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296 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

par les gestes, les mouvements, les attitudes, enfin, s*il y a lieu, par l'éclairage et le décor. Ici on commence par l'éclairage. Je ne crains pas de prêcher pour mon saint : le poète d'abord. Mais d'abord, un poète. — M. de Bouhélier qui en fut un dans le Carnaval des enfants et à certains moments de la Vie d^une Femme, en revient au Roi sans Couronne que nous pensions à jamais oublié. Qu'il laisse là la tragédie et les " mystères " ! Il lui faut des sujets moyens et le cirque est trop grand pour lui.

HENRI GHÉON

Je m'en voudrais de ne pas citer comme exemple d' " incon- venance " ou de non convenance {non decet) l'étrange " passion " d'Œdipe qui termine la pièce ; il est souffleté, battu, renversé et Jocaste, sous les voiles d'une " Mater Dolo- rosa ", souligne l'allusion ; on attendait la Croix. Ainsi, toutes choses confondues : autrement dit le contraire de l'art.

H. G.

« *

MON PÈRE AVAIT RAISON, par Sacha Guitry (Théâtre de la Porte Saint- Martin).

J'ai vu la pièce de Sacha Guitry dans sa primeur ; je l'ai revue aux environs de la centième : elle ne m'a paru, la seconde fois, ni moins vraie, ni moins réussie, ni moins char- mante. N'essayons pas de distinguer, dans notre plaisir, ce qui vient du texte même et ce que nous devons à l'excep- tionnel accord entre la pièce et son interprétation. Ne disons pas qu'une telle comédie est faite sur mesure ; disons qu'elle ne fait qu'un avec les comédiens qui la jouent. Il est fort possible qu'elle ne retrouve jamais une réalisation pareille. Tant pis ! Si un tel spectacle comporte certains éléments éphémères, certaines rencontres heureuses qui ne se retrouve- ront pas, n'en soyons que plus empressés à goiiter la fête qu'on nous offre.

Ce qu'il y a de piquant dans cette pièce, c'est que, née du boulevard et construite des matériaux qui semblent les plus courants, elle est la seule, parmi toutes celles de cet automne, qui échappe réellement au boulevard et dont l'accent soit

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