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Page:NRF 14.djvu/387

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Léonard était alourdi de plusieurs brochures, d’une photographie et d’un déjeuner indigeste.

Il eut, l’après-midi même, le rare, l’inappréciable honneur d’être reçu par M. Mascarol.

Je renonce à vous décrire ici M. Mascarol. Le distingué secrétaire perpétuel de la Compagnie royale des sciences morales et naturelles n’est pas un homme : c’est un monde, c’est une époque. C’est aussi le maître vénéré de plusieurs générations. 11 a introduit dans les mœurs de l’esprit cette discipline qui fit, jusqu’à la dernière guerre, la force principale de nos ennemis. Grâce à cette admirable méthode, M. Mascarol obtient, de ses collaborateurs, une soumission qui ressemblerait à la servilité si elle ne faisait plutôt songer à la béatitude.

M. Mascarol offrit un siège à Léonard, lui parla longuement et clairement du mémoire sur les "Mutations fonctionnelles", fit de cet ouvrage un éloge mesuré mais précis, et dit, en manière de péroraison :

— Il est malheureusement à craindre, Monsieur Léonard, qu’un travail aussi remarquable en tous points soit menacé des pires aventures, j’entends que maintes déconvenues vous seraient épargnées si votre travail n’apparaissait au public savant comme le fait d’un solitaire dont le courage, la bonne foi et la dignité ne font pas doute, mais dont l’autorité demeure vulnérable, du moins en ce monde relatif où nous végétons. Vous le savez pourtant bien. Monsieur Léonard, l’âge moderne est dur au chercheur isolé. Les exigences infinies de