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Page:NRF 14.djvu/928

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922 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

voir ces Icvitcs exaltés prendre dans leur guet-apens une per- sonne aussi vénérable. Il faut dire que, s'il y avait dans la salle quelques esprits chagrins, Madame Sarah Bcrnhardt les avait désarmés par la bonne grâce charmante avec laquelle, se tournant vers le public, elle avait semblé évoquer pour

elle-même

des ans l'irréparable outrage.

JEAN SCHLUMBERGER

  • *

LE QUATRIÈME CENTENAIRE DE RAPHAËL.

A l'heure oii les regards des jeunes peintres cherchent ■dans le passé non plus des conseils précis, mais plutôt un acquiescement à de nouvelles audaces, il est réconfortant d'évoquer une des plus grandes figures de la peinture, celle ■qui peut-être n'a jamais cessé de guider les artistes les plus parfaits et qui, hier encore, prodiguait à nos maîtres immé- diats des leçons salvatrices.

Si les nécessités actuelles nous font interroger plus fré- quemment qu'aucun autre maître Cézanne et Ingres, le qua- trième centenaire de Raphaël nous est une occasion de saluer celui auquel en toute occasion purent se référer, pour juger de la beauté de leurs ouvrages, les grands peintres de tous les pays, depuis la Renaissance.

Raphaël est un des rares génies qui n'aient jamais cessé ■d'être actuels. Son esprit ailé voltige autour de nous ; sa grâce pénètre les plus grossiers, et son élévation nous réjouit, car son sublime n'a pas de rides. A côté du tonnerre michel- angesque, qui nous torture et nous étourdit, il émane de Raphaël un son qui sans cesser un instant d'être plein ne contient aucun accent superflu et s'écoule d'une nappe régu- lière et harmonieuse.

Il n'est point dans nos projets de diminuer le géant de la Sixtine au profit de son rival gracieux, mais nous ne pou-

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