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Page:NRF 14.djvu/453

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NOTES 447

que M. Soulages a voulu éviter jusqu'à l'apparence d'un appareil savant, et que son principal souci fut de conquérir un public nou- veau à des chefs-d'ceuvres de poésie que trop de personnes ne connaissent que par oui-dire ou par de sèches et froides adaptations scolaires. La même préoccupation a guidé son choix. Il n'a eu garde de négliger les charmants tableaux de moeurs d'Asclépiade, mais il a fait une place très large à Paul le Silentiaire^ au précieux Philo- dème, à l'ardent Rufin, enfin au tendre Méléagre qui composa le premier de ces bouquets poétiques auquel il s'excuse presque en sa préface d'avoir mêlé « les violettes matinales de sa propre muse ». De ces bouquets, la traduction de M. Soulages, toujours élégante et parfois un peu maniérée, dégage le voluptueux parfum. Par en- droits, quelques tournures du genre « poème en prose », quelques phrases un peu romancées font regretter le trait vif et net de la phrase grecque.

M. Gabriel Soulages n'a pas craint d'entrer en rivalité avec Sainte- Beuve, qui, dans son article sur Méléagre (Portraits contemporains T. 111), a traduit un certain nombre d'épigrammes avec un sentiment exquis de cette poésie. L'avantage ne reste pas toujours à Sainte- Beuve : « Déjà la blanche violette fleurit, et fleurit le narcisse ami des pluies, et les lis fleurissent sur les montagnes ; mais la plus aimable de toutes, la fleur la plus éclose entre les fleurs, Zénophile, est comme la rose qui exhale le charme.... » A cette période un peu languissante, M. Soulages a substitué ceci : « ...Mais, incomparable fleur, rose du jardin de Vénus, Zénophile, elle aussi, ment juste de s' épanouir... » .qui rend à merveille le mouvement de l'original. Mais, ailleurs, il rencontre moins heureusement. Aussi est-ce dans la version de Sainte-Beuve qu'on aime relire le beau poème funèbre à Heliodora : « Je t'offre mes larmes là-bas jusqu'à travers la terre, Heliodora, je te les offre comme reliques de tendresse jusque dans les enfers, des larmes cruelles à pleurer ! et sur ta tombe amère- ment baignée je verse en libation le souvenir de nos amours ; car tu m'es chère jusque parmi les morts ; et moi, Méléagre, je m'écrie pitoyablement vers toi, stérile hommage dans l'Achéron ! Hélas ! Hélas! où est ma tige si regrettable? Pluton me l'a enlevée, il me l'a enlevée et la poussière a souillé la fleur dans son éclat. Mais je te supplie à genoux, ô Terre, notre nourrice à tous, d' enchaîne

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