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Page:NRF 14.djvu/241

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L ISOLEMENT 235

Et je vis alors que Ducret, Hilaire et Weissenthaner se levaient aussi ; sur le petit et brusque mouvement en avant que fit faire à mon torse et à ma tête TefFort de ma main droite rejetant une couverture qui cachait un mouchoir, je découvris derrière TEchira de mon réveil un groupe de quatre autres Echiras que le montant de la porte m'avait dérobés aux yeux ; mêmes calottes d'astrakan, d'un astrakan soyeux, mêmes dents aiguës qu'un sourire faisait luire.

Huit heures sonnaient à l'horloge " œil de bœuf " de Ferrier lorsque nous défilions tous les cinq, Ducret, Hilaire, Weissenthaner, Herrwhynn, devant le sourire " bons souhaits " du logeur ; tous les cinq nous échan- geâmes avec lui une poignée de main ; et puis nous sommes sortis suivis de ces Echiras porteurs de nos cantines.

De la maison Ferrier à la gare c'était une marche de trois quarts d'heure. Le train n*' 124 pour Léopolville quittait Matadi à neuf heures et demie ; durant trois bons quarts d'heure j'ai fait les cent pas sur le quai de cette gare, attendant d'abord la formation du train, puis le " En vi^agon. Messieurs " du noir en casquette galonnée de blanc. Je n'avais qu'à tourner le dos aux rails pour me croire tout simplement un pauvre voyageur isolé sur le quai d'une station de campagne au fond d'une province de France : à quelques mètres de moi, un minuscule hall vitré me cachait toute la nature exotique ; une ou deux fois, en mettant le nez à la vitre de la porte, je m'étais étonné distraitement de ne pas voir le poêle de fonte qui attendrait son service de l'hiver, mais des affiches multicolores invitaient au désir d'un voyage à

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