inaltérable et de n’avoir pas poussé la patience assez loin.
Et bien entendu la mienne ne va pas jusqu’à me faire lire ou écouter tout au long les litanies ahurissantes de MM. Tzara ou Picabia. Je ne suis pas vertueux à ce point. Je crois d’ailleurs que ce n’est point là l’effort qui m’est demandé. La plupart des poèmes Dada sont non pas seulement indéchiffrables, mais proprement illisibles et il n’y a pas lieu de leur consacrer plus d’attention que leurs auteurs, dans le fond, ne leur attribuent d’importance.
Ce sont les idées, les principes, si l’on veut les axiomes d’où ils découlent qui doivent nous intéresser. Celui-ci d’abord dont je trouve l’expression parfaitement nette dans la note d’André Breton sur les Chants de Maldoror que nous avons publiée ici même (numéro du Ier juin, p. 919) : « L’idée de la contradiction, qui demeure à l’ordre du jour, m’apparaît comme un non-sens. De l’unité de corps on s’est beaucoup trop pressé de conclure à l’unité d’âme, alors que nous abritons peut-être plusieurs consciences et que le vote de celles-ci est fort capable de mettre chez nous deux idées opposées en ballotage. » Autrement dit, la contradiction n’est pas possible. L’être du sujet est la raison suffisante de tout ce qu’il exprime. Du moment qu’ils viennent de moi, une parole, un geste, ont leur nécessité, leur explication, leur justice : l’un ne peut pas entrer en conflit avec l’autre. Sur quel terrain, sous l’invocation de quelle catégorie se heurteraient-ils ? Même si leur contiguïté violente la logique, c’est tant pis. Ou plutôt toute logique doit se subordonner à celle qui leur a permis