[go: up one dir, main page]

Aller au contenu

Page:NRF 14.djvu/844

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

338 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Tresham. — Il m'a chargé de vous dire...

MiLDRED. — Ce que je vous défends de me répéter ! C'est assez de ce que vous avez à me dire et ne me direz pas : comment vous l'avez tué î Ah ! non ! vous me diriez qu'il m'aimait — jamais si bien que sa vie saignant sous ma fenêtre — et il me faudrait à cela répondre : « Vraiment ! ». Taisez- vous ! Je vous par- donne.

Tresham. — Vous ne pouvez pas pardonner. Les insultes de ce matin, oui ; quant au fait de ce soir, c'est d'un autre juge que j'attends le verdict — en tremble- ment et crainte !

MiLDRED. — Oh ! c'est vrai ! Il n'y a rien à par- donner. C'est vrai ! Vous délivrez mon âme de toutes ses inquiétudes d'un seul coup ! La mort me le donne pour toujours ! Vous ? me dire ses derniers mots ! Mais c'est lui qui me les dira, et à lui que je répondrai — non par des mots, mais par le cœur devant le cœur, car la mort...

Tresham. — La mort? vous allez mourir, vous aussi ? Guendolen l'avait bien dit ! Elle en était sûre. Moi je n'osais pas l'espérer...

MiLDRED. — Vous direz à Guendolen que je l'aimais, Austin aussi...

Tresham. — Et moi ?

MiLDRED. — Ah ! Thorold, n'était-ce pas cruel d'éteindre ce jeune sang, enflammé de vie et d'amour, d'amour pour moi que vous aimiez, en me laissant ici l'attendre pendant que vous le tuiez ? Oh ! Sans aucun doute, vous l'avez laissé vous débiter son pauvre confus discours d'enfant, faire de son pauvre mieux pour désar-

�� �