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Page:NRF 14.djvu/880

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874 LA NOUVELLE RE\'UE FRANÇAISE

chambre meublée de bois clair. Devant mes yeux le Rhin charriait ses bélandres formidables et ses remorqueurs géants. Des vedettes portant le pavillon tricolore rayaient Teau, se déplaçant dans des explosions de motocyclettes,, comme certains poissons rapides à marche avant et à marche arrière.

Cet encombrement fluvial ne m'empêchait pas d'ob- server et de jouir delà grande rue paisible où, deux fois par semaine, parée de flammes à ses clairons, àsesreitas et à ses tambours sauvages, la nouba des tirailleurs précé- dait le bataillon rentrant d'une marche dans la direction de Worms.

Je jouissais dans cette existence contemplative d'une quiétude absolue peuplée d'enfants à voix de basse chan- tante et de mélodies marocaines disciplinées.

Un vieux parfum romantique, souvenir de la Loreley voisine, flottait toutefois à certaines heures, avec assez de persistance pour permettre des comparaisons littéraires, placées çà et là comme des montjoies au bord de cette route mélancolique que chacun laisse derrière soi, à me- sure qu'il avance.

Le printemps rhénan délicieux chauffait les vignes escaladant de gradins en gradins la pente des colHnes jusqu'à la Germania.

Des mouettes sur le Rhin répondaient au choc des marteaux frappant la tôle des remorqueurs, là-bas chez les chaudronniers de Biebricht.

Les rondes enfantines menaient grand bruit et quand les voix des fillettes lasses faisaient place au silence, j'entendais quelques mots français, prononcés par des soldats se hâtant vers les petits cafés du Kappclhof.

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