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Page:NRF 15.djvu/303

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BEAUTÉ, MOX BEAU SOUCI 297

pour son argent. Je vois : il épousera ce qu'ils appellent, là-bas de l'autre côté, « une jeune fille comme il faut », une fausse o;rande dame maniérée dans le monde et une bourgeoise revêche et mesquine dans l'intimité ; ce que, avec la grâce de Dieu et de mon amour, vous ne serez pas. Pauvre homme ! et pourtant il a les moyens et il avait l'occasion de faire un beau mariage romanesque et irrégulier, un de ces mariages que désapprouvent tant les petits bourgeois qui ne sont ni assez riches ni assez éclairés pour contribuer au progrès de la Morale. Une liaison ! Vous savez le nom que le peuple donne à ce genre de marché ? Oh, quand je songe que vous étiez sans défense et qu'on vous a hh cette injure ! Mais main- tenant, du moins, vous avez quelqu'un qui est prêt à vous défendre contre le monde entier, et à venger tous les torts qu'on vous a faits. Vous le savez, n'est-ce pas ? Non, ne pleurez pas, Queenie : vous avez envie de rire, et aussi de vous cacher. Et bien, venez vous cacher entre mes bras. Madame Harding. »

Quelques jours avant la cérémonie, Reginald Harding lui avait dit, entre beaucoup d'autres, une phrase qu'elle avait retenue : « Vous savez, le mariage, quand on a plusieurs milliers de livres par an, est une chose toute différente du mariage avec quelques centaines de livres. Il en va de même pour Londres : ce n'est pas la même ville pour une femme riche que pour une femme qui n'est qu'aisée, comme votre tante par exemple. »

Elle s'en rendait compte à présent ; à présent que l'heureux événement avait eu lieu et qu'elle achevait de dépenser les trois mille livres que son mari lui avait

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