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Page:NRF 14.djvu/842

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836 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ne vienne pas ? qu'il me manque, cette première nuit, de tant de nuits? Uamour est fini... S'il était assis, là, comme il y a si peu d'heures, sur ce siège, nous ne nous chéririons plus — ne chercherions plus mille moyens heureux pour cacher l'amour aux yeux de ceux qui sont sans amour ! — Je crois que j'aurais pu dire certaines choses à Thorold pour ma défense ; il était haletant pour la moindre excuse — mais rien ! Une fois la première honte reçue, tout pouvait venir.

Pas de Henry ! Et cependant je suis assise là et j'attends, pensant et repensant à cette matinée... Sans doute je suis sortie de moi-même. Une Mildred qui a perdu son amour ! Ah ! Je n'ose penser à cette malédic- tion. Je la fuirais jusque dans la mort! C'est cette Mildred-là, pas moi, dont le cœur se brise. Le monde m'abandonne, Henry seul m'est laissé — laissé ? mais je l'ai perdu puisqu'une vient pas ! Et j'attends, stupide... Oh ! Dieu, brisez cette angoisse, cette folle torpeur, par n'importe quel moyen, par n'importe quel messager î

Tresham (du dehors). — Mildred !

Mildred. — Entrez ! le Ciel m'a entendue !

(Entre Tresham).

Mildred. — Vous ? seul ? oh ! plus de malédictions !

Tresham. — Laissez-moi m'asseoir-là, asseyez- vous.

Mildred; — Dites, Thorold, n'ayez pas cet air, dites ce que vous avez à dire. Que doit-il advenir de moi ? Oh ! Exprimez-la donc, cette pensée qui vous fait pâlir le front et les joues !

Tresham. — Ma pensée ?

Mildred. — Toute.

Tresham. — Comme nous vouHons ces nénuphars 1

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