore musical en Basse-Bretagne de 1939 du Musée national des arts et traditions populaires" », Cahiers d’ethnomusicologie, no 23, (lire en ligne, consulté le ).
- Claudie Marcel-Dubois, « Le triangle et ses représentations comme signe social et culturel. Réédition présentée par Florence Gétreau », Transposition. Musique et Sciences Sociales, no Hors-série 1, (ISSN 2110-6134, DOI 10.4000/transposition.1759, lire en ligne, consulté le )
- Aliette de Laleu, « Un projet pour réveiller les musiques de la France rurale des années 1930 à 1980 », sur France Musique, (consulté le ).
- François Gasnault, « Du "corpus des musiques ethniques de la France" au projet Les Réveillées », Bulletin de l'AFAS, no 46, (lire en ligne, consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- C. Marcel-Dubois, « Les instruments de musique populaires en France », Archives internationales de la danse, vol. 3, no 6, , p. 19-23.
- C. Marcel-Dubois, Les instruments de musique de l'Inde ancienne, Paris, Presses Universitaires de France, , 261 p.
- C. Marcel-Dubois, « Recherche et maintien de la tradition musicale populaire en France », Journal of the International Folk Music Council, vol. 1, , p. 51-52.
- (en) C. Marcel-Dubois et M. Pichonnet-Andral, « Folk songs of France. Folk Songs of Europe », International folk song anthologies, , p. 120-142.
- C. Marcel-Dubois, « Principes essentiels de l'enquête ethnomusicologique », Journal of the International Folk Music Council, , p. 13-18.
- C. Marcel-Dubois, « Fêtes villageoises et vacarmes cérémoniels ou une musique et son contraire », dans Élie Konigson, Jean Jacquot, Les fêtes de la renaissance, Paris, CNRS, , p. 603-615.
- C. Marcel-Dubois, Les grandes collectes du XIXe siècle sur la musique et les chansons traditionnelles : Hier pour demain: arts, traditions et patrimoine, exposition Paris, Grand Palais, juin-sept. 1980, Éditions de la Réunion des Musées Nationaux, , 143-145 p..
- C. Marcel-Dubois, « Histoire de l'ethnomusicologie », dans Jacques Chailley, Précis de musicologie, Paris, Presses universitaires de France, , p. 53-61.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Ressources relatives à la musique :
- Naissance en janvier 1913
- Naissance à Tours
- Élève du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris
- Ethnologue français
- Collecteur de chansons traditionnelles
- Chevalier de la Légion d'honneur décoré en 1968
- Officier de la Légion d'honneur promu en 1975
- Décès en février 1989
- Décès à Suresnes
- Décès à 76 ans