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Page:NRF 14.djvu/185

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SI LE GRAIN NE MEURT I79

du cadre de la glace, au-dessus de la cheminée de sa chambre, où ils faisaient ma joie.

Anna dessinait aussi, et peignait à Taquarelle.

Mais son occupation principale, sa plus chère étude était la botanique. A Paris elle suivait assidûment les cours de M. Bureau au Muséum, et elle accompagnait, au printemps, les herborisations organisées par M. Poisson, son assistant. Je n'ai garde d'oublier ces noms qu'Anna citait avec vénération et qui s'auréolaient dans mon esprit d'un grand prestige. Ma mère, qui voyait là une occasion de me faire prendre de l'exercice, me permettait de me joindre à ces excursions dominicales qui prenaient pour moi tout l'attrait d'une exploration scientifique. La bande des botanistes était composée presque uniquement de vieilles demoiselles et d'aimables maniaques ; on se rassemblait au départ d'un train ; chacun portait en ban- doulière une boîte verte de métal peint où l'on couchait les plantes que l'on se proposait d'étudier ou de faire sécher. Quelques-uns avaient, en plus, un sécateur, d'autres un filet à papillons. J'étais âe ces derniers, car je ne m'intéressais point tant alors aux plantes qu'aux insectes, et plus spécialement aux coléoptères dont j'avais commencé de faire collection, et mes poches étaient gonflées de boîtes et de tubes de verre où j'asphyxiais mes victimes dans les vapeurs de benzine ou le cyanure de potassium. Cependant je chassais la plante également ; plus agile que les vieux amateurs, je courais de l'avant, et, quittant les sentiers, fouillais deci delà le taillis, la campagne, claironnant mes découvertes, tout glorieux d'avoir aperçu le premier l'espèce rare que venaient admirer ensuite tous les membres de notre petite troupe,

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