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Page:NRF 14.djvu/409

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LAMPE SOLITAIRE 40^

Atroce était mon doute auprès de l'enfant pure et impure. Hélas, pensais-je, pourquoi si sûr, pourquoi si sûr de mon plaisir quand je ne puis être sûr du sien?

Elle approchait de sa maison. Je l'arrêtai, lui serrai le bras. A travers l'étoffe indicible, terrible dût être la brûlure. Elle pâlit, elle dit : « Eh bien »...

— Tu acceptes? Je pris sa main. Froide était-elle, et sèche, et dure. «Jure-le moi, lui criais-je, jure ! Jure-le moi sur Dieu et les saints...» — Mes os distinguèrent son murmure : «Demain soir... à six heures... je veux bien.»

Confuse avait été sa voix, s'avançant comme un cheval qui se traverse. Et voilée, couverte, obscure. Comme si elle parlait de derrière une tenture. Comme si elle venait d'un pays lointain.

Fût-ce entre nous ce surcroît d'invisible sous le grand regard citadin? Ou bien la brusque rupture de tant de choses tendues, tordues? Mais devant ma joie à présent sûre, j'éclatai d'un rire soudain.

Elle me regarda, une seconde hésita, ne sachant si elle aussi devait rire. Puis un rire court, un rire étroit creva sa face comme un fruit mûr, un crispé rire incertain,

comme si sa bouche n'était pas assez grande pour le rire, comme si elle riait par la bouche d'une blessure, sous les grands yeux de sa prière du matin.

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