Centaures de Furietti
Les Centaures de Furietti (également connus sous les noms de Vieux Centaure et Jeune Centaure, lorsqu'ils sont traités séparément) sont une paire de sculptures en marbre gris-noir d'époque hellénistique ou romaine. L'un est un centaure mûr, barbu et âgé, avec une expression peinée, et l'autre un jeune et souriant centaure avec le bras levé. Ils sont des exemples remarquables de groupe de sculptures antiques à motifs variés[1].
Les humeurs contrastées étaient destinées à rappeler la vision romaine de l'âme troublée dans la douleur avec l'amour ou élevée, dans la joie, thèmes du Phèdre de Platon et de la poésie hellénistique[2].
Centaures du Capitole
[modifier | modifier le code]Les sculptures ont été trouvées ensemble à la villa d'Hadrien à Tivoli par Mgr Giuseppe Alessandro Furietti, éminent archéologue, en décembre 1736 ; elles ont fait partie de sa collection d'antiquités. Mgr Furietti refusa d'abord de les vendre au pape Benoît XIV, grand protecteur des arts, qui, vu leur importance, voulait les voir intégrer les musées du Capitole afin d'être admirées par le plus grand nombre. Ce refus coûta à Mgr Furietti le titre de cardinal ; il fut néanmoins finalement créé cardinal par le pape Clément XIII en 1759, et, après sa mort, ses héritiers acceptèrent de vendre enfin les Centaures, ainsi que les mosaïques de Furietti, aux musées du Capitole, tel que le pape le souhaitait, et où ils se trouvent toujours[3].
Les deux statues portent les signatures d'Aristée et Papias d'Aphrodisias, une ville d'Asie Mineure. À en juger par leur style, on date ces exemplaires de l'ère hadrienne, vers la fin du Ier ou au début du IIe siècle apr. J.-C. Ils sont généralement considérés comme des copies de bronzes hellénistiques du IIe siècle av. J.-C.
Louvre
[modifier | modifier le code]Un autre exemplaire du même type que le Vieux Centaure, cette fois en marbre blanc, a été excavé à Rome au XVIIe siècle (ayant probablement perdu son pendant Jeune Centaure). Il est entré dans la collection Borghese mais a été confisqué par Napoléon Bonaparte et amené de Rome en 1807, et se trouve maintenant au musée du Louvre[4]. Eros se trouve sur le dos du centaure, qui n'a pas survécu sur le modèle du Capitole. Il a subi des restaurations, et la base et le support sous le centaure sont des ajouts modernes. Le bras droit du centaure est tiré tendu en arrière, montrant qu'il a ses mains étroitement liées derrière son dos, et une expression de « grimaces de douleur et de tristesse, comme l'ange qui tire la tête du centaure en arrière dans un brusque angle. »[5]. Il n'a pas été réclamé par le pape Pie VII après la chute de Napoléon, lorsque le roi Louis XVIII a restitué à Rome les nombreux chefs-d'œuvre qu'y avaient enlevé les Français entre 1798 et la chute de l'empire (1814).
Réception
[modifier | modifier le code]Les paires étaient populaires au XVIIIe siècle, en tant qu'illustrations des centaures civilisés, patrons de l'hospitalité et de l'apprentissage, tels Chiron, plutôt que de demi-animaux bestiaux (comme ceux qui ont combattu les Lapithes). Avec leurs Érotes, ils étaient les emblèmes de la joie des amours de jeunesse par contraste avec la servitude de l'amour mature[6], thèmes pour lesquels des œuvres étaient fréquemment commandées. Ennio Quirino Visconti[7] a fait remarquer à propos des attributs bachiques du centaure Borghèse du Louvre, dont l'ange est couronné des fruits de la vigne, que cela suggère que les forces en jeu sont celles de l'intoxication plutôt que de l'amour.
Des moulages des Centaures ont été recueillis à travers l'Europe — par exemple ceux du Shugborough Hall, dans le Staffordshire. Des copies complètes de taille identique ont également été produites en grand nombre : l'une, sculptée à Rome pour le comte Grimod d'Orsay, destinée à être placée sur une fontaine dans le musée en 1795, a en fait été placée à Saint-Cloud en juillet 1802, puis plus tard amenée à Versailles, le 23 mars 1872, et enfin déplacée en 1924 dans les jardins du Grand Trianon[8].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- M. Bieber, The Sculpture of the Hellenistic Age, rev. ed. (New York, 1961) figs. 581 and 583. The amorino survives on the Louvre centaur.
- Van de Grift, « Tears and Revel: The Allegory of the Berthouville Centaur Scyphi » American Journal of Archaeology 88.3 (July 1984:377-88) esp. pp. 383, where he gives several literary instances in the context of the Furietti centaurs, notably Poseidippus, who complains in a poem of the Palatine Anthology of the power of love that drives him alternately "to tears and revel", and Roman references to the paradoxical nature of watered and unwatered wine, which espouse temperance and moderation.
- Musei Capitolini, acc. nos. 656 and 658; Helbig, 4th ed., no. 1398 (entry by H. von Steuben).
- Louvre acc. no. 562.
- Van de Grift 1984:383.
- Sexual desires "which torment the old and delight the young", as Francis Haskell and Nicholas Penny observed in discussing this pair, in Taste and the Antique: the lure of classical sculpture, 1500-1900, 1981, cat. no. 20, p. 178; they discuss the reception of the Furietti centaurs p. 179.
- Visconti, Monumenti scelti borghesiani, 1837:29, noted by Haskell and Penny 1981.
- Château de Versailles webpage
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]- Centaure âgé tourmenté par Eros (Cupidon), dieu de l’amour, dans le catalogue du Louvre