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Page:NRF 14.djvu/830

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824 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

mais quoi ! le monde a été retourné plus d'une fois, avec ce commencement-là !

MiLDRED. — Je crois que si je mettais une fois mes bras autour de votre cou et laissais tomber ma tête sur votre épaule, je pourrais pleurer enfin !

GuENDOLEN. — Laissez-k maintenant, Austin, et attendez-moi en marchant dans la galerie, jusqu'à ce que je vous appelle. Pensez aux apparences et aux mys- tères du monde ! (Austin sort.)

MiLDRED. — Non, je ne puis pas pleurer. Plus de larmes dans cette tête, plus de pleurs, plus de sommeil ! O Guendolen, je vous aime !

GuENDOLEN. — Oui : et « aimer » est un petit mot bien court qui dit tant de choses. Il dit que vous avez confiance en moi.

MiLDRED. — Ah ! me confier 1

Guendolen. — Dites-moi le nom de celui qui vous aime. J'ai tant besoin d'apprendre si je peux travailler pour vous.

MiLDRED. — Mon amie, vous savez bien que je ne puis pas dire son nom.

Guendolen. — Il est votre amoureux, au moins, et vous l'aimez, vmis aussi ?

MiLDRED. — Comment peut-on me demander cela ? mais c'est vrai, je suis tombée si bas....

Guendolen. — Vous l'aimez toujours, alors ?

MiLDRED. — Mon seul recours contre cette faute qui m'écrase ! Le soir avant de m'endormir, je dis : « J'étais si jeune, je n'avais pas de mère, et je l'aimais tellement ! » Alors il me semble que Dieu m'est indulgent, et j'ose lui confier mon âme dans le sommeil....

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