Charlotte von Stein
Naissance | |
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Décès |
(à 84 ans) Weimar |
Sépulture |
Cimetière historique de Weimar (en) |
Nom de naissance |
Charlotte von Schardt |
Nationalité | |
Activités | |
Fratrie | |
Conjoint |
Josias Freiherr von Stein (d) |
Enfants |
Rino (d) |
Charlotte Albertine Ernestine von Stein[N 1] (née von Schardt le à Eisenach, † le à Weimar) est une dame d'honneur de la duchesse Anne-Amélie de Brunswick à la cour ducale de Weimar, une proche confidente de la duchesse Louise de Hesse-Darmstadt, et également une amie proche de Goethe, de la famille de Johann Gottfried von Herder et de Schiller, dont les œuvres et les vies furent fortement influencées par elle. Elle est la sœur cadette de Ernst von Schardt Carl Constantin. Elle est aussi l'autrice de quatre drames, ainsi que de deux autres œuvres aujourd'hui perdues.
Biographie
[modifier | modifier le code]Enfance
[modifier | modifier le code]Charlotte Albertine Ernestine von Stein est la fille du maréchal de la cour de Weimar, Johann Wilhelm Christian von Schardt, et de Concordia Elisabeth, son épouse, d'ascendance écossaise[2].
Ses parents déménagent à Weimar, alors qu'elle est toute jeune. Son éducation, qui la prépare à un rôle de demoiselle d'honneur, correspond à celle des jeunes filles de la bonne société : on lui enseigne la littérature, les beaux-arts, le chant et la danse. Elle se révèle discrète, spirituelle, gracieuse et dévouée à l'image de sa mère.
Profession : dame d'honneur
[modifier | modifier le code]En 1758, elle devient demoiselle d'honneur de la duchesse Anna Amalia, qu'elle sert jusqu'à la mort de celle-ci en 1807. Le 8 mai 1764, elle épouse l'écuyer du duc de Saxe-Weimar-Eisenach, Gottlob Ernst Josias Friedrich von Stein (né le 15 mars 1735, mort le 28 décembre 1793 à Großkochberg). La profession de son mari, qui l'oblige à beaucoup se déplacer, la laisse souvent seule. Pourtant de 1764 à 1773, elle donne naissance à sept enfants. Les quatre filles décèdent, tandis que les trois garçons, Karl, Ernst et Fritz, survivent. Physiquement épuisée après la naissance du dernier, elle doit suivre plusieurs cures.
Rencontre avec Goethe
[modifier | modifier le code]Admiratrice enthousiaste de Goethe, elle fait sa connaissance en novembre 1775. C'est le commencement d'une relation profonde qui durera près de douze ans. Bien qu'elle ait près de sept ans de plus que lui, qu'elle soit mariée et mère de sept enfants, Goethe ne tarde pas à l'aimer passionnément. L'amour de Goethe pour Charlotte von Stein est exposé dans environ 1700 lettres[3] : il se bat désespérément pour gagner les faveurs de la dame qui, malgré sa fascination pour Goethe, reste initialement réservée devant ses assauts. En mai 1783, Goethe accueille chez lui son plus jeune fils, Fritz, alors âgé de onze ans, pour assurer son éducation, à la pleine satisfaction de Charlotte von Stein[4].
Lorsque, en 1786, Goethe entame son voyage de près de deux ans en Italie, sans même la prévenir, leur relation connaît une pause, et elle ne se rétablit pas vraiment après son retour. Leur rapprochement est rendu plus difficile par la relation amoureuse de Goethe avec une roturière, Christiane Vulpius, sœur de l'écrivain Christian August Vulpius. Goethe et Vulpius vivent maritalement de 1788 jusqu'en 1806, date de leur mariage.
Solitude et mort
[modifier | modifier le code]Il faut attendre 1800 pour que la relation entre Charlotte von Stein et Goethe se rétablisse, sans pourtant retrouver leur intimité d'avant. Lorsque son mari meurt en 1793, Charlotte se retire de la société et connaît une solitude de plus en plus grande. En 1794, elle écrit un drame inspiré de sa vie, Dido, où elle dépeint sa déception causée par l'attitude de Goethe[5]. Elle y fait aussi allusion à ses relations avec d'autres membres de la cour, retraçant la situation à Weimar de 1770 à 1790. Cette pièce ne sera publiée qu'après sa mort, par Heinrich Düntzer (de) à Leipzig en 1867.
Elle meurt le 6 janvier 1827 à 85 ans.
Nature de sa relation avec Goethe
[modifier | modifier le code]Les spéculations sur la nature érotique, sexuelle ou platonique de la relation entre Charlotte von Stein et Goethe sont toutes restées stériles. La seule certitude est que cette histoire d'amour eut une signification biographique énorme pour les deux. Que le mari de Charlotte von Stein, Josias von Stein, n'ait probablement pas réagi à cette relation n'a rien d'inhabituel dans le cercle de la noblesse de Weimar, où les mariages se faisaient principalement pour des raisons économiques ou sociales.
Quatre ans après le retour de Goethe d'Italie, leur amitié se renoue, et elle durera alors jusqu'à la mort de Charlotte von Stein. Goethe mentionne son nom, même dans sa correspondance avec sa femme, et leur fils unique, August, est souvent envoyé chez elle, soit pour des leçons, soit pour des jeux.
De leur abondante correspondance, il ne reste que les lettres de Goethe. En effet, peu de temps avant sa mort, Charlotte lui demande de lui restituer ses lettres, qu'elle brûle. Il manque aussi les lettres écrites par Goethe en Italie, qu'il a dû lui réclamer pour s'en servir dans la composition de son Voyage en Italie[6].
On peut trouver certaines lettres de Charlotte von Stein dans :
- (de) Charlotte von Schiller, Friedrich von Schiller et Carl Ludwig von Urlichs, Charlotte von Schiller und ihre Freunde, Stuttgart, J. G. Cotta, , 430 p. (OCLC 6080369, présentation en ligne)
- (de) Ludwig von Rohmann et Johann Wolfgang von Goethe, Briefe an Fritz von Stein, Leipzig, Insel Verlag, , 306 p. (OCLC 7826095)
Œuvre
[modifier | modifier le code]Charlotte von Stein est aussi une femme de lettres. Elle est l'autrice de quatre drames dont l'attribution ne font aucun doute. Son œuvre a longtemps été ignorée, ou analysée uniquement sous le prisme de ses relations avec Goethe. En 2000, Susanne Kord a rassemblé et analysé cette œuvre, en se départant de ce prisme[7].
- (de) Rino (1776)
- (de) Dido (1794)
- (de) Neues Freiheitssystem oder die Verschwörungen gegen die Liebe (1798)
- (de) Die zwey Emilien (1803)
En 1803, Die zwey Emilien parait anonymement mais avec le nom de Schiller sur la page de titre. Quant à Dido, son drame le plus célèbre, il ne fut publié qu'après sa mort, en 1885.
On lui attribue aussi Die Probe, un drame qui a été perdu, ainsi que deux autres œuvres perdues elles aussi : une histoire étant probablement l'adaptation d'une histoire française et une autre comédie[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Charlotte von Stein » (voir la liste des auteurs).
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Charlotte von Stein » (voir la liste des auteurs).
- (es) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en espagnol intitulé « Charlotte von Stein » (voir la liste des auteurs).
Notes
[modifier | modifier le code]- On trouve parfois Madame de Stein dans la littérature francophone. Voir par exemple la traduction de Jaccottet de L'Homme sans qualités[1] : « personne ne va chercher dans la vie de Gauss, de Maxwelle ou d'Euler les traces d'une Madame de Stein… ».
Références
[modifier | modifier le code]- Musil 1956, p. 376.
- von Bode 1919, p. 6.
- Richard Friedenthal: Goethe. 15. Aufl. Piper, Munich, 2005, S. 230
- Valerian Tornius: Goethe — Leben, Wirken und Schaffen. Ludwig Röhrscheid, Bonn 1949, p. 212
- Der Große Brockhaus. 16. edition. Vol. 11. F. A. Brockhaus, Wiesbaden 1957, p. 193
- Larousse du XIXe siècle, article Charlotte von Stein, tome 14, p. 1078
- Sarah Colvin et Kord, « Susanne Kord :Charlotte von Stein: Dramen (Gesamtausgabe) [Book review] », The Modern Language Review, vol. 95, no 3, , p. 882 (DOI 10.2307/3735586, lire en ligne, consulté le )
- Susanne Kord: Einleitung. In: Charlotte von Stein: Dramen. Gesamtausgabe. G. Olms, Hildesheim/New York 1998, (ISBN 978-3-487-10331-0), S. 11–12.
Annexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, tome 14, page 1078
- (de) Wilhelm von Bode, Charlotte von Stein, Berlin, Mittler & Sohn, .
- Richard Friedenthal (de), Goethe. Sein Leben und seine Zeit, éditions Piper-TB 2850, Munich / Zürich, 2005, (ISBN 3-492-22850-X).
- (de) Jochen Klauß, Charlotte von Stein. Die Frau in Goethes Nähe, éditions Artemis und Winkler, Zürich, 1995, (ISBN 3-7608-1121-3).
- (de) Doris Maurer, Charlotte von Stein, Eine Biographie, éditions Insel-TB 2120, Francfort-sur-le-Main / Leipzig, 2009 (première édition 1997), (ISBN 978-3-458-33820-8).
- Robert Musil (trad. de l'allemand par Philippe Jaccottet), L'Homme sans qualités [« Der Mann ohne Eigenschaften »], t. 1, (1re éd. 1930-1932), 834 p.
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Ressource relative à la musique :
- Notices dans des dictionnaires ou encyclopédies généralistes :
- (de) Charlotte von Stein à la Bibliotheca Augustana
- (en) Charlotte, Goethe et le baron von Stein
- (de) Texte intégral en allemand de la pièce Dido de Charlotte von Stein
- Écrivain de langue allemande
- Écrivain saxon-vimarois-isenacois
- Johann Wolfgang von Goethe
- Égérie du XVIIIe siècle
- Égérie du XIXe siècle
- Personnalité allemande du XVIIIe siècle
- Naissance en décembre 1742
- Naissance à Eisenach
- Naissance dans le duché de Saxe-Eisenach
- Décès en janvier 1827
- Décès à Weimar
- Décès dans le grand-duché de Saxe-Weimar-Eisenach
- Décès à 84 ans
- Dame de compagnie du XIXe siècle
- Dame de compagnie du XVIIIe siècle
- Femme de lettres allemande