Szozat
Poésies magyares, Texte établi par Melchior de Polignac, Ollendorff, (p. xvi-xvii).
À ta patrie sans défaillance
Sois fidèle, ô Magyar !
Elle est ton berceau et ta tombe,
Elle te nourrit et doit t’ensevelir.
Dans le vaste monde, hors d’ici,
Il n’est pas de place pour toi,
Heureux ou malheureux
Il te faut y vivre, y mourir.
C’est la terre sur laquelle
Le sang de tes pères a coulé,
À elle, que mille ans ont soudé
Chacun des noms que tu vénères.
C’est ici que pour la patrie
Ont lutté les armées d’Arpad,
Et qu’ont enfin brisé ses chaînes
Les bras de grand Hunyad.
Liberté ! c’est ici qu’on porta
Tes étendards rougis du sang
De nos plus vaillants, succombés
Pendant cette lutte si longue.
Et, après tant de mauvais jours
Et malgré les dissensions,
Amoindrie, mais non écrasée,
La nation vit dans la patrie.
C’est à toi, univers, patrie de nations,
Que bravement elle s’adresse :
Dix siècles de souffrance ne méritent-ils pas
La vie complète ou bien la mort ?
Se pourrait-il que tant de cœurs
Aient en vain versé tout leur sang ?
Que tant d’âmes fidèles aient souffert
En vain, brisées pour la patrie ?
Se peut-il que tant de génies, de forces,
De volontés si saintes
Se consument sans résultat
Sous le poids des malédictions ?
Il faut qu’il vienne, il reviendra
Le temps meilleur, que demandent
En soupirant, les ferventes prières
De centaines de milliers de lèvres !
Ou bien… qu’elle vienne, s’il le faut,
La mort sublime et grandiose
Où la race entière écrasée
Aura la même sépulture !
Et les peuples entoureront
Ce tombeau de toute une race,
Dans les yeux de millions d’humains
Brilleront des larmes de deuil.
Sois inébranlable et fidèle
À ta patrie, ô Magyar !
Elle te fait vivre ; si tu tombes,
Sa poussière te recouvrira.
Dans le vaste monde, hors d’ici
Il n’est pas de place pour toi ;
Heureux ou malheureux
Il te faut y vivre, y mourir.