NOTES 907
nique, à savoir qu'il est une violation, par les Alliés, des conditions de l'armistice. C'est là le plus grand grief de M. Keynes, et, pour des raisons différentes, il en rend res- ponsables les trois hommes d'Etat. Jusqu'à quel point y a-t-il eu rupture unilatérale d'une promesse, et jusqu'à quel point l'Allemagne a-t-elle donné les gages d'un gouvernement démocratique véritable, suivant ses engagements, M. Keynes ne nous le dit pas. Mais c'est surtout aux stipulations écono- miques du Traité de Versailles que l'auteur réserve toutes ses sévérités. Destruction du commerce et de la flotte alle- mands, dépossession des colonies, liquidation des biens privés de l'ennemi dans le monde entier, mainmise sur sa production de charbon et d'acier, ses moyens de transport et ses voies navigables voilà pour M. Keynes autant de mesures intolérables, imposées sous la pression des diplo- mates français, « habiles rédacteurs sans principes, rompus aux méthodes jésuitiques », pour une exécrable fin : l'anéan- tissement de l'Allemagne. On peut regretter que l'esprit de justice absolue qui dicte à M. Keynes de telles conclusions ne l'ait pas amené à envisager l'hypothèse contraire, où, en face d'une Allemagne impunie, une France ruinée resterait seule ; ni qu'il n'ait trouvé l'occasion de prêcher dans son propre milieu que le dogme britannique de non-discussion du principe de la liberté des mers n'a pas été la moins grave atteinte portée aux 14 points; et; qu'un des moyens les plus effectifs d'éviter l'effondrement si redouté de l'Alle- magne serait de lui rendre ses colonies et sa flotte.
Le chapitre le plus important du livre est intitulé : « Réparations ». M. Keynes dresse à nouveau, suivant ses données, qui ont été fort' critiquées, la note à présenter à l'Allemagne. Il reproche à la Délégation française d'avoir exagéré le chifl-re des dommages des régions envahies en le portant à 70 milliards de francs, alors qu'il n'atteint, d'après lui, que 10 à 15 milliards. L'auteur examine dans le plus
�� �