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Page:NRF 14.djvu/370

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364 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

porte-monnaie vole le mannequin d'acajou et son cœur bat d'une joie effaçant l'amertune des terreurs subies. Les porte-monnaie, c'est pour sa sœur et pour l'amant de sa sœur, dont la baguette d'osier (ce vannier ambu- lant sait la manier en maître) l'effraye bien moins que les doigts délicats de la belle dame. Le mannequin, la mystérieuse poupée nue de bois brillant, c'est pour elle.

L'adjudant la désirait aussi. Le fox, c'était pour José- phine. Le mannequin d'acajou l'émerveillait. C'était bien fait « tout de même » ; c'est d'après ça que les artistes peignaient leurs personnages. Seulement, il fallait faire d'imagination le nez et les yeux. C'était cocasse et vrai- ment très soigné comme travail. Est-ce que c'était un homme ou une femme? C'était tout nu. Ça devait être une femme.

On emporte l'adjudant. Les bocaux du pharmacien friment, en plein jour, les signaux verts et rouges dans la nuit d'une voie ferrée.

Sur le visage livide de l'adjudant, du sang. Une dou- ble blessure. De chaque côté de la bouche, deux retrous- sis cramoisis, pareils aux basques du bel habit de garde française. Il y a des coups de pierre fameux comme des coups de sabre.

Et la femme soûle, ou morte? Elle dort toujours, un peu plus bas dans la bouche du Métro ; la foule, poussée par le cheval de troupe aveugle, lui a fait dégringoler deux ou trois marches. La vieille face est maintenant recouverte des cendres de la chevelure.

Il y avait trois enfants appelés par leur destin au centre de ces drames conjugués. L'écolier décoré de la croix dérisoire ; la marchande de roses, la petite voleuse qui ne

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