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Page:NRF 14.djvu/399

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LE SACRIFICE A LA ROSE 393

battaient, infinies de lenteur. La lenteur de son plaisir surpassait tout ce qu'il y a de lent au monde. — Ah ! les yeux de la fille, leur fuite

quand je les surpris, fascinés ! Vainement nous mar- châmes quelques pas. Puis me courbant, sur sa nuque glacée d'or, au-dessus de ce petit os qui fait une saillie de clarté,

je saisis la chair entre mes dents, sur sa nuque qui n'était pas frêle... 11 y eut cinq secondes, séculaires. Ce que fut son visage, jamais je ne le saurai. Puis nous nous remîmes à marcher, sans un mot, regardant devant nous ;

mais elle tremblait, je tremblais, tout l'univers dans son ivresse créatrice, depuis le grand espace craquelant jusqu'au dernier des brins d'herbe à nos pieds, tremblait moins fort que nous, tremblants, sur le bord terrible du bonheur. Impuissance de l'immensité.

��II

��Sous des feuillages une eau coulait, petite âme atten- drissante. C'était une eau très peu profonde, réellement un voile d'eau. Phèdre marcha pieds nus dans son cours ; la tête d'Orphée n'y roulerait pas.

Comme mon cœur, une branche qui plonge y vit dans un frisson perpétuel ; comme mes pensées une fois tracées, où s'en vont les feuilles qu'on y jette ?

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