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Page:NRF 14.djvu/767

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NOTES 761

jadis Un peu maniérées, s'étaient peu à peu détendues ; une notation de plus en plus scrupuleuse des détails particuliers animait sans les détruire les ovales trop parfaits du début. On connaît également de lui des nus repliés et charmants, beaux de matière, et d'un chromatisme sobre et cependant puissant.

Fauconnet, connu surtout par ses décors et ses costumes si intelli- gents, se révèle, dans ses dessins, subtil analyste du visage humain. Ses peintures claires, comprennent des paysages parisiens où les types de la rue sont observés avec esprit et bonhomie et des paysages campa- gnards où b êtes et gens sont comme auréolés de cette touchante naïveté que le douanier Rousseau conférait à tout ce qu'il peignait. Ses nus, enfin, d'un style cherché et cependant dénué de maniérisme dénotent une âme d'une grande pureté. Les masques qu'on pouvait voir à la rétros- pective que ses amis organisèrent chez Barbazanges, indiquent le fruit qu'un esprit distingué peut retirer de l'enseignement des sculptures nègres. Certains des siens pourraient « tenir » à côté des masques inspi- rateurs, et ce n'est pas un mince éloge qui leur est fait là.

Le dernier disparu est Thiesson de qui on connaissait des natures- mortes sombres et empâtées, selon une formule dont Dunoyer de Segonzac tire le plus brillant parti. Ses dons de peintre s'y montraient déjà, mais comme englués, embarrassés dans des matériaux trop lour- dement amoncelés. Lentement il se tira de ce dangereux pas, épura son métier, éclaircit ses tons et ne confondit plus belle matière avec épa'sseur de matière. Il demanda comme tous les jeunes peintres, conseil et assistance à Cézanne, et il en fut récompensé. Son cézan- nisme ne consista pas, comme celui de tant de profiteurs paresseux, à peindre indéfiniment des compotiers, des bouteilles inclinées et des pommes dans une serviette. Il comprit que ce n'est pas par l'a peu près du paysage ou de la nature-morte qu'on commence l'étude de l'Univers, mais par l'analyse minutieuse de la figure humaine. Il apprit ainsi qu'un paysage observé après de multiples séances devant un visage, à notre insu s'organise, et s'enfle d'une signification inconnue du touriste bâcleur de pochades. Certains portraits de paysans : femme à la tête entourée d'un foulard, honnête et naïf forgeron aux yeux bleus sont exprimés avec un grand amour et une certaine force.

La seule erreur d'interprétation cézannienne qu'à notre avis Thiesson ait pu momentanément commettre, est dans cette fidélité à la touche fragmentée, au métier nuancé à l'extrême qui est peut-être la seule partie de la technique nombreuse de Cézanne qui soit intransmissible et que le maître d'Aix, malgré ce qu'en dit Emile Bernard dans un article aux conclusions fausses, ne songea jamais à ériger en procédé

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